La tristesse et l'envie de fuir.

Il y a une terrible envie de fuir, pour échapper au stress du nouveau travail. Le matin, je me réveille embrumée, nauséeuse, de mon absence de sommeil, de ces insomnies terribles qui me tiennent éveillée jusqu’au petit matin, baignant dans mon adrénaline, refaisant sans cesse les mêmes phrases dans ma tête.

Je me compare à ma prédécesseuse, ô combien compétente, et m’imagine les pires scénarios : ce que je ne ferais pas, les rendez-vous que je vais louper, les articles que je ne ferais pas. Je me sens complètement dépassée, débordée, alors que je n’ai pas temps de travail que cela à faire. Il s’agit juste d’être efficace, d’appeler les bonnes personnes et de savoir organiser ses idées. Au lieu de cela, je me noie. Je me noie en amont, échafaude milles idées, rassemble trop d’étude et nage dans un magma. Pendant ce temps, les heures filent, se transforment en jours et je voie le moment où le bouclage arrivera et je n’aurais fait qu’un quart des sujets demandés.

Je suis malheureuse. Malheureuse d’avoir quitté mes « pantoufles » dans mon ancien boulot et mes collègues si gentilles, si maternantes et si compréhensives. Pourtant, j’ai appelé de mes vœux ce nouveau travail. « Du lourd », du « costaud », enfin ! Comme je regrette à présent !

Je ne gère pas du tout la pression.

Je suis triste de ne plus voir mon bébé que 10 minutes par jour, le matin tout en m’habillant, j’arrive à lui faire un petit câlin, quelques baisers et l’écouter babiller. Le soir, quand j’arrive, elle est déjà endormie depuis longtemps et ne tète plus pour s’endormir. Bien sûr, je suis heureuse d’avoir pu l’allaiter si longtemps. Elle a 9 mois maintenant, il est bien temps pour elle de se passer de ce lien lacté, mais je réalise, en perdant progressivement mon lait, à quel point je me sentais fière et satisfaite de la nourrir moi-même.

La psy du travail me demande de l’indulgence, de la bienveillance envers moi-même, mais ces recommandations pèsent bien peu face à mes doutes personnels et dans le monde du travail. Le présentéisme, la nécessité d’être toujours positionné avant les autres, le devoir d’exigence très haut du nouveau boulot. Je me sens mal dans cette culture de l’urgence. Je voudrais régresser encore, retourner au plus près de mon bébé, ne pas me préoccuper de ces contingences.

Pour la première fois, ou peut être la deuxième après le harcèlement de P., je n'éprouve aucun plaisir à me rendre au travail... J'y vais à reculons, et le pire, c'est que j'ai terriblement honte d'y aller à reculons, tant la place est prisée !

Cette période-là, de crise, de d’adaptation au changement va s’arrêter, va se stabiliser… Mais d’ici là, quelle horreur !

 

 

 

Commentaires

1. Le jeudi, 22 janvier 2015, 10:29 par Leeloolène

Bouh... quel triste billet.
Dommage qu'on ne puisse pas échanger ce week end... Il faut vite qu'on se cale un repas comme l'autre soir pour en recauser.
Plein de bisous forts !

2. Le vendredi, 23 janvier 2015, 09:58 par Anita

Mais non, mais non, ne te raconte pas que tu ne vas pas y arriver. Tu as l'énergie et tout ce qu'il faut pour réussir. Ce côté négatif bloque ton énergie, essaie de trouver le petit truc, la porte de sortie. Et zou.
(euh je ne voudrais pas te froisser, juste t'encourager, je t'embrasse).

3. Le vendredi, 23 janvier 2015, 10:21 par Nathalie

Parmi les 60 000 pensées générées par jour par ton cerveau essaie de dégager du terrain pour les positives, les créatives...
Celles qui te paralysent finiront par se sentir de trop;-)

Tu as vaincu la dépression...ce n'est pas une nouvelle charge de travail qui va te faire rompre, souple roseau que tu es.

http://jonathanlehmann.fr/8/

Courage (et foi en toi !)

4. Le vendredi, 23 janvier 2015, 20:34 par Marloute

@ toutes les trois : merci pour vos encouragements, mais je crois que là, il va falloir sortir l'artillerie lourde, hélàs...