Mes carnets de naturaliste

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samedi, 31 décembre 2011

Gestes écolos

Pendant qu’on buvait le café, j’interrogeais Y. une liste à la main :

 

Que peut-on améliorer vis-à-vis de l’écologie dans notre foyer en 2012.

Voici la liste rédigée :

 

  • Ne PAS jeter de denrées alimentaires. Jamais.
  • Mettre des couches lavables à R. la nuit. (motivés, motivés)
  • Installer une bouteille dans la réserve d’eau des toilettes
  • Mesurer régulièrement notre conso d’eau et de gaz
  • Acheter une machine à laver la vaisselle pour consommer moins d’eau
  • Utiliser une balle de lavage au lieu de la lessive pour le linge
  • Planter des fleurs mellifères aux fenêtres

Y. a proposé : creuser un puits canadien au milieu du salon, se couper d’EDF-GGD et produire notre propre énergie et construire des murs en paille, mais ça marche pas trop en ville.

 

Que peut on ajouter ?

 

Sachant qu’il y a de petites choses qu’on fait déjà :

 

  • On utilise une pierre d’alun comme déo
  • De la lessive et du liquide vaisselle écolo
  • Des nettoyants surface et vitres écolos
  • Du bicarbonate de soude + citron + vinaigre blanc pour le reste
  • On a que du savon écolo
  • On prend tous les deux les transports en commun ou on part à pied
  • On va beaucoup à la bibliothèque médiathèque
  • On lave les fesses du bébé au gant ou avec du liniment
  • On n’utilise jamais de crème pour elle.
  • Nous n’avons pas de voiture
  • Nous avons fait installer des toilettes à double débit aux WC
  • On a mis les thermostat de chauffage au plus bas
  • On mange végétarien le soir
  • On cuisine le plus possible en évitant les plats tout prêts

 

Et vous c’est quoi vos gestes écolos ?

 

 

 

 

jeudi, 26 mai 2011

A grands cris

Je grignote la dernière part de tarte à la rhubarbe.

De la fenêtre, j’observe le balai de deux hirondelles qui nourrissent leurs petits, fendant l’air et poussant des cris perçants.

Je fronce les sourcils.

Les bébés ont souillé le mur noir d’en face de trois longues traînées blanches.

Normalement, les hirondelles, comme beaucoup d’oiseaux, font attention à emmener les selles de leurs petits loin du nid, pour ne pas attirer l’attention des prédateurs.

Que font celles-ci ?

Se croient-elles hors de danger parce que sous un toit de ville et loin des chats de ferme ?

Mais les parents ne s’embarrassent pas de mes inquiétudes. Ils se relaient, affairés, affolés pour nourrir leurs petits qui quémandent sans cesse à grands cris, cous tendus sous l’effort.

A côté d’eux, R. a l’air bien docile.

 

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jeudi, 17 mars 2011

Là-bas

Aujourd’hui, j’ai fuis tout ce qu’il y avait sur ma « to do list » et j’ai emmené R. dans un lieu à part : les grandes serres du Jardin des Plantes. Je n’y étais pas retournée depuis leur réouverture, en juin dernier, après des années de travaux.

A peine arrivée, je respire à pleins poumons l’humus, les feuilles pourries, la terre humide. J’enlève à R. son petit poncho en laine. Il fait bon, même si ce n’est pas la chaleur tropicale.

Je lui montre tout : les grosses racines des fromagers, les nombreuses épiphytes qui nous chatouillent le nez et les cheveux, les crosses de fougères. R. écoute avec intérêt tandis que je lui présente les plantes que je connais et que je lis les infos de celles que je découvre. Un jour, un jour peut-être, je lui présenterai ces arbres en vrai. Ou pas. Voilà longtemps que j’ai quitté la forêt pour n’être plus qu’une citadine. Il est loin ce temps où je ne vivais que pour les voyages et la forêt. Ce temps où j'ai rencontré Y. Ce temps où j'avais 20 ans.

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Mais R. peut-être qu’elle les découvrira un jour, par elle-même. Elle aussi peut-être un jour, suivra les pistes de latérite, qui serpentent comme des saignées dans la forêt primaire, elle regardera le soleil se lever sur une lagune boueuse, écoutera les cris des singes qui se réveillent, sentira l’odeur puissante, enivrante de la forêt. Peut-être qu’elle aussi, voudra comme moi je l’ai voulu, vivre au milieu des animaux, dans une cabane faite de branches et de mousses profondes, dans laquelle il fait bon dormir, malgré les bruits incessants autour de soi.

Ou pas.   

Je repars par le RER, fatiguée et un peu frustrée : cette nature domestiquée n’est pas ce dont je ressent le besoin. Ce n’était qu’un apéritif ou pire, un peu de sel sur une plaie ouverte. J’ai besoin d’un peu plus que cet ersatz de verdure.

R. s’en moque, elle tête goulûment dans le train qui nous ramène à notre appartement parisien.

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mardi, 16 juin 2009

Le retour du week-end

Quel bonheur !
Quel bonheur !
Sentir la résine des pins cembro, d’épicéa, de mélèze, s’arrêter sur chaque fourmi rousse, chaque chenille de bombyx, chaque orchidée sauvage. J’étais émerveillée par la vue, l’odeur, par tout : les fleurs, le torrent, la forêt… J’ai crapahuté, pris des notes, chahuté, ris avec les autres naturalistes. J’étais heureuse, heureuse ! Trouvé des crottes de cerfs, de renard, de lièvre variable, des pelotes de rejection, observé des loges de pics, un rouge-queue qui nourrissait ses petits, une famille de bouquetins à quelques mètres, des chrysomèles en accouplement, admiré des euphorbes, des narcisses, des épilobes, des myosotis, des ombellifères, des pensées, des rhododendrons sauvages, des touffes de fétuques, des centaurées, des grandes berces, les lichens usnées, dégringolant en touffes de cheveux emmêlés. La montagne était belle à pleurer, un panorama à couper le souffle quand je prenais mon café au soleil sur la terrasse en bois du refuge. Pas un bruit aux alentours, et des petits chalets dignes d’Heidi d’où montaient des petits feux de cheminée.
Je suis rentrée fatiguée mais ravie.
Bien sûr, je dois écrire un compte rendu dense de ce congrès.
Mais quel week-end !
Comme cela m’a fait du bien !
Et s’en refaire d’autres bientôt, si je peux !

DR

samedi, 18 avril 2009

Surprise

Je me réveille à 11h30.

Terminé hier avec la grande bande des amis de R. dans un bar de bikers, avec crânes humains et gros tatoués sur une musique hard rock.

Y. travaillait alors je suis rentrée avec M. en taxi.

Ce matin, en ouvrant mes fenêtres, j'ai enfin remarqué le petit coquin qui a grandi dans mes jardinières.

Il faudra vite le transplanter en pleine terre!



vendredi, 15 août 2008

Bébé chat

Bien sûr, ce n'est pas le plus petit mignon chat que la Terre ait porté.
Mais il est calme et de plus en plus attachant.
Je ne sais toujours pas si c'est un mâle ou une femelle...
Il est temps que j'étudie la question!











jeudi, 31 juillet 2008

La bonne nouvelle

A 5 heures ce matin, je suis venue dormir dans le salon, pour être avec la chatte.
Elle tournait, nerveuse, et s’est rendormie contre moi, jusqu’à 8h du matin. Des sécrétions s’écoulaient régulièrement, et le vétérinaire m’a dit que cela pourrait prendre la journée. J’étais à la fois soulagée et inquiète. J’avais du boulot. Je me suis assise près de la chatte que je cantonnais à la salle de bain : je ne voulais pas qu’elle laisse des petites flaques de sécrétions partout dans l’appartement. Y. est venu m’apporter l’ordinateur, et j’ai travaillé, caressant, de temps à autre la chatte qui couinait doucement. Contractions, la chatte se cabre, elle miaule de petites plaintes, on sent qu’elle douille et qu’elle me réclame. Elle plonge ses grands yeux affolés dans les miens. Je la rassure de la voix, je la caresse aussi. Son ventre est dur comme de la pierre. 16h45 enfin, les contractions se rapprochent. 17h, je vois le petit museau du chaton. Il ne va pas tarder à sortir. Quand enfin il est dehors, je m’inquiète : pendant une longue minute, il ne bouge pas. J’ai peur qu’il soit mort-né. Et le voilà qui se met d’un coup à couiner. Il est d’une vigueur folle. Je suis heureuse. Le cordon ne sera coupé que lorsque le placenta sortira. La chatte mange le tout. Tant mieux. 18h20, le deuxième chaton sort aussi. Il a un museau plus blanc, on dirait un peu Félix le chat. Les deux ont le poil noir. Comme leur satanée père. Rien de ma persane dans ces deux petits gouttières. Je vais tâcher de leur trouver de bons maîtres. Il me reste 12 semaines pour cela. Peut être que d’autres sortiront, mais la mère fait une pause, elle les laisse téter. Y. m’appelle, je lui raconte la mise bas. Il faut maintenant préparer mon sac, nous partons demain. Ma voisine copine qui adore les chats doit venir vérifier ce week-end que tout va bien. Je vais lui annoncer la bonne nouvelle.




mercredi, 4 juin 2008

Un jour.

Nous partons.

Hier soir, appel à minuit pour savoir si je peux remplacer au pied levé, et pour la demie journée, quelqu’un sur les ateliers de journalisme. La veille, c’est France Crulture qui a appelé Y. pour lui demander de travailler 5 jours de plus.
Nous avons tous les deux dit non.
Avec les foies.
On a bien sûr très peur : qu’on ne fasse plus jamais appel à nous, qu’on ne nous fasse plus travailler. Impression diffuse d’avoir « planté » des gens, alors que nous n’étions pas prévus sur le planning. Difficile d’être précaire. Ne pas savoir du jour au lendemain si on va travailler ou non.
Et pourtant, nous partons.
En Roumanie, toute une semaine. Marier un copain/collègue a moi, à la frontière Moldave, près d’un monastère isolé. Hier soir, j’ai pris un bain : algues marine, sel, huile au citron du dr. Hauschka. Gommage, crème nourrissante. J’ai fait mon sac en avance. Donner mes clés à la voisine pour venir nourrir le chat.
Ce matin, tout est prêt. Même le repas de midi, un taboulé fait maison, qui n’attend plus que nous pour disparaître.
J’ai un sentiment d’irréalité.
Rêvé toute la nuit d’accidents : on mourrait en voiture. Y. disparaissait dans une crue monstrueuse, dans un village inconnu. Tout est prêt et j’hésite encore, pas encore conquise par l’idée du départ. Et pourtant, avant le long été de travail qui s’annonce, je devrais être heureuse, de repartir ainsi.
J’espère que tout ira bien.
J’emmène un appareil photo, un carnet de croquis pour réaliser un carnet de voyage, des feutres et des aquarelles. J’emmène une belle robe, de mignons escarpins.
J’emmène et je soigne mon envie de voyage.
Un jour.
Un jour repartir, seule, en mission scientifique. Un jour me retrouver, sur un hélicoptère ou au pied d’un arbre fromager, des jumelles à la main, un carnet de l’autre. Un jour, disséquer jusqu’à vomir un cétacé crevé sur la grève. Observer un félin à quelques mètres, le souffle coupé de frayeur et de joie. Un jour, retrouver les grands élans qui avaient gouvernés ma vie… Un jour.

lundi, 26 mai 2008

Pomponnette


« Ah ! Te voilà, toi ? Regarde, la voilà la Pomponnette... C'est maintenant que tu reviens? »
Vous avez sans doute déjà tous lu, vu, ces mots, avé l’accent du Sud, prononcés par Raimu à l’encontre de la chatte fugueuse (et de sa femme fugueuse aussi) dans La Femme du Boulanger.
Et bien c’est grosso modo ce que j’ai vécu ce week-end quand ma persane n’est pas rentrée samedi soir, préférant rester dans le bois sous une pluie battante, avec un matou de ferme deux fois plus gros qu’elle. J’ai eu peur toute la nuit, qu’elle se soit fait écraser, qu’elle ait perdu le chemin de la maison, pour réaliser, le lendemain alors qu’une voisine de mes parents venait de m’alerter qu’elle venait de voir Churchille dans son jardin, alors que je venais de passer une dizaine d’heure à l’appeler et à la chercher partout, que cette chatte refusait tout simplement de rentrer à la maison.
Quand j’ai enfin retrouvé les deux amoureux en fuite, ils étaient tapis, silencieux, sous un buisson de buis. Je me suis approchée en chantonnant nonchalamment… et les deux ont filé dans un ravin boueux.
J’ai suivi tant bien que mal, jusqu’à un tas de bois. Là, le mâle a cherché à monter à nouveau la belle Churchille, qui lui a copieusement feulé dessus, coup de griffe sur le museau en prime. Il parait que l’accouplement chez les félins est douloureux pour la femelle. Le pénis du mâle est hérissé de piquants. Condition sin qua non de l’ovulation chez la femelle. Le dépucelage n’a pas du être joyeux. Je plains la belle tout en pestant contre mes bottes glissantes qui m’envoient par deux fois dans les broussailles.
Churchille feule toujours, un coup dans ma direction, un coup en direction du mâle. Ses pupilles sont dilatées de peur. Je sais par expérience que si j’avance la main, je vais me faire labourer par ses griffes, et que cette fois ci, ce ne sera pas pour rigoler.
J’attends donc qu’elle se calme. Alors que je réussi à passer une main au dessus d’elle, la voilà qui file, toujours avec le mâle aux trousses. Les grandes herbes sont trempées, et les moustiques commencent à attaquer dans le sous bois.
J’ai envie de pleurer.
Mon train part dans moins de deux heures, le soir tombe, et je cherche à attraper mon chat d’amour, transformée en furie furieuse.
La voilà en haut d’un noisetier accroché au ravin du bois.
J’escalade doucement l’arbre, me coinçant dans les petites branches, m’écorchant les mains et le visage. Au bout de 10 minutes d’approche lente, je pose les deux bras au dessus du chat et la tire vers moi.
Elle laboure de ses griffes mon k-way et je tiens sa gueule coincée sous mon bras droit.
Je la ramène à la maison de mes parents, paquet feulant, serrée comme un baluchon, dans mes deux bras, coincée.
Elle est sale et boueuse, pleine de petites brindilles, un limaçon accroché à son pelage, et les yeux fous.

Je rentre sur Paris, inquiète et soulagée.
Est-elle enceinte ?
Probablement.
Qui voudra de ces petits croisés ?
Et surtout, une question me taraude : comment cette chatte bien élevée, un modèle d’amour, a –telle pu se transformer si vite en furie hystérique ? La magie de l’amour sans doute…

mardi, 20 mai 2008

De jolies choses

Hier soir, j’ai regardé sur Internet un très beau documentaire, d’un cinéaste hébreu qui part faire un film avec son père, qui a combattu les nazis.

Il est encore visionable quelques jours.
Je suis heureuse, heureuse de ne plus avoir la télévision (depuis maintenant… 5 ans !) Et encore plus heureuse de pouvoir regarder à la carte certaines émissions sur Internet depuis quelques temps.

Aujourd’hui, j’ai vu aussi sur Internet un petit film très bien fait, The story Of stuff. Même si mon anglais n’est pas encore fameux, les petits dessins sont très compréhensibles. Et j’ai appris beaucoup de choses. J’aime ce qui se fait en ce moment dans la protection de l’environnement. C’est drôle, c’est décalé, c’est dans l’air du temps, c’est accessible. Voilà comment il faut parler aux gens. Sans les accabler, juste en les tirant par le bras, pour leur indiquer comment faire changer les choses… pour le meilleur de tous !

samedi, 17 mai 2008

Planter des arbres

J’écoute la pluie tomber.
Depuis hier, les averses se succèdent, violentes. A chaque fois, cela me fait penser au livre que je viens de lire, pour les métaphores que son auteur emploie.
Ce matin, dans un moment de soleil, j’ai planté des arbres. Cela faisait depuis septembre que les graines germaient dans mon frigo. Au grand désespoir de Y. qui passait son temps à répéter « Et ces merdouilles-là, on va les garder longtemps ? » Il ne sait pas lui, que ce sont des arbres, qu’ils ont besoin de froid et d’humidité pour germer, qu’il leur faut des mois avant de sortir de leur gangue.
Ce matin donc, j’ai planté un frêne, un marronnier et trois chênes. Dans mes jardinières de fenêtre. Le temps que ces petits arbres se renforcent. Qu’ils sortent trois feuilles, que leurs troncs durcissent.
Et puis je les planterai, dans une année au moins, dans le bois chez mes parents. Pour avoir le plaisir de les voir encore, dans 15 ans, dans 25 ans, dans 45 ans, passer les hivers et les printemps mouillés.
Peut-être pas me direz-vous, avec les ravages environnementaux.
Une vague de chaleur comme en 2003 aura tôt fait de tuer mes petits arbustes, comme elle a fragilisé une bonne partie de la végétation partout ailleurs.
Mais tout de même, je veux tenter le pari.

dimanche, 23 septembre 2007

En revenant du Bois





Marcher dans les feuilles. Soulever une écorce. Manger des mûres. Récolter des feuilles mortes pour garnir le dessus de la cheminée. Ramasser des glands de chênes. Des mousses toutes différentes. Regarder l’or du soir mouiller les feuilles d’érables rougeoyantes. Attraper un beau scarabée bleuté. Secouer une vieille écorce pour voir tomber les cloportes. Récolter des lichens. Un morceau de bois presque sculpté. Des pommes de pins grandes ou petites. Cueillir des gratteculs, des baies rouges, branchages et végétaux pour faire des bouquets hivernaux. Voir le passage de l’été à l’automne se faire sous ses yeux.



Ramener ces trésors à la maison. Garnir des corbeilles de pommes de pins, de graines de frênes, de glands de chênes, de noix et de châtaignes. Semer des feuilles rousses, jaunes ou rouges. Faire une composition de mousses et de feuilles. Croiser le regard de Y. qui me regarde faire, de retour de notre promenade dans la forêt de Fontainebleau. Il s’approche de ma composition automnale, jauge ce monticule d’humus, de glands et de feuille et me demande, avec une candeur nouvelle : « Dis Marloute… On pourra le jeter quand ? »

Que l’homme qui ne comprend rien à la poésie de la forêt soit maudi.
Mais... quel fou rire quand même.



samedi, 11 août 2007

Ma vie en carnet

Mes carnets de voyage

J’ai écris beaucoup de carnets depuis l’adolescence, parfois de simples cahiers d’écoliers, barbouillés d’encre bleue, et d’autres fois de vrais livres de photographies, aux pages noires et cartonnées. Je suis à la fois fière et discrète sur mes carnets. Personne n’a le droit de les ouvrir et de les feuilleter. Pas même Y., qui ne s’y est jamais risqué.

J’ai des périodes où j’écris beaucoup, d’autres où je préfère confier ma prose à l’ordinateur. Pendant ma dépression, j’ai écris 80 pages Word où je me voyais mourir à petit feu. L’ensemble a disparu pendant une mise à jour, tant pis, tant mieux.
Depuis mes 14 ans et une expédition dans la jungle gabonaise, je réalise un carnet de voyage pour rien, parfois. Pour recenser les épices que je connais, ou juste quelques jours de vacances à la mer. Je peux tenir le même carnet sur plusieurs années, mais je préfère les carnets ramassés autour d’une idée, d’une seule teneur…
J’aime les croquis, même si je suis une piètre dessinatrice. J’aime les collages, j’aime les photographies.




Pourtant, cela un fait un petit moment que je n’ai pas écrit. Depuis janvier, précisément depuis l’ouverture du blog.
Pourtant, il y a bien des choses que j’ai envie de confier à un carnet et pas à la blogosphère. Je sais que le goût et l’envie d’écrire, de peindre et de croquer reviendra.
D’ici là, je relis de temps à autre ces carnets. Je relis les poèmes, les débuts de romans, les idées de reportages, les descriptions des lieux où j’étais. Cela me fait du bien. Mon passé m’accompagne, ressuscité en quelques lignes, par la lecture d’une demie page. Je ne voyage plus, ne pars plus à l’aventure. Je ne fais plus de photographies artistiques. Je n’écris plus de carnet.
Mais je sais que je l’ai fait, que j’y ai éprouvé du plaisir… donc, cette envie reviendra, comme reviennent les autres.


vendredi, 23 mars 2007

Une bibliothèque ou le cabinet de curiosité


J’aime les bibliothèques.
J’aime leur quiétude, quand le seul bruit que l’on perçoit est le cliquetis des doigts des étudiants sur les claviers d’ordinateur, ou le journal tourné par un vieux monsieur.
J’adorais les bibliothèques lyonnaises, je me suis laissée charmée par les petites bibliothèques de Tours ou les vastes usines à livres de Strasbourg. Dans celles de Barcelone j’ai apaisé un peu les affres de ma dépression. J’y arrivais tôt, vers 16 heures, après le travail, et je restais jusqu’à la fermeture, jusqu’à 21h, avant de rejoindre ma colocation maudite dans la banlieue de Badalona.

Depuis que je suis à Paris, je rayonne. Quel choix, quelles différences les unes avec les autres, quel délice d’être un jour dans le quartier des affaires, le lendemain à la Goutte d’Or. Celle où je me trouve cet après-midi se trouve dans le Muséum d’Histoire Naturelle ; j’y trouve les ouvrages dont j’ai besoin, mais je me sens encore mieux qu’ailleurs. Les gens qui sont ici sont des pairs en quelque sorte. Ils étudient la biologie ou la zoologie, comme j’aurais aimé le faire si mes connaissances limitées (et donc handicapantes) en physique et en maths ne m’avaient pas empêchée de le faire. Je me sens bien, face aux vitrines du cabinet de curiosité, les scarabées dorés bien rangés, les phasmes femelles écartelées, les papillons épinglés, la grande dent du narval, qui monte jusqu’au plafond dégoulinant de stuc, le calaos sec suspendu dans l’air par d’invisibles fils de nylon. Je me sens bien au milieu des atlas poussiéreux, supportant le monde. Je me sens bien entre les revues amies, les publications scientifiques austères dont il faut sortir la substantifique moelle.
Par delà la baie vitrée, on voit d’un coté les allées du Jardin des Plantes, de l’autre la grande Mosquée, toute de blanc et de vert foncé. Quel bonheur simple quand même la bibliothèque, et quel bonheur gratuit ! PS : Traversé trois arrondissement (5è-6è-7è)ce soir, via le boulevard Saint-Germain. Suis passée à travers les étudiants de Jussieu, et ceux de la Sorbonne. Ai lêché les boutiques Armani, et Custo, compté mes sous devant les librairies de la rue des Ecoles. Enfin, ai vu le soleil se coucher sur les Invalides, quasi mon point d'arrivée (le Conseil Régional d'Ile de France, pour ceux qui connaissent) Une grande balade, rosie de froid, dans ce Paris immense...

dimanche, 4 mars 2007

Tout le tour du quartier

J’habite un quartier depuis maintenant 7 mois, et je ne le connais pas encore intimement.

Avant j’habitais le quartier d’à côté, les Batignolles, que j’ai arpenté en long en large et en travers. Aujourd’hui, j’habite les Epinettes, et je me rends compte que je le connais très mal.

Pour découvrir son quartier, il n’y a rien d’autre à faire. Prendre un bon plan, un papier, un stylo pour noter les idées et les bonnes adresses, et partir….

Je remonte la rue Pouchet. Il y a une école pour enfants. Je prends la rue de la Jonquière. Remonte la rue Berzélius. Un square se profile le long de la voie ferrée. J’admire dans le soleil les magnifiques immeubles de la rue Ernest Roche. Il fait du vent, on dirait qu’il va pleuvoir.
Le 30/01/07, quelqu’un a perdu un chat tigré à l’œil crevé. Il a mis une annonce sur un poteau. Plus loin, quelqu’un d’autre a perdu une petite chienne fox terrier blanche.
Je réalise en marchant qu'il y a pas mal de petites impasses que je ne connais pas. Je retombe sur le boulevard Bessière et retourne prendre les petites rues. La rue Boulay est une rue pavée, mignonnette. Au 23 rue Bessière, je vois une vraie maison ! Avec un petit jardin et un balcon, un tout petit pavillon ! Quel rêve d’habiter là, on dirait que c’est fermé. Au 185 avenue de Clichy, il y a une immeuble ancien, au loin, les ateliers de théâtre Berthier.
Je remonte en direction de la place de Clichy, reprends les petites rues. Il y a un ancien squat, muré, au passage du Petit Cerf. Du linge sèche au fenêtre du numéro 10, alors que l’immeuble est complètement insalubre. Square Level, les moineaux piaillent. Rue Boulau, Bodin, un camion défoncé, rempli de ferraille est à vendre. Des gamins s’appellent d'une fenêtre.
Je passe devant la piscine, prend les horaires (on peut toujours rêver). Tiens, il y a les locaux du CNRS rue Pouchet.
A nouveau les petites rues pavées, à la fin de la rue Pouchet. Impasse Deligny, une impasse calme, pleine de plantes. Au fond de l’impasse, une femme brique son vélo, une adolescente joue avec un chaton.

En remontant la rue Navier, je trouve un bistrot qui a l’air sympa, le père Pouchet. Au sous-sol de la rue des Epinettes, une chorale chinoise répète. C’est la mission catholique vietnamienne, comme je l’apprends plus haut. Au 53 rue des Epinettes, je découvre la Cité Joyeux, cachée sous la vigne vierge. Un nouveau square, le square Jean Leclaire, un patron socialiste (si-si, ça existe). Ses ouvriers lui ont élevé une statue. Les arbres sont en fleurs, les enfants jouent au football, ça sent le miel. Rue Arthur Brière, une école à nouveau, et un collège, tout contre le square Level.
Un salon de thé marocain exhale de la chicha, au 17 rue Colette. Une petite librairie, La Sardine à Lire. Zut, je ne trouve pas où est la Maizon. A nouveau, un très bel immeuble, haussmannien pur jus, au 17 rue le Jonquière. Une restaurant (qui parait-il est très bien), de spécialités kabyles, rue Lantiez.
Une terrasse sympa : Chez Irène et Bernard, toujours rue de la Jonquière. Je rentre aux ateliers du 59, le groupe de la fraternité des Epinettes. Ce sont des ateliers gratuits, c’est sympa, pour remettre un peu de solidarité dans le quartier. Cool, je prends le programme. Une mamie et femme un peu perdue font des petites choses avec des objets de récupération. L’association du 59 est un mix entre le Secours catholique et les Petits frères des Pauvres.
J’aime bien.
Je rentre enfin chez moi,
épuisée mais ravie,
avec l’impression
de mieux connaître,
un tout petit peu mieux,
mon quartier.

lundi, 12 février 2007

Exposition BD reporters au centre Pompidou

L’exposition est parfaite. Un peu de reportage, beaucoup de voyage, des dessinateurs et des univers très différents. Je me souviens d’un de ceux-là, rencontré à la Biennale des Carnets de Voyages, de Clermont Ferrand, Simon Hureau. Il m’avait montré ses carnets, remplis d’animaux, des vrais, écrasés sur la route, qu’il avait collé directement sur ces feuilles (bonjour l’odeur de cadavre).
L'exposition me renvoie à mon passé de « carnettiste », et de mon ancienne soif de voyage. Tout ceci m’a quitté depuis 5 ans. Voilà cinq ans que je n’ai pas monté de projet, fait des demandes de subvention, planifié un budget. Cinq ans que je n’ai pas pleuré toute seule dans ma tente, terrorisée par un orage ou ma trop grande solitude.
De retour à la maison, je dessine une valise. Symbole du départ. Je ne sais pas pourquoi je n’aime plus partir. L’exposition ne me donne pas envie de m’en aller aussi. Peut être qu’un jour, ce désir reviendra. Mais l’idée même que je puisse ressentir, à nouveau, ces émotions du départ en solitaire -avec une seule idée en tête et la soif de la découverte- je reste perplexe.
Partir? Qui ? Moi ? La citadine apeurée ? La casanière pantouflarde ? Non !
Je regarde les photographies de moi à 20 ans. Mes cheveux rasés, mes pantalons de l’armée, un Nikkormat autour du cou, jouant avec un serpent trop gros pour être vrai, et je crois contempler les images d’une étrangère, sympathique certes, mais si lointaine !
Comme la vie est étrange.

lundi, 5 février 2007

Les recettes beauté

Le titre ne convient pas vraiment, parce qu’en fait de recette, ce serait plutôt Quoi se mettre sur le nez quand on a la flemme de fabriquer ses produits et que les produits bio et écolo sont trop chers ?

Depuis deux ans, je fais la chasse aux Paraben et autres trucs pas cool. Je sais que le reste de mes habitudes de vie me promet sans doute à un cancer généralisé (même sans fumer) et pourtant, quand je me mets des produits sur la peau, une partie de mon bien-être vient aussi du fait que je sais que ce que je mets. Et que c'est complètement sûr. Mais ce n’est pas facile par les temps qui courent. Voilà.
Donc, cela fait deux ans que j’ai adopté, (comme crème de jour/lait hydratant/crème de nuit), l’huile d’amande douce. J’en mets le matin au lever, après la douche, et le soir après le débarbouillage. Je me suis rendue compte aussi que l’huile d’amande douce apaisait les démangeaisons du cuir chevelu. En deux ans, je n’y ai vu que des vertus, pour seulement 3 euros. Pour le démaquillage rien de tel que le savon d’Alep (1euro) qui doit contenir au moins 70 % d’huile d’olive, et de l’eau. Pour un masque, je n’utilise que l’argile verte, en tube ou en poudre. C’est ma grand-mère qui utilisait cela au moindre bobo, et depuis, moi, je fais des masques.
Rien de tel pour se sentir bien, que des petites recettes simples à utiliser.

mardi, 30 janvier 2007

Le compte à rebours

Ca y est, le compte à rebours des semences est lancé !
On peut déjà, pour certaines espèces, faire de tout petits semis, même en appartement.
Mais attention, pas n’importe quelles semences !
En France, tout ce qui ne fait pas partie du catalogue officiel n’a pas le droit d’être commercialisé. Pour lutter contre cette loi injuste (trois semenciers se partagent un énorme gâteau) il faut réhabiliter les semences anciennes, les fleurs sauvages, et le brassage génétique.
A vos marques !
Règle 1 : les plantes mellifères, tu privilégieras. En effet, les abeilles sont de moins en moins nombreuses à trouver suffisamment de plantes à butiner, du fait de l’utilisation des herbicides. Et ne croyiez pas que les grandes villes sont exempte de ce service à l’abeille : les ruches à paris sont nombreuses, et les abeilles récoltent plus de miel qu’ailleurs, car elles sont moins touchées par les pesticides agricoles.

Règle 2 : Aux petits producteurs semenciers, tu achèteras : dans l’ordre Kokopelli, l’association durement touchée par la justice cette année pour sa résistance devant les semenciers. Tel 04 66 30 64 91 Ferme de Sainte Marthe : 0891 700 899 et Germinance 02 41 82 73 23

Règle 3 : Sans pesticides, tu cultiveras. Par bien des moyens, on peut jardiner en amateur sans utiliser un seul pesticides, et donc éviter ensuite qu’ils se retrouvent dans notre organisme. En effet, les jardiniers amateurs utilisent encore 8 % des produits phytosanitaires utilisés chaque année. (source l’Ecologiste n° de Décembre Février 2007)
Pour changer cela, utilisez du savon insecticide, ou bien espacez vos plantes, faites des paillages, plus d’infos dans l’excellent magazine les 4 saisons du jardinage, par le centre de Terre Vivante http://www.terrevivante.org/sources/M12revue.asp.


Je vais lancer un concours de semis! Que ceux qui veulent faire pousser quelque chose cette année et veulent le prendre en photo se lancent, rendez-vous dans quelques semaines (mois?)

samedi, 13 janvier 2007

Une réflexion

Je recopie un texte que j’adore, de Desmond Morris :
Nos idées grandioses, et notre vanité sans limite n’y changent rien : nous demeurons d’humbles animaux. Soumis à des lois fondamentales du comportement animal. Bien avant que nos populations n’atteignent les niveaux envisagés plus haut, nous aurons enfreint tant de règles qui gouvernent notre nature biologique que nous nous serons effondrés en tant qu’espèces dominantes. Dans notre complaisance, nous avons tendance à nous bercer d’illusions, imaginant que cela ne pourra jamais arriver, qu’il y a chez nous quelques chose de spécial, que nous sommes en quelques sorte au dessus du contrôle biologique. Il n’en est rien. De nombreuses espèces remarquables se sont éteintes dans le passé et nous ne faisons pas exception à la règle. Tôt ou tard, nous disparaîtrons, et nous laisserons la place à d’autres. Si nous voulons que ce soit dans un avenir plutôt lointain que proche, il nous faut alors nous considérer sans indulgence, comme des spécimens biologiques, et accepter nos limites.
Il a écrit ces mots dans le Singe Nu, un livre qui fait partie de mes livres de chevet. Ce livre a été écrit en 1967. L’auteur, un zoologiste éminent, y parle de l’homme comme un singe nu, et observe à la loupe ses comportements (parades, rituels d’accouplements, éducation des petits, confort du territoire) c’est passionnant et enivrant.
Cette conclusion du livre ne m’a jamais effrayée, de la même façon que plus je travaille sur l’environnement, je me rends compte que j’ai de moins en moins peur pour la planète. Je m’explique. La planète, je veux dire, la vie sur terre, avec sa biodiversité, ses cycles, et tout le tintouin de notre écosystème, est bien plus fort qu’on ne le pense.
Je crois tout simplement que nous, en tant qu’espèce isolée, nous allons tant abîmer notre environnement que nous ne pourrons plus y vivre (pollutions croisées, guerres hydriques, population reprotoxique, etc) et nous allons disparaître.
Je me suis rendue compte de cela l’année dernière, à force de travailler sur des sujets anxiogènes (pesticides, gestion de l’eau, biodiversité) et cela m’a été confirmé par Hubert Reeves, que j’écoutais lors d’une conférence à Pigalle. Le petit bonhomme, astrophysicien, rigolait en disant que ce n’était pas un drame que l’homme disparaisse, vu la place qu’il occupe en tant qu’espèce. Une place trop importante, il faut s'imaginer que l'homme, c'est une espèce invasive, voir nuisible !
La planète se dira sans doute : Bon débarras.
Et moi, je me dis : tant pis, tant mieux, on aura essayé au moins de faire quelque chose….