Le divan de Marloute

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mercredi, 8 juin 2016

La rage

Avec ma nouvelle association, je découvre des lieux insoupçonnés dans ma ville.

Des jardins partagés, des squats, des cabanes dans les arbres. Bien sûr, nous sommes toujours entourés de murs et à chaque fois que quelqu’un dit qu’il va déménager, loin, dans la nature, je l’écoute avec envie.

J’ai des envies de verdure.

En ce moment, c’est très dur avec R. Elle ne supporte aucun ordre. Aucune demande. Pas la moindre petite injonction. Elle crie, s’enfuit, se jette par terre, hurle, jette ses jouets, des livres.

Je me vois faire des choses terribles : l’écraser, la frapper, la jeter contre un mur.

Je ne fais rien de tout cela, mais l’envie est là, puissante.

J'ai détruis un coussin de rage.

Hier, elle me demandait, après une énième crise : « Mais pourquoi tu ne frappe pas L. ? »

Sa demande m'a brisé le coeur. Je lui ai demandé si c’était ce qu’elle souhaiterait, que je frappe sa petite sœur. Elle m’a répondu oui. Je lui ai dit que mon problème, actuellement, n’était pas de les frapper de manière équitable, mais plutôt de ne frapper personne. Je lui ai dit que c’était difficile en ce moment pour moi parce que je ne comprenais pas pourquoi elle refusait d’obéir à tout. Mais je n’ai pas eu l’impression de capter son interêt.

Je voudrais retrouver des moments de calme, de joie, de partage, avec ma grande fille.

Je sens bien que je suis à cran. Le moindre de ses refus me met en colère.

Samedi, je vais faire un atelier, avec une de ces nouvelles gourou de l’éducation bienveillante.

J’espère en ressortir avec des clés, des idées, et surtout une vision plus apaisée de notre relation, pour partir cet été du bon pied.

lundi, 4 avril 2016

La mère

Ma mère est venue, puis est repartie.

Elle est venue avec ses petites attentions : des légumes du jardin, qui ne sont même pas spécialement bons, et trop gros pour être cuisinés en quantité raisonnables (depuis je passe des heures en cuisine, à essayer d’écouler ces quantités), elle est venue avec ses chocolat du Leclerc d’à côté de chez elle pour ses petites filles, qui se sont régalées comme si c’était de bons chocolats, elle est venue avec ses habits tricotés pour le bébé et des mitaines en pure laine pour mes filles, ces choses improbables qu’elle tricote en se trompant souvent sur le patron, et qui ont soit le col trop large, soit les manches bouffantes, dans d’improbables couleurs. Elle est venue et m’a fait du café trop clair, et j’ai aimé le boire, comme j’aime celui qu’elle fait chez elle, moi qui en met deux fois plus dans la cafetière. Elle s’est occupée de mes filles, n’a pas voulu aller voir Kung Fu Panda mais a tenu à emmener R. aux jardins de l’Arsenal, pour voir les bateaux, « parce qu’à la ville on étouffe ». On a pu discuter, un peu, pas autant que j’aurais voulu, mais en deux jours et demi, c’était un peu difficile. Elle s’est agacée parfois, souvent, de mes remarques ou de mes enfants, mais c’était doux quand même, qu’elle soit là, que je puisse m’appuyer sur elle. Elle n'a pas trop voulu me prendre contre elle, ni me toucher de trop, et je n'ai pas demandé. Notre relation passe rarement par le corps, et à part les gifles, elle n'était pas forte en câlins ou en baisers de trop. Mais je sais que sa tendresse est ailleurs, dans tout ce qu'elle ne dit pas, et qu'on devine à demi-mot, ma mère chat sauvage, qu'on n'approche jamais de trop.

Entre temps, j’ai suspendu l’analyse. Je ne reverrais ma psy qu’après la naissance du bébé, quand je me sentirais de reprendre les séances. C’est étrange cette suspension, comme de grandes vacances au milieu de l’année. Là aussi, je suis rassurée. Je sais que si je ne vais pas bien, je pourrais y retourner et cette perspective me fait du bien.

vendredi, 18 décembre 2015

Le cercle vicieux

Je ne dors pas.

Toutes les nuits, quelque soit l’heure à laquelle je me couche, je me réveille pendant la nuit. Je réfléchis, je repense aux événements de la journée. Je me morigène. La journée, je lutte au travail pour tenir debout, et tenir le rythme. Le soir, je me retrouve au bout du rouleau, ne sachant pas comment mettre en pyjama deux enfants récalcitrantes. Plus il est tard, plus cela m’est difficile. Je ne garde pas mon calme, m’énerve, crie et tape. C’est un cercle vicieux. Je ne dors pas, je suis fatiguée et je n’écoute pas les enfants. Leur moindre résistance, pour mettre leur pyjama ou pour aller au bain, m’exaspère. J’en viens à redouter le congé maternité, quand je serais seule, encore plus fatiguée, avec un bébé en pleurs et que je n’aurais pas d’aide vers qui me tourner le soir pour tout gérer. La situation s’enlise inexorablement. Ce que j’avais réussi à contrôler avec la chimie des antidépresseurs s’avère souvent moins performante avec les médecines douces, malgré leur efficacité que je suis obligée de constater.

Je cherche, je cherche, je cherche, ce qui pourrait m’aider.

Pas sûre que l’arrêt du travail soit la solution, au contraire, j’envisage les choses sous un angle pire encore.

Je sais ce qu’il faudrait faire, dans l’absolu : prendre du temps pour moi, me reposer, me faire aider, mais ces mots sonnent creux quand on passe ses nuits à se maudire de ce qu’on a fait dans la journée et ses journées à recommencer les mêmes erreurs que la veille.

A la veille des vacances, je ne sais plus quoi faire.

samedi, 14 novembre 2015

Ecouter Fip.

Ce matin, après notre courte nuit, quand je me suis réveillée, Y. était déjà parti, relever ses collègues qui avaient travaillé jusqu’à l’aurore.

Ce matin, j’ai mis Fip et je me suis fait un thé. J’ai changé les habits de L. dont la couche, pleine de pipi, avait débordé, et je l’ai lavée tendrement. Puis R. s’est réveillée. Comme il y a 10 mois, j’ai du lui dire, en deux phrases, trois tout au plus, qu’à nouveau des gens avaient attaqué d’autres gens, avec des fusils, et qu’il y avait beaucoup de morts. Voilà pourquoi son papa n’était pas dans son lit et pourquoi j’étais triste moi aussi. Elle a simplement hoché la tête et m’a parlé d’autres choses. Ce matin, je n’ai pas pu rester chez moi. J’ai appelé tous les amis du coin et je suis allée boire des cafés, manger au mac donnald avec les deux enfants, je suis rentrée dormir pour une courte sieste et nous sommes reparties toutes les trois, par le bus qui sillonne le nord de la capitale, rejoindre d’autres amis à Barbès. Tati était fermé, on se serait cru un jour férié. Ou à 4h du matin. Les rues désertes, les rares passants et les gens qui boivent quand même une bière à la terrasse de l’aquarium branché, comme un défi, une jolie façon de relever la tête. J’ai remonté le métro aérien et sonné chez G. Avec 5 ou 6 amis et plus d’enfants, nous avons tourné et retourné en boucle les infos jusqu’à nous étourdir. Quand le dessin animé a été fini sur leur écran démesuré, quand tous les gâteaux ont été mangés, nous sommes reparties, R. sur sa trottinette, moi suivant avec la poussette, dans la nuit, dans Paris, dans notre belle capitale, qui se relèvera toujours. Ce soir, Y. arrivera tard, peut être au petit matin. Mais les deux enfants dorment et moi je m’apprête à faire de même.

Et Fip continue de nous bercer l’oreille de sons qui réconfortent.

jeudi, 12 novembre 2015

Les jeudis matins

Tous les jeudis matins, le rituel est le même. 

Je me lève avant tout le monde, prend mon petit déjeuner en écoutant la radio dans le salon. Puis je prends ma douche, et souvent, j’entends L. qui s’est réveillée et appelle, dans son lit à barreau, pour qu’on vienne la chercher. Il faut encore un peu de temps pour que Y. sorte de son lit et la libère. Souvent, R. aussi est réveillée. Je sers les enfants dans mes bras, prépare souvent un biberon et m’habille en vitesse. Un peu de mascara sur les yeux et j’enfile mon manteau. Il est presque 8h, je vais louper le bus. D. et sa fille m’attendent à l’arrêt de bus, elles me voient courir et le retienne. On monte dedans, on papote jusqu’à mon arrêt de métro. Je prends un premier métro, puis un deuxième. Dans la correspondance à Gare du Nord, je me fais bousculer, comme tous les jeudis matins. J’arrive juste à l’heure ou un peu en retard pour ma séance de 8h30 chez ma psy. Chez elle, je lâche un peu les vannes. Je raconte mes rêves de la nuit, parle de mes difficultés du moment, m’énerve ou au contraire laisse aller la tristesse. Tout est entendable ici, dans une bienveillance douce. Quand je sors, la ville s’est un peu animée. Je me rends à la boulangerie, où la boulangère m’appelle « Ma belle ». Je prends une crêpe au sucre ou des chouquettes et je les mange en m’engouffrant à nouveau dans le métro. Quand j’arrive à mon travail, dans cette banlieue proprette que nous allons bientôt quitter –heureusement- je suis toujours aussi mal. Je n’aime pas les bâtiments de verre trop froids, les ascenseurs où personne ne se parlent, le système de badge à l’entrée et à chaque étage pour protéger qui ? Quoi ? Quand je m’installe à mon bureau, il est 10h passée.

Aucune collègue à l’horizon dans mon open-space, elles arriveront vers 10h30. Je range mes papiers si je n’ai pas eu le temps de le faire la veille, j’aère longuement le bureau et je vais me faire un café, si je ne suis pas trop nauséeuse, comme souvent le matin.

Mes jeudis matin se ressemblent, et j’aime ça au final

samedi, 19 septembre 2015

La joie

Je prépare une infusion à la verveine.

Ce n’est pas n’importe quelle verveine. Elle vient directement de la montagne de Leeloolène. Elle sent les bois, le vent et le grand air, la nature et la liberté. Il est près de minuit et je reviens du cinéma avec Y. Depuis deux semaines, nous ne faisons que nous croiser, et ce soir, j’avais besoin de le voir. De remonter la rue qui mène à notre ciné d’art et d’essais du quartier, celui où l’on est systématiquement 5 ou 6 seulement dans la grande salle pour voir des films d’auteurs. Il y avait dans l’air, ou peut être en moi, une légèreté, une joie, un calme que je n’avais pas ressenti depuis longtemps. Je me demande d’où cela provient, maintenant que les antidépresseurs sont loin derrière moi. Est-ce les fleurs de Bach, avec la prescription si personnelle et si précise qui m’a été faite par la thérapeute ? Est-ce mon nouvel amour pour le vélo, qui m’oblige à redécouvrir mon environnement sous un autre œil et à avaler des kilomètres ? Toutes mes angoisses qui couraient depuis des mois, et les dernières inquiétudes de l’été semblent s’être envolées. Je blague, j’embrasse mes enfants à longueur de journée, ne m’énerve plus, ou en tout cas plus de manière démesurée, je suis d’un calme olympien, je fais des courses, je berce, je cuisine, je prévois les prochaines vacances.

Pas de doute, ce frémissement que je sentais il y a quelques jours se précise.

La joie est revenue.

 

 

mardi, 8 septembre 2015

Du courage

Il fait déjà presque nuit sur le canal de l’Ourcq, quand je sors de chez ma psy. J’y suis allée chargée de mouchoirs et j’ai passé la séance à me moucher bruyamment. Depuis plusieurs jours, je me traîne une crève comme j’en avais souvent par le passé, de ces rhumes aussi interminables que pas suffisamment grave pour rester sous la couette à lire des BD. La semaine dernière, c’était une gastro-entérite qui me terrassait, me laissant exsangue plusieurs jours durant, la tension si faible que j’étais obligée de m’asseoir dans le métro comme si j’avais subitement 110 ans.

Ce soir, je remontais le canal, réfléchissant à plein de choses. Demain matin très tôt, je dois partir en reportage dans le nord de la France et revenir le soir. Je découvrirai Lille très vite, et la gare seulement, pour la première fois de ma vie.

Ce soir, j’ai sollicité la nounou de mes filles pour rester plus tard le temps de ma séance. Demain, j’ai décidé d’emmener mes deux minettes chez la voisine, un peu avant 8h du matin, pour pouvoir ensuite sauter dans mon train accompagné d’un photographe pour une journée marathon. Le soir, course again et même chose jeudi. Si je ne suis pas décédée avant. En ce moment, Y. n’est pas là, parti pour le lointain Moyen-Orient. Il me racontait tout à l’heure la tempête de sable qui parcours en ce moment le pays, et qu’ils devront affronter demain.

Ce soir, j’écris à mon ordinateur, d’une main essuyant mon nez qui coule en continu, maudissant déjà la nuit atroce que je sais que je vais passer, moitié bavant, moitié me mouchant pour arriver à respirer bouche ouverte.

Ce soir, j’ai acheté un hot-dog chez Biim, beaucoup trop cher, en me demandant, qui (à part moi) était suffisamment stupide, ou trop fan de hotdog à l’américaine pour payer 9euros un bout de saucisse avec du pain, quand bien même les échalotes et la moutarde américaine était délicieuses. Ce soir, j’ai acheté à la librairie du MK2 un petit poche, un livre léger que j’espère dévorer dans les jours qui viennent.

Il fait nuit noire en sortant du métro. Je loupe le bus et marche, passe sous le périphérique, évitant les gros lourds et les scooter qui me frôlent.

Je me dis qu’il en faut bien du courage, de nos jours, quand on est femme de reporter.

Cette rentrée m’épuise déjà.

lundi, 24 août 2015

Des idées?

Cette rentrée qui s’annonce m’effraye.

Mes trop courtes vacances deux semaines entrecoupées d’une semaine, ne m’ont pas donné le sentiment de couper avec le rythme de l’année. Je suis inquiète de tout : du travail qui m’attend, des soirées à gérer avec les enfants, des week-ends de permanence de Y., de mes propres reportages qu’il faudra bien assurer. Surtout, mon médecin a estimé que je pouvais interrompre le traitement antidépresseur. Comme c’est un traitement sans sevrage, j’ai été arrêtée brutalement. Depuis, je subis un effet rebond désagréable, comme si cette satanée dépression n’était pas finie. Alors j’angoisse.

Par quoi remplacer ces satanés médocs ? Du sport ? Des omégas-trois ? Des idées ?

samedi, 18 juillet 2015

Ca revient

Il fait bon chez nous, ni trop chaud ni trop froid. Juste bon.

Je sors avec les deux filles, on retrouve des amis à la piscine d’à coté, celle avec les grands toboggans, son contre-courant et sa pataugeoire. Il y a même un endroit avec de la pelouse et des bambous qui accueille notre pique-nique. Depuis quelques jours, voir une semaine, je me sens mieux. J’ai l’impression que la forme revient. J’ai pu beaucoup me reposer ces quelques jours de vacances et cela m’a fait du bien. Retrouver mes amis et une certaines forme de légèreté aussi.

Ce week-end, Y. travaille. Souvent, ces derniers temps, il rentre tard le soir, soit parce qu’il boit des bières avec ses collègues-amis en fin de journée, soit parce qu’il enchaîne après ses heures de travail avec ses engagements syndicaux. Je suis heureuse pour lui et je prends bien ses absences. Avec les filles, on chante, on joue, on raconte des histoires. Je fais des massages à R. et chantonne pour la petite L. Le soir, j’envoie des textos à Leeloolène, pour la faire sourire entre deux réunions. Je sens que je retrouve la pèche, même si le mouvement est timide.

Dans mon appartement, j’ai mis dans un vase des lilas sauvages. Je rêve d’une maison et ses lilas qui embaument me rappellent la mienne, dans le grand parc de mon enfance. Une enfance de forêts, de vasières et de lacs, une enfance d’affuts, de rapaces et de castors, de grèbes huppés sifflants de colère et d’attaques de signes.

Dans mon grand appartement, bien loin de la foret, je sens l’odeur des lilas, et d’un coup tout me revient.   

 

jeudi, 18 juin 2015

Le noir

Il est 7h30. J’ai pris ma douche, fais ma méditation metta (commencée en début de semaine, j’espère la faire suffisamment longtemps pour voir un effet et pouvoir en parler ici), lancé une lessive d’habits, j’ai rangé le doliprane, laissé en vrac cette nuit lors du changement de pyjama de L., en sueur à cause de la fièvre. C’est sans doute une otite, puisque sa grande sœur en avait une le week-end dernier.

Bizarrement, il y a des choses qui vont dans ma vie et d’autres pas du tout. Je me stabilise au boulot. Prend du recul sur les situations, essaye de faire mon maximum et ne me ronge plus (trop) les sangs si je n’arrive pas à faire ce que j’ai prévu de faire. Dans ma vie privée, je ne suis bonne à pas grand-chose. Le soir, j’arrive à grand-peine à m’occuper des deux filles et je sombre dès qu’elles dorment. Avec elles ou la journée, je donne le change, fais de grands sourires, des blagues, mais parfois, j’ai des pensées noires, très suicidaires, et cela me perturbe. Dimanche matin, j’ai même eu une sorte de flash, en voyant arriver le métro. Il était très tôt, vers 8h30, le quai était quasi vide. C’était une magnifique journée et j’étais extrêmement fatiguée. La veille, je m’étais fais tomber un couvercle de casserole sur le gros orteil et la douleur lancinante, me faisait encore boiter. Je me rendais à ce salon, comme chaque année, pour dégotter des petites merveilles, et soudain, tout cela m’a paru très vain. J’avais très envie de pleurer, j’étais fatiguée. J’ai eu envie d’en finir, juste pour que cet état prenne fin. Cela m’a effrayée et j’ai décidé de prendre le métro dans l’autre sens (j’étais à une intersection) pour rentrer chez moi. Une fois là bas, je me suis remise au lit, avec Y. et les filles, qui l’avaient rejoint. Tout ce que j’avais plus ou moins prévu de faire dans la journée (pique-nique, balades, troc poussette) a été du coup annulé. Il a fait très beau mais je n’ai rien fait, j’ai lu, j’ai fait quelques courses, et j’ai regardé un dessin animé avec R.

Parfois, il faut simplement s’incliner face à la fatigue. J’ai du mal, mais je sens que j’y suis obligée. J’ai quand même hâte que cet état s’arrête, pour pouvoir à nouveau respirer.

vendredi, 17 avril 2015

Cataloguée

L’avantage, comme c’est ma deuxième dépression (officiellement, parce que j’en soupçonne une autre après la naissance de R., même si cela ne ressemblait pas tout à fait à ce que je traverse là), donc, l’avantage, c’est que je sais plus ou moins où je mets les pieds. Mes exigences personnelles sont toujours aussi folles, mais je sais aussi, à certains moments, ralentir un peu, et accepter d’en faire (vraiment un peu) moins. Chez moi, un peu moins, cela veut simplement dire qu’après une journée de travail, je vais arriver chez moi et au lieu de faire un gratin de courge, donc éplucher/faire bouillir/écraser/mélanger à la crème fraîche et faire réchauffer un gratin au four, je vais consentir, comme je suis officiellement en dépression donc avec l’énergie d’une serpillière essorée, je vais donc consentir à faire à manger des pâtes au beurre, à R. Pour moi, pas possible de faire à manger, surtout si toute seule, comme souvent ces derniers temps où Y. rentre plus tard que jamais, du fait des mouvements à son travail.

Le désavantage de ce deuxième opus, c’est qu’il me désespère. J’ai l’impression que jamais je n’en sortirais. Que toute ma vie, régulièrement, je devrais être placée sous ces médicaments qui vous éloigne de tous et de tout, surtout de votre propre douleur interne, de ces ruminations permanentes qui moi me dévorent. Tous les 5 ou 10 ans, je pense que je vais y replonger, je serais cataloguée, je serais « La dépressive ». Face à mes interrogations, la psy a eu ces mots très sages : Il ne faut pas penser à l’après, mais à maintenant. J’essaye donc de me concentrer sur le maintenant.

Le maintenant, cela a été lire cette très belle BD de Mademoiselle Caroline. J’ai reconnu point par point mon état, et cela m’a fait peur, à défaut de me faire pleurer, car grâce aux médicaments, les émotions comme la tristesse sont tenues à distance. Cela m’a fait peur, mais à la fois, je sais, je sens, qu’avec du temps, un peu de repos et beaucoup de bienveillance envers moi-même, je pourrais en sortir, doucement, lentement mais sûrement.

 

dimanche, 5 avril 2015

La reprise

Les médicaments commencent tout juste à faire effet, depuis une petite semaine. J’ai l’impression de revivre. Au travail, je prends la pression du bon côté, comme un moteur et non pas quelque chose de paralysant. Bien sûr, certaines situations me mettent encore des sueurs froides, mais je tiens le choc, debout, je m’affirme haut et fort.

A la maison, le changement est radical aussi. Je ne fais plus régner l’autorité à coup de cris et de menaces. Je me pose, j’interdis et quand la consigne n’est pas plus respectée, je recadre calmement, sans perdre pied. Je pratique aussi beaucoup l'humour. SI R. se butte, je joue avec elle et on dénoue des situations qui auparavant auraient dégénérés. Si j’avais pris les médicaments plus tôt, j’aurais peut-être, sans doute même, évité certaines situations. J’aurais passé de meilleures vacances avec ma famille la dernière fois, R. se serait sentie plus écoutée et aurait moins sur réagit à chaque frustration, comme un écho de mon mal-être. Au travail, je n’aurais pas explosé en sanglots hystériques pour une micro remarque de ma collègue, qui m’a obligé à aller pleurer dans les toilettes et passer pour une « junior un peu fragile » malgré mes années d’expériences. Tant pis. Ce sont des choix que j’ai faits. A moi maintenant de continuer ce traitement (une année !) et de petit à petit basculer sur du sport, du soin, du travail, du repos (beaucoup beaucoup de repos !), l’appui de ma famille, mes fondamentaux, pour pouvoir petit à petit lâcher les médicaments et me reposer sur mes facultés propres.

Je sens que « cela » revient. Cela, c’est le goût, le désir de certaines choses : lire pleins de livres de la bibliothèque (cette semaine, un livre de Laurie Colwin, et un de Jodi Picoult), m’acheter un merveilleux bouquet de jonquilles et de jacinthes pour fêter le printemps, inviter des amis à manger des plats végétariens, faire des gâteaux avec R, aller avec R., Clem et sa fille au cinéma, accompagner P. à un concert de son amoureuse, prendre un long bain avec un masque hydratant sur le visage, envisager quelques jours d’escapade avec Leeloolène au bord de la mer.

Pour nos prochaines vacances, je voudrais aller dans ce département. J’ai besoin (un besoin fou, impérial), de vacances dans la verdure. Je veux des arbres et du vert à perte de vue ! Je veux être à la campagne. Ce département verdoyant me fera du bien, et même s’il pleut une partie de la semaine, je pense que je serais ravie quand même.Des amis sont OK pour nous prêter leur maison le temps de la semaine. Une chance !

Tout semble sur le point d'éclore, de repartir, et cela me fait du bien...

samedi, 28 mars 2015

Tout doux

Je me fais doucement au rythme avec la reprise du travail de Y.

Je n’arrive pas encore à évacuer le stress au travail et c’est encore assez éprouvant. Du coup, j’ai accepté le traitement anti-dépresseur, pour m’aider, me border dirait la psy, et envisager la suite avec plus de sérénité. Je sais que je n’aurais qu’un an de traitement, si tout va bien, donc je devrais entre temps pouvoir mettre en place des garde-fous moins chimiques, comme le sport, les massages, l’aide thérapeutique, pour m’en sortir. Mais c’est vrai que sans, j’avais l’impression de sombrer. Au milieu de mon marasme surnagent deux petites îles : mes filles. Le soir, les observer tout en m’occupant d’elle me permet de complètement décrocher du travail. Elles ont besoin de moi, je dois les nourrir, les occuper, leur lire des histoires et les coucher. Rien que ces actions, répétitives et jamais identiques, m’obligent à me raccrocher à la réalité et à sortir de mes ruminations incessantes. Le soir, je m’endors tôt, parfois sans manger, sans attendre Y. Je sombre plus que je ne dors. Mais je tiens bien le coup, et j’ai l’impression que je vais réussir à m’en sortir, avec l’aide de tout ce que j’ai mis en place, l’aide de mes proches et surtout l’espoir de retrouver un jour le plein potentiel de mes capacités.

Ce matin, c'est samedi, et je suis toujours en pyjama alors qu'il est près de midi. Aucun stress, aucune envie de me replonger dans le travail, je veux simplement profiter des miens qui sont là.

D’ici là, j’essaye d’y aller tout doux, tout doux, pour ne pas m’épuiser.

 

vendredi, 13 mars 2015

Les moyens

Tout compte fait, la nounou a choisi de revenir, et d’entamer l’adaptation. C’est un vrai soulagement de ne pas avoir ce stress en plus à gérer.

 Lundi, officiellement, se terminera la période la plus cool et paradoxalement aussi la plus difficile que j’ai eu l’occasion de connaître jusque là. Je redeviendrais une mère lambda, qui s’enquille deux journées en une et court partout, mais je passerais de fait moins de temps au travail et plus dans mon foyer, ce qui je pense devrais me faire du bien, même si bien entendu, cela me fera stresser et monter la tension d’un cran.

Avant-hier, avec Leeloolène, nous cherchions au téléphone les moyens de me sortir de mon marasme. Ce matin, je disais à la psy que j’aimerai être déjà dans dix ans, pour pouvoir me sentir mieux, comme je le pensais aussi à 25 ans, en pleine dépression, et que ce n’était qu’un mauvais moment à passer.

Pourtant, d’après les quelques mots de la psy et ce que je comprends, ce n’est pas la bonne attitude.

Il faut au contraire, il faudrait, « accueillir » ce mal-être, l’accepter, pour pouvoir le dépasser. Trouver les moyens de l'accepter, de l'observer.

Ce n’est pas facile, d’accueillir ce qui nous fait fuir, ce qui nous submerge, ce qui nous terrorise. On voudrait oublier, noyer ou fuir ce sentiment.

Ce n’est pas facile et je ne sais pas vraiment comment faire, ni comment faire grandir la bienveillance et la confiance en moi.

Mais je sais que je vais trouver, car je trouve toujours.

 

 

mardi, 3 mars 2015

Les notions

Prendre la place de.

Occuper une place.

Assumer son rôle.

S'affirmer.

Jongler avec les impératifs.

Se comparer à.

Se sentir nulle.

Être en conflit avec. 

Être triste de.

Se sentir abandonnée par.

Je travaille toutes ces notions et bien plus encore, plusieurs fois par semaine, avec Mme N. Et je tremble et je pleure encore, le soir ou le matin. 

Mais je travaille.

samedi, 21 février 2015

Les quelques jours de vacances

Je suis partie en vacances, alors que je sais qu’à mon retour, ce sera l’horreur, il faudra travailler d’arrache-pied pour pouvoir faire tout ce qu’il y a à faire.

Je suis partie en vacances quasi pas contente, pas heureuse, avec une boule au ventre. Je suis partie en vacances, et j’ai eu du mal à réaliser, ces quelques jours en famille, retrouver L., ses grands sourires, découvrir ses trois dents qui sortent dès le samedi, sa bave et son babillage qui s’intensifie, et sa marche à quatre patte qu’elle a perfectionne pendant le séjour. Retrouver R., ses chansons et ses bavardages, ses questions, ses bouderies, et plusieurs fois m’énerver contre elle, et puis plusieurs fois la prendre dans mes bras pour terminer un repas collées-sérrées et se câliner longuement, chose que je n’avais plus le temps de faire ces dernières semaines. Prendre des vacances et retrouver un peu Y., qui se casse la tête pour nous toutes, qui assure sur tous les fronts et me rassure en permanence. On commence à rêvasser : prendre une petite maison en bord de mer, lancer ma chambre d’hôte tandis qu’il demanderait une mutation en Bretagne. Élever les enfants à la campagne, au bord de la mer, Je commençais juste à me détendre quand j’ai eu un coup de fil du boulot, de ces coups de fil qu’on redoute, parce que d’un coup, ils ne sont plus sur, ils demandent des explications, des précisions, et moi je suis loin de tout, loin d’une connexion internet, et cela me glace le sang et je voudrais rentrer au travail, vérifier par moi-même, mais c’est impossible, je suis en vacances. Retourner à ma table de restaurant. Ne pas manger. La nuit, ne pas dormir, la journée du lendemain, répondre par monosyllable aux gens qui m’entourent.

Je me demande bien pourquoi je me sens si incapable. A mon retour, toujours dans le cabinet de Mme N. je pleure sans discontinuer. L’idée de devoir retourner travailler me paralyse et me fait trembler de la tête aux pieds. Je ne veux pas. Je ne veux pas.

Chaque soir pendant un mois, j’ai demandé à Y. si je ne pouvais pas tout simplement démissionner. Ce poste de rêve, devenu un cauchemar à mes yeux parce que je ne me sens pas capable de le faire, est terrible. Mais il me dit qu’une fuite ne serait pas la bonne solution. J’entends, mais cela me terrorise.

 

Mme N. me parle de la « petite Marloute ». L’enfant qui affleure quand je parle et quand je pleure, celle qui a peur, qui a pris trop de coups et trop d’insultes, et qui désormais n’ose plus jouer, n’ose plus rien essayer, de peur d’échouer.

J’aimerai que la petite Marloute s’apaise et ne sais pas comment la calmer.

Hier, nous avons mis R. dans le train, seule, pour partir au ski chez ses grands-parents. Depuis, j’erre comme une âme en peine, il me manque un bout de moi, je sniffe son pyjama, contemple, désolée, ses jouets ou son dernier dessin comme si elle ne reviendrait jamais. On est samedi et je voudrais déjà être au travail au lieu de profiter de ce week-end.

Je me demande quand est ce que je vais sortir le nez de cette tempête.

 

jeudi, 12 février 2015

Ces derniers jours....

Je lis les Gardiens du Louvre, une magnifique bande-dessinée de Jiro Taniguchi, mon préféré. Pour mon anniversaire, mon ami R. m’a offert un autre ouvrage, lu il y a longtemps, le gourmet solitaire. Je lis aussi Voyage de Classe, sur l’immersion d’élèves sociologues dans les beaux quartiers du 8ème arrondissement. A la bibliothèque de mon travail, je prends aussi le livre de Marion Montaigne et des Pinçon-Charlot. C’est si drôle et passionnant que je le relis une deuxième fois dès que je l’ai terminé.

Le soir, je prépare à manger pour mes enfants : des petits artichauts poivrades pour R. qui les adore et une purée de brocolis et chou-fleur pour ma petite L.

Quand tout est fini, je regarde un très bon film avec Y. Lola Versus, avec la si touchante Lola Gerwich, dans une belle comédie romantique, pour une fois intelligente et pas gnagnan.

Au travail, je me sens un peu mieux, mais hier encore, je pleurais.

 

 

dimanche, 1 février 2015

Trois femmes puissantes.

 

Je suis retournée voir Mme V. mon médecin traitant qui m’a suivie pendant ma dépression il y a cinq ans et me suit depuis. J’ai été mise sous médicaments pour retrouver le sommeil, apaiser les angoisses. Je me suis remise à dormir. N''entend plus le bébé, et c'est Y. qui se charge des nuits, pour la première fois depuis 9 longs mois.

Puis j’ai refais encore un rendez vous avec Mme L., qui m’avait suivie pendant le harcèlement de P. avec elle, évoquer d'autres sujets et comprendre que cette fois-ci, le problème est peut être plus profond, qu'il dépasse une simple thérapie. Enfin, enfin, j’ai rappelé ma psychanalyste qui m’a suivie 5 années durant, à raison de trois fois par semaine, et que je n’avais pas vu depuis plus de 4 ans. Aussitôt appelée, aussitôt décroché un rendez vous. A croire qu'elle m'attendait. Tout ce temps après.

Refaire la route jusqu’au lointain 19ème. Me mouiller les pieds dans la neige fondue. Rentrer dans cette entrée où j’ai patienté tant de temps, car Mme N. n’a pas de salle d’attente. M’engouffrer dans l’ascenseur si étroit qu’on dirait un cercueil. Frapper, une fois, entendre les pas feutrés de Mme N. et la revoir et nous revoir. 10 ans après la première séance, reprendre le fil de la discussion où nous l’avons laissé. 10 ans après, un nouveau travail et deux enfants.

Mme N. n’a pas beaucoup changé. Elle a coupé ses longs cheveux bouclés, mais son divan est toujours là, avec ses coussins brodés. Sur le sol, je remarque le même tapis oriental. Ce guéridon n’y était pas, mais cette plante me dit vaguement quelque chose.

Je raconte, je raconte, je raconte et elle plisse de temps à autre les yeux, réponds quelques mots et tire un fil. Un seul fil, qui rebondit dans mon cerveau et éclate comme le ferai une tomate mûre sur le sol. Oh putain.

C’est sûr, là, j’en ai repris pour 5 ans. Mais quel bonheur, quand on est si perdue, si seule et si démunie, perdue dans une crise existentielle comme un marin dans une tempête, quel bonheur de reprendre l’analyse et de sentir la bienveillance, l’entourage et la vigilance de ces trois femmes autour de moi, qui vont m’empêcher de tomber, de me noyer, et d’entraîner du monde dans ma chute.

 

vendredi, 23 janvier 2015

Houston, nous avons un problème... (encore?????)

Jeudi, il a fallu remettre mes semelles de plomb pour aller travailler.

 Avec seulement deux à trois heures de sommeil par nuit depuis quelques semaines, j’ai remarqué des effets étranges : le sol tangue régulièrement et j’ai une nausée qui ne me quitte pas. Je me met à avoir peur des escaliers (peur de tomber) peur de traverser les carrefours (peur de me faire renverser par une voiture) et peur des surfaces glissantes. Je me visualise tomber tout du long sur le trottoir et ne plus me relever. Combien de temps se passera-t-il avant qu’un passant ne me ramasse me disais-je ce matin en essuyant mes larmes tant bien que mal dans la rue.

Toute la nuit, je refais des articles, je réfléchis quoi répondre à Untel et je me demande ce que je dois faire dans telle problématique de travail. A mes cotés, Y. dort paisiblement et j’ai des envies de meurtre au petit matin, quand le réveil sonne et que je n’ai pas fermé l’œil.

Je suis peut être chanceuse, mais je découvre, a trente quatre ans, ce types d’insomnies, celles qui se répètent d’une nuit sur l’autre, inlassablement, jusqu’à ce que le corps s’épuise et retrouve à nouveau quelques heures de suite de sommeil.

Je pleure pour rien. Parce que je ne trouve pas ma deuxième chaussette et qu’il est l’heure de partir, parce que j’ai peur de me faire renverser et de laisser deux orphelines, parce que je m’énerve contre R. qui comme d’habitude, à capté mon désarroi et répond par une agitation extrême, comme pour me signaler qu’il y a un problème.

Je sais mon tout petit amour. J’ai compris, hier, j’ai compris qu’il y avait un sacré problème.

Et qu’il était en train de m’éclater à la figure.

La situation s’est dégradée à vitesse grand V. Je ne suis plus en mesure d’écrire, de décrocher mon téléphone, ni même d’envisager de travailler en toute sérénité. Ce matin, épuisée par mon insomnie de 1h à 7h du matin, j’ai éclaté en sanglots. Y. m’a enguirlandée, me demandant pour la troisième fois de la semaine d’aller voir mon médecin.

Je ne voulais pas, mais je vais devoir le faire.

Je ne voulais pas, parce que j’avais peur qu’il m’arrête. J’avais peur qu’il me donne des médicaments terribles et j’avais peur de devoir arrêter d’allaiter mon bébé à cause de ces derniers.  Et puis hier, au détour d’une interview avec une psy qui me parle du burn-out, je réalise que les symptômes dont elle me parle sont tout ceux que je vis.

Bien sûr, la charge de travail n’a rien à voir avec ce que je traverse, car j’ai déjà, par le passé, absorbé des charges de travail bien plus grandes. Non, la difficulté, c’est mon positionnement, mon idéalisation débile et démesurée du job demandé, comme s’il fallait à tout prix être plus royaliste que le roi dans ce métier là. Qui peut oser tout connaître d’une problématique ou d’une thématique en prenant un poste un mois plus tôt ? Quelle prétentieuse ou idiote suis-je pour me mettre une telle pression qui m’empêche ensuite de faire la base de mon métier, c'est-à-dire écrire, produire, organiser ses idées ?

J’ai pris rendez vous chez le médecin lundi.

Et aujourd’hui, je suis allée travailler. Je n’ai pas produit grand-chose, mais je sais que ce n’est pas rien, et que ces pas de fourmis sont nécessaires pour ne pas dévisser totalement et prendre la poudre d’escampette ou me volatiliser en l’air.

Je suis prête à tout essayer, tout entendre, du moment que ma doctoresse me donnera de quoi retrouver le sommeil. Tant pis pour mes scrupules, tant pis pour l’allaitement, je sens que cet acte est de l’ordre de la survie plus que du confort.

Putain.

Après la dépression, le harcèlement, après avoir surmonté tout cela… Putain, je me retrouve à faire une sorte de burn-out juste après ma promotion. Mais y’a quoi dans ma tête ? Ou est la malfaçon dans cette machine toute pourrie qui me sert de cervelle ?

Faut vraiment être une petite nature de merde quand même pour frôler l’explosion..... sans AUCUNE autre pression, que celle venant de l’intérieur de soi-même !

 

 

 

 

mercredi, 21 janvier 2015

La tristesse et l'envie de fuir.

Il y a une terrible envie de fuir, pour échapper au stress du nouveau travail. Le matin, je me réveille embrumée, nauséeuse, de mon absence de sommeil, de ces insomnies terribles qui me tiennent éveillée jusqu’au petit matin, baignant dans mon adrénaline, refaisant sans cesse les mêmes phrases dans ma tête.

Je me compare à ma prédécesseuse, ô combien compétente, et m’imagine les pires scénarios : ce que je ne ferais pas, les rendez-vous que je vais louper, les articles que je ne ferais pas. Je me sens complètement dépassée, débordée, alors que je n’ai pas temps de travail que cela à faire. Il s’agit juste d’être efficace, d’appeler les bonnes personnes et de savoir organiser ses idées. Au lieu de cela, je me noie. Je me noie en amont, échafaude milles idées, rassemble trop d’étude et nage dans un magma. Pendant ce temps, les heures filent, se transforment en jours et je voie le moment où le bouclage arrivera et je n’aurais fait qu’un quart des sujets demandés.

Je suis malheureuse. Malheureuse d’avoir quitté mes « pantoufles » dans mon ancien boulot et mes collègues si gentilles, si maternantes et si compréhensives. Pourtant, j’ai appelé de mes vœux ce nouveau travail. « Du lourd », du « costaud », enfin ! Comme je regrette à présent !

Je ne gère pas du tout la pression.

Je suis triste de ne plus voir mon bébé que 10 minutes par jour, le matin tout en m’habillant, j’arrive à lui faire un petit câlin, quelques baisers et l’écouter babiller. Le soir, quand j’arrive, elle est déjà endormie depuis longtemps et ne tète plus pour s’endormir. Bien sûr, je suis heureuse d’avoir pu l’allaiter si longtemps. Elle a 9 mois maintenant, il est bien temps pour elle de se passer de ce lien lacté, mais je réalise, en perdant progressivement mon lait, à quel point je me sentais fière et satisfaite de la nourrir moi-même.

La psy du travail me demande de l’indulgence, de la bienveillance envers moi-même, mais ces recommandations pèsent bien peu face à mes doutes personnels et dans le monde du travail. Le présentéisme, la nécessité d’être toujours positionné avant les autres, le devoir d’exigence très haut du nouveau boulot. Je me sens mal dans cette culture de l’urgence. Je voudrais régresser encore, retourner au plus près de mon bébé, ne pas me préoccuper de ces contingences.

Pour la première fois, ou peut être la deuxième après le harcèlement de P., je n'éprouve aucun plaisir à me rendre au travail... J'y vais à reculons, et le pire, c'est que j'ai terriblement honte d'y aller à reculons, tant la place est prisée !

Cette période-là, de crise, de d’adaptation au changement va s’arrêter, va se stabiliser… Mais d’ici là, quelle horreur !

 

 

 

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