Trois femmes puissantes.

 

Je suis retournée voir Mme V. mon médecin traitant qui m’a suivie pendant ma dépression il y a cinq ans et me suit depuis. J’ai été mise sous médicaments pour retrouver le sommeil, apaiser les angoisses. Je me suis remise à dormir. N''entend plus le bébé, et c'est Y. qui se charge des nuits, pour la première fois depuis 9 longs mois.

Puis j’ai refais encore un rendez vous avec Mme L., qui m’avait suivie pendant le harcèlement de P. avec elle, évoquer d'autres sujets et comprendre que cette fois-ci, le problème est peut être plus profond, qu'il dépasse une simple thérapie. Enfin, enfin, j’ai rappelé ma psychanalyste qui m’a suivie 5 années durant, à raison de trois fois par semaine, et que je n’avais pas vu depuis plus de 4 ans. Aussitôt appelée, aussitôt décroché un rendez vous. A croire qu'elle m'attendait. Tout ce temps après.

Refaire la route jusqu’au lointain 19ème. Me mouiller les pieds dans la neige fondue. Rentrer dans cette entrée où j’ai patienté tant de temps, car Mme N. n’a pas de salle d’attente. M’engouffrer dans l’ascenseur si étroit qu’on dirait un cercueil. Frapper, une fois, entendre les pas feutrés de Mme N. et la revoir et nous revoir. 10 ans après la première séance, reprendre le fil de la discussion où nous l’avons laissé. 10 ans après, un nouveau travail et deux enfants.

Mme N. n’a pas beaucoup changé. Elle a coupé ses longs cheveux bouclés, mais son divan est toujours là, avec ses coussins brodés. Sur le sol, je remarque le même tapis oriental. Ce guéridon n’y était pas, mais cette plante me dit vaguement quelque chose.

Je raconte, je raconte, je raconte et elle plisse de temps à autre les yeux, réponds quelques mots et tire un fil. Un seul fil, qui rebondit dans mon cerveau et éclate comme le ferai une tomate mûre sur le sol. Oh putain.

C’est sûr, là, j’en ai repris pour 5 ans. Mais quel bonheur, quand on est si perdue, si seule et si démunie, perdue dans une crise existentielle comme un marin dans une tempête, quel bonheur de reprendre l’analyse et de sentir la bienveillance, l’entourage et la vigilance de ces trois femmes autour de moi, qui vont m’empêcher de tomber, de me noyer, et d’entraîner du monde dans ma chute.

 

Commentaires

1. Le dimanche, 1 février 2015, 20:07 par julio

Bon courage ! Chi va piano va sano e va lontano ! Qui va doucement va surement et va loin !

2. Le dimanche, 1 février 2015, 21:25 par clem

J'aime beaucoup le dernier paragraphe. Contente que tu te sois bien entourée pour redémarrer la machine.

3. Le lundi, 2 février 2015, 08:43 par Oxygène

Tu m'épates. Quelle énergie ! Sans rire... Depuis que je te lis, depuis Téraphosa leblondii :-), je te vois te relever, avancer, trouver des solutions, construire et réussir. En es-tu consciente ?

4. Le mercredi, 4 février 2015, 12:57 par Marloute

Merci tous, c'est marrant, moi j'ai plutot l'impression d'un retour en arrière, mais bon, je devrais me dire que ce n'est pas possible, je suis bien forcée d'avancer, même si j'ai l'impression de reculer. La vie fait qu'on avance de toute façon, avec ou sans thérapie.
Oxygène : Theraphosa :) Souvenirs, souvenirs...