Depuis quelques semaines, quelques mois, j’écris un roman.
L’idée était là depuis longtemps, mais elle a soudain pris forme. Depuis, je ne peux pas faire autre chose que suivre cette intuition qui m’obsède. Pendant ma douche, j’ai des idées de dialogue, quand je mange, je pense à ce que dirait tel personnage ou tel autre. Même quand je promène le chien d'or, cette chienne fabuleuse qui partage ma vie (et dont il faut à tout prix que je parle dans un prochain billet), je pense encore à ce que je voudrais écrire.
Cela me ravit. C’est comme une histoire d’amour qu’on vit en secret et qui ne peut se déployer que lorsqu’on retrouve enfin l’autre, son amour de papier.
Y. prend bien cette obsession. Il m’appelle « sa petite écrivaine ». Il ne sait pas à quel point je doute, à quel point je suis persuadée que tout cela n’est qu’une sombre merde. Qui s’intéresserait à cette histoire ? Qui pourrait trouver cela intéressant ? Au contraire, ne va-t-on pas m’agresser à mon tour, trouver que j’en fais trop, que c’est honteux ?
Je me pose les questions que tous les auteurs se posent, surtout je pense ceux qui comme moi n’ont jamais publié de roman. C’est le vilain censeur posé au dessus de l’épaule qui parle dans ma tête. Celui qui dit que tout cela est nul. Que cela ne sert à rien.
Et pourtant, quand je me retrouve devant ma table et que je regarde toute cette matière, cette histoire qui se déploie petit à petit, je m’émerveille. J’ai réussi à écrire une partie de l’histoire, peut-être les deux tiers, peut-être la moitié. Je me sens fière et incrédule.
Quand, aux vacances de Noël, j’ai prévenu ma mère et ma sœur que j’avais commencé à écrire un roman, ma mère a eu un air entendu. Elle m’a dit « Bien sûr, ton roman. » Et c’est comme si, alors que nous nous parlons si peu et que l’on se voit encore moins, c’est comme si je lui révélais quelque chose qu’elle avait toujours su de moi avant même que je n'en prenne conscience.
Je suis une écrivaine.