Hier, je me suis levée tôt, j’ai rangé l’appartement avant
que tout le monde se lève. Une nouvelle femme de ménage viendra nettoyer la
maison. La dernière a trouvé un temps plein en CDI.
Y. est rentré tard, 1h ou 2h, je ne sais pas. Quand je pars,
souvent, il dort, et quand je rentre, il n’est pas là. Nous nous croisons la
nuit, sans même nous en apercevoir, sentant l’un l’autre subitement une chaleur
contre soi ou la sentant s’en aller.
Je range et je prépare un repas pour le soir. Je coupe des
courgettes en fines lamelles et je les fais chauffer à la vapeur. Quand elles
sont cuites, je les mélange avec deux œufs, un peu de lait, un reste de
parmesan des voisins italiens. J’enfourne une petite demi-heure pendant que ma
R. se réveille. Vite vite, donner le
bib, vite vite s’habiller, vite vite ma douche et ne pas oublier de
se maquiller. On sort dans la fraîcheur de la rue, elle serre fort ma main, de
l’autre son doudou. Je la laisse au RAM
auprès de son ass’mat’ et des autres enfants. En septembre l’école déjà, ma
grande fille, mon - déjà plus - bébé.
Bientôt, bientôt là. J’aime chaque seconde de cet âge tyrannique. J’aime même
ses colères dithyrambiques, ses roulages par terre et cette manière si agaçante
de se couler à terre, l’enfant plus mou que mou, quand on la force à faire ce
qu’elle ne veut pas faire : mettre un gilet, monter dans le bus, dire
bonjour à la dame.
Après un au revoir hâtif, je saute dans la 13. Compressée
contre les autres passagers, je ne peux lire ni le Parisien, impossible à
déplier, ni mon livre que je lis pour le travail. J’arrive trop tard au boulot,
il est 10h30 bien tassé. Je me coule dans mon siège de bureau, priant pour que
P. ne me saute dessus avant que j’ai eu le temps de poser mon sac et de faire
comme si j’étais là depuis des heures, Florence Foresti’style.
Après une petite heure de travail, je m’enfuis déjeuner. Un
repas/conférence de presse, à l’autre bout de Paris. Une heure de trajet aller,
une heure retour. Si je saute le café. Je serais à temps pour la réunion que P.
a avancé. Le responsable des RP nous remercie d’être là : « Je sais
que c’est de plus en plus difficile pour vous de sortir des rédactions, alors
merci vraiment d’être là ».
Quand je reviens, P. m’a cherché.
Mais il est reparti sans demander son reste. Ouf.
A la réunion, je lui amène un article, terminé de la veille,
mais que je voulais peaufiner.
Quand enfin je peux retourner à mon ordinateur, je lis mes
200 mails reçus du matin. Il y a beaucoup de spams et pas mal de retours
intéressants aux demandes d’interviews que j’ai lancé. Je pianote un moment,
passe quelques coups de fils. J’ouvre un ou deux courriers. Le reste restera en
pile jusqu’à demain. Déjà 17h ! Je dois filer chez l’ostéo. J’ai mal sous
l’omoplate depuis la veille, après un faux mouvement en portant R. depuis le
sol. Comme un clou planté dans mon dos, qui me coupe la respiration, mais
ne m’autorise pas à rester couchée. L’ostéo m’a dégotté ce rendez vous, une
annulation de dernière minute. J’ai sauté dessus. Je passe devant le bureau de
P., en réunion encore. Ouf, avec un peu de chance, il ne me verra pas m’éloigner.
Dans le métro, je relis mes notes, essaye d’avancer un peu ce livre que je dois
finir à tout prix. J’arrive chez l’ostéo, qui repère vite le petit nerf coincé
et travaille longuement des zones complètement éloignées. Quand je sors, il est
presque 19h. Je descends la rue Hermel en courant, saute dans le bus 60. Il me
pose à la Porte Montmartre et je cours jusque chez la nounou. Elle m’accueille
en souriant. R. va bien, elle ne veut plus partir de chez elle. Maintenant qu’il
est remis, je la charge sur mon dos. Ensemble, on parcours les rues, une
vingtaine de minutes, jusqu’à notre maison. Ce soir encore, Y. rentrera tard,
pas avant 1h ou 2h. On mange en jouant, on patouille, on fait les folles et je
la couche enfin, avec sa lumière, son doudou, son gros nounours, un livre, sa
couverture et sa peau d’agneau. Il est 22h, je n’ai le courage de rien. Je me
traîne jusqu’à mon lit et m’endors, épuisée. Il me faudra bien 9h de sommeil
pour me remettre de mes heures de courses d’un endroit à l’autre.
Ce matin, je me suis levée tôt, à 6h30, Y. était déjà parti
travailler. Il a étendu le linge de la machine à laver, que je devais étendre
au lever.
Je prépare du milk-shake au cassis avec des fruits de chez
Picard. Je me fais un thé noir trop fort qui me donne la nausée. Bientôt R. se
réveillera. Et une nouvelle journée commencera.