Travail journalistique

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mercredi, 14 janvier 2015

Le bloganniversaire

Ce blog a 8 ans.

Huit ans c’est grand déjà. C’est une somme.

Huit ans depuis le premier billet.

Somme de mots, de confidences, de confiance et d’échanges, somme de bienveillance, entre le monde et moi.

Je m’émerveille de ce temps, de ces mots déposés ici, de ma constance et de ma nonchalance dans le rythme de l’écriture, parfois soutenu, parfois distendu, mais toujours avec beaucoup de plaisir. Aujourd’hui, j’écris de chez moi. Un peu de télétravail, un café d’une main, mon bébé qui dort et Y. qui lit le journal dans la pièce à côté. Aujourd’hui, c’est le lendemain du jour où je suis retournée chez la psy, parce qu’au bord du surmenage, parce qu’arrêt du sommeil la nuit, parce qu’impression d’imposture, parce que difficulté à trouver ma place dans mon nouveau travail.

Alors, il faudra encore étayer un peu, encore remuer un peu, pour comprendre et agir, ne pas de laisser dévorer. Difficile aussi quand on allaite encore son bébé de rouler des mécaniques sur un nouveau poste et de la jouer « working-girl ». Mais il va falloir se relever. On y est obligé, parce qu’on ne peut pas baisser les bras, parce que notre travail c’est d’informer et qu’il faut s’y résoudre et relever les défis proposés.

Le massacre de la semaine dernière m’a bouleversée, comme tout le monde, comme la grande majorité croisée place de la République vendredi, qui m’a fait du bien, a mis du baume sur mes plaies, ma peur d’avoir encore plus de nouvelles de ce confrère, croisé dans le train l'année dernière, que j’admire et qui n'a été que blessé dans la tuerie.

Je garde ici mon espace d’écriture, mon petit « chez moi » de douceur et de joie, au milieu des tempêtes, mon exutoire adoré, qui me donne le sentiment que non je ne suis pas toute seule face à mes difficultés.

Merci à tous, lecteurs de l’ombre, les visibles et les invisibles, ceux de la vraie vie qui sont devenus plus proches, merci à tous les autres aussi.

mardi, 2 décembre 2014

Ramer

Ce fut dur, de reprendre le collier, reprendre le métro, reprendre le bus, marcher dans le froid, dans les rues, parmi les gravats, les ouvriers du chantier du tramways, les sans abris et les roumains installés sous le périphérique. D’affronter la pluie, la brume mauvaise et tout ces gens qui éternuent dans les transports en commun et l’odeur écœurante du métro à l’heure de pointe. Ce fut dur de sortir de ma bulle, de mon canapé, avec mon bébé et ses nombreuses tétées, pour me retrouvée enfermée toute la journée dans des bureaux, réfléchir, donner des idées, avoir l’impression de ramer, de ramer, pour trouver un contact, pour comprendre ce que m’expliquait l’une ou l’autre ou attraper au vol des bribes d’informations et faire répéter, une fois deux fois dix fois les gens autour de moi. Ce fut dur de quitter L., de prendre une grande goulée de bébé et de m’enfuir plus que de partir.

Mais quel plaisir, quel bonheur de revenir le soir, de retrouver ma famille, les enfants lavés, les courses faites et un délicieux repas qui m’attendait !

 

dimanche, 15 décembre 2013

L'Histoire

 (Billet de vendredi, pas pu éditer avant, trop de bugs!)

Hier, je me suis levée plus tôt que d’habitude.

J’ai rangé l’appartement en bazar pour que la nounou de R. n’ai pas trop à faire. J’ai repensé à la soirée tartiflette de la veille, avec Leeloolène et G. un ex pas revu depuis longtemps. Nous nous étions couchés même pas tard, mais j’étais quand même fatiguée au lever. Cette journée serait fatigante. Je n’avais pas de solution de garde pour R. et je devais à tout prix me rendre à une projection presse suivie d’un débat, pour les besoins de mon enquête. J’avais appellé la moitié de mon carnet d’adresse suite au brusque désistement de mon baby-sitter habituel. Ce matin, une fois avoir accompagné R. à l’école (et lui avoir crié dessus pour qu’elle s’habille car elle résistait de toute ses forces à mes tentatives d’habillage) je marchais en direction du métro, car je ne pourrais pas prendre le RER pour cause de grève.

La nounou de R. a accepté de rester plus tard. Il nous en coutera environ 80 euros, autant dire un bras, voir la peau des genoux. Mais je n’ai de solution. Et je ne regretterai pas cet argent dépensé, au vu de la soirée qui m’attend.

J’arrive au travail à 10h. J’écris un article de 11 000 signes en une heure et demie. Je quitte mon poste pour sauter à nouveau dans le métro et retourner (quasiment) à mon point de départ. Une heure de trajet, une heure d’attente dans le cabinet de l’échographiste. Y. est toujours au pays du froid, il n’y assistera pas. Un léger pincement au cœur me prend quand je tombe sur les couples dans la salle d’attente, mais je pense bien vite à toutes les mamans qu’on abandonne pendant leur grossesse et je relativise. Mon amour est loin mais il est là, tout près, à portée de téléphone, pour me rassurer sur cette échographie qui permet de voir les malformations des bébés. Je ne veux pas connaître le sexe. Fille ou garçon qu’importe, je l’aime déjà, ce petit être de 488 grammes qui se balade et danse la samba dans mon ventre. C’est un bébé, un enfant, la sœur ou le frère de R., déjà un membre de la famille. Il aura un petit nez et des cheveux ras, des caca jaune d’or et une odeur entêtante. Je connais ça, je me souviens, je l’attends.

Je reprends le métro, retourne au travail. Je peaufine mon article, en commence un autre. L’après midi passe vite. A 19h, je suis toujours assise à mon poste, j’ai mal au dos, les yeux qui brûlent. La nounou m’appelle pour savoir ce qu’elle fait à manger à R.

Je pars, prend la ligne 3, m’arrête à Opéra. Je vais la projection presse et je retrouve tous les gens croisés pour mon enquête, à Châteauroux ou en Belgique. Je pleure pendant une heure trente que dure le documentaire. J’ai prévu le coup, je le savais, et j’enchaîne les mouchoirs. Ce sujet sur lequel je travaille, alors que je suis enceinte, me bouleverse. Mais j’assume. On peut pleurer et faire quand même du bon travail, au diable l’objectivité journalistique qui voudrait faire de nous des robots, nous restons des humains et certains sujets sont trop forts pour qu’on puisse les traiter en restant étrangers.

A minuit, je reprends la 4. J’arrive au terminus et passe à nouveau sous le périphérique. Il a gelé, il fait nuit et je marche doucement, portée par la fièvre de ce que j’ai vu et entendu ce soir. Une nouvelle ère commence, un nouveau monde est en marche, et je veux contribuer à ce changement de société via mon enquête. Il est temps, on sent, tous les indicateurs sont là, pour que les choses changent. Cela prendra du temps, mais ce soir, plus que jamais, je sais, je sens que j’accompagne un petit bout de l’Histoire.

 

 

 

dimanche, 3 novembre 2013

Le métier

Je pars en reportage une journée et une nuit. Y. part aussi, le lendemain de mon retour. Tous les deux loin de chez nous pour une fois, mais tous les deux en Europe.

Nous nous croiserons.

Nous pensons tous les deux à ces deux -à qui ne reviendront plus jamais. Pour moi, il y a peu de chances de me retrouver un jour dans un pays instable. Pour Y. c’est beaucoup plus probable. Je n’imagine pas ma vie sans lui. Ce serait comme un très long cauchemar. Je pense à la famille et aux amis des deux reporters, qui n’ont pas pris de risques, contrairement à ce que j’ai pu lire ici ou là. Ils n’ont fait que leur métier, banal en somme, de journaliste.

mardi, 24 septembre 2013

Se lancer

J’ai passé le week-end enfermée dans un amphi, loin de mon compagnon et de ma petite fille. Je n’ai pas vu le soleil. Mais je ne regrette pas. J’ai noirci des pages et des pages de mon cahier d’enquête.

J’ai pris des numéros de téléphones, des mails, échangé des idées. J’ai ri, réfléchis, et j’ai pleuré, plusieurs fois, en silence, en écoutant les orateurs et les oratrices.

Mon sujet d’enquête est si sensible, si proche de mon expérience personnelle que j’ai parfois peur. Peur de m’y noyer, de perdre mon objectivité, d’être ridicule. Mais je sais, je sens que cela peut toucher d’autres femmes, alors je m’y lance.

mercredi, 31 juillet 2013

Le dernier jour

En ce dernier jour de travail, je suis seule dans la rédac'.

Hier, épuisée, je me suis endormie bien avant R.

A 21h20, je suis tombée dans les bras de Morphée.

Heureusement, Y. arrivait juste après, à 21h30.

 

Ce matin, il m’avait dit que la petite avait brassé jusqu’à minuit au moins, se relevant pour allumer la lumière, lire un livre ou chanter à tue tête ses comptines préférées. Je n’ai rien entendu de tout cela. J’étais trop épuisée par ma journée. Je m’étais levée tôt, lavée à l’eau froide à cause de la chaudière cassée, S. notre voisin, la remplace aujourd’hui, puis j’étais partie à pieds. La veille, j’avais embrassé et remercié ma mère, qui m’avait bien aidé tout ces jours, emmenant ma petite fille à gauche à droite ou m’aidant à faire certaines tâches dans la maison.

Ce soir, nous dirons au revoir à l’assistante maternelle de R. Pour l’occasion, je lui ai écrit une longue lettre de remerciement. Je lui offre une petite photo de R. qui tient un papier où il est écrit « Merci pour tout D. » et un livre de recette de cuisine française. Tous les soirs ou presque, nous avons échangé autour de la cuisine. Elle me parlait de ses recettes et je lui parlais des miennes. Ce furent deux années très enrichissantes, pour R. comme pour moi. Je suis triste aussi de la quitter, tout comme R. Mais je suis soulagée de ne plus avoir à faire les allers-retours en poussette, à monter par l’escalier glauque les 7 étages de la Cité quand l’ascenseur était cassé, ni de prendre cette « PXPFHXXKKFPN de ligne 13», le soir, compressée contre les autres gens.

Ce matin, je me sens étrange.

J’ai fini certains articles, je dois prendre des contacts pour les suivants. Cette journée sera bizarre je pense, longue et rapide à la fois.

 

mercredi, 12 juin 2013

La course

 

Hier, je me suis levée tôt, j’ai rangé l’appartement avant que tout le monde se lève. Une nouvelle femme de ménage viendra nettoyer la maison. La dernière a trouvé un temps plein en CDI.

Y. est rentré tard, 1h ou 2h, je ne sais pas. Quand je pars, souvent, il dort, et quand je rentre, il n’est pas là. Nous nous croisons la nuit, sans même nous en apercevoir, sentant l’un l’autre subitement une chaleur contre soi ou la sentant s’en aller.

Je range et je prépare un repas pour le soir. Je coupe des courgettes en fines lamelles et je les fais chauffer à la vapeur. Quand elles sont cuites, je les mélange avec deux œufs, un peu de lait, un reste de parmesan des voisins italiens. J’enfourne une petite demi-heure pendant que ma R. se réveille. Vite vite, donner le bib, vite vite s’habiller, vite vite ma douche et ne pas oublier de se maquiller. On sort dans la fraîcheur de la rue, elle serre fort ma main, de l’autre son doudou. Je la laisse au RAM auprès de son ass’mat’ et des autres enfants. En septembre l’école déjà, ma grande fille, mon  - déjà plus - bébé. Bientôt, bientôt là. J’aime chaque seconde de cet âge tyrannique. J’aime même ses colères dithyrambiques, ses roulages par terre et cette manière si agaçante de se couler à terre, l’enfant plus mou que mou, quand on la force à faire ce qu’elle ne veut pas faire : mettre un gilet, monter dans le bus, dire bonjour à la dame.

Après un au revoir hâtif, je saute dans la 13. Compressée contre les autres passagers, je ne peux lire ni le Parisien, impossible à déplier, ni mon livre que je lis pour le travail. J’arrive trop tard au boulot, il est 10h30 bien tassé. Je me coule dans mon siège de bureau, priant pour que P. ne me saute dessus avant que j’ai eu le temps de poser mon sac et de faire comme si j’étais là depuis des heures, Florence Foresti’style.

Après une petite heure de travail, je m’enfuis déjeuner. Un repas/conférence de presse, à l’autre bout de Paris. Une heure de trajet aller, une heure retour. Si je saute le café. Je serais à temps pour la réunion que P. a avancé. Le responsable des RP nous remercie d’être là : «  Je sais que c’est de plus en plus difficile pour vous de sortir des rédactions, alors merci vraiment d’être là ».

Quand je reviens, P. m’a cherché.

Mais il est reparti sans demander son reste. Ouf.

A la réunion, je lui amène un article, terminé de la veille, mais que je voulais peaufiner.

Quand enfin je peux retourner à mon ordinateur, je lis mes 200 mails reçus du matin. Il y a beaucoup de spams et pas mal de retours intéressants aux demandes d’interviews que j’ai lancé. Je pianote un moment, passe quelques coups de fils. J’ouvre un ou deux courriers. Le reste restera en pile jusqu’à demain. Déjà 17h ! Je dois filer chez l’ostéo. J’ai mal sous l’omoplate depuis la veille, après un faux mouvement en portant R. depuis le sol. Comme un clou planté dans mon dos, qui me coupe la respiration, mais ne m’autorise pas à rester couchée. L’ostéo m’a dégotté ce rendez vous, une annulation de dernière minute. J’ai sauté dessus. Je passe devant le bureau de P., en réunion encore. Ouf, avec un peu de chance, il ne me verra pas m’éloigner. Dans le métro, je relis mes notes, essaye d’avancer un peu ce livre que je dois finir à tout prix. J’arrive chez l’ostéo, qui repère vite le petit nerf coincé et travaille longuement des zones complètement éloignées. Quand je sors, il est presque 19h. Je descends la rue Hermel en courant, saute dans le bus 60. Il me pose à la Porte Montmartre et je cours jusque chez la nounou. Elle m’accueille en souriant. R. va bien, elle ne veut plus partir de chez elle. Maintenant qu’il est remis, je la charge sur mon dos. Ensemble, on parcours les rues, une vingtaine de minutes, jusqu’à notre maison. Ce soir encore, Y. rentrera tard, pas avant 1h ou 2h. On mange en jouant, on patouille, on fait les folles et je la couche enfin, avec sa lumière, son doudou, son gros nounours, un livre, sa couverture et sa peau d’agneau. Il est 22h, je n’ai le courage de rien. Je me traîne jusqu’à mon lit et m’endors, épuisée. Il me faudra bien 9h de sommeil pour me remettre de mes heures de courses d’un endroit à l’autre.

Ce matin, je me suis levée tôt, à 6h30, Y. était déjà parti travailler. Il a étendu le linge de la machine à laver, que je devais étendre au lever.

Je prépare du milk-shake au cassis avec des fruits de chez Picard. Je me fais un thé noir trop fort qui me donne la nausée. Bientôt R. se réveillera. Et une nouvelle journée commencera.

 

 

 

 

 

samedi, 6 avril 2013

Passionante

La journée d’hier était passionnante.

Le matin, j’ai pris le petit déjeuner avec  A-C et sa petite O., qui dormaient chez moi, j'ai posé R. chez sa nounou et j’ai filé sur les Champs-Élysées pour une conférence de presse. A 13h, au lieu de profiter du buffet, qui m’avait l’air si appétissant, j’ai filé direction de Trocadéro, emportant un hamburger de chez Quick au passage. Là-bas au Conseil économique européen, se tenait la journée ELLE Active. Des conférences, tables rondes et des corners se tenaient toute la journée, enrichissantes et passionnantes, sur les problématiques des femmes au travail. En sortant, plus tôt que mon heure habituelle, je suis entrée au musée Guimet. Une heure durant, j’ai déambulé avec délectation parmi les bronzes chinois vieux de plusieurs siècles avant notre ère. J’ai vu des bols, des statues, des armoires. J’ai monté des escaliers pour atteindre les collections permanentes, vu des jarres, des poterie et des frontons de portes ouvragés. En sortant, petit plaisir, je me suis acheté une petite tasse en terre cuite laquée, faite à la main quelque part en Chine selon des techniques artisanales.

Le soir, j’ai récupéré R. Elle avait mal à la gorge et l’a dit à plusieurs personnes dans le bus au retour. A peine la porte passée, la petite fille des voisins s’est invitée, et j’ai demandé à ses parents de rester boire un thé, même si c’était plutôt l’heure de l’apéro. On était tous très fatigués par notre semaine et les filles jouaient ensemble, puis pleuraient pour rien, puis riaient de nouveau. Les voisins partis, j’ai fait manger R. qui n’a presque rien voulu et je l’ai couchée, après une longue histoire, un petit massage, des bisous et des gouttes dans le nez.

Je me suis allongée sur le canapé, un quart d’heure, le temps de souffler, et Clem est venue. Nous avions prévue une soirée infusion. On a parlé longtemps, de tout, de rien, de nous, fatiguée toutes les deux aussi. Quelle journée ! J’adore quand elles sont si remplies, si pleines de vie !

 

 

dimanche, 17 mars 2013

Ca bouillonne.

Je veux lire, je veux écrire, je veux créer.

Ca bouillonne, comme dans une marmite. Au lieu de cela, je fais des courses, je travaille, je prends le métro et le bus, je mange à la cantine, je bois des cafés, je me lève trop tard, je change des couches, je lave les sols, je discute avec mes voisins, je donne le bain, je prépare des biberons, je chante des chansons, je masse les petits pieds de R.

Je me demande bien qu’elle aurait été la vie de Virginia Woolf si elle avait eu des enfants.

Je me demande aussi combien de femme écrivains n’ont pas écrit une ligne, ou si peu, parce qu’elles ont tenu un foyer, préparé des rôtis et fais la poussière.

J’admire celles qui créent et qui assurent sur le reste. Respect.

Il faut grignoter du temps partout. Il ne faut pas perdre de vue le but : prendre soin de soi. Prendre soin de sa propre créativité, de son propre souffle et ne pas s’épuiser.

Je veux lire le Récit d’un naufragé, de Gabriel Garcia Marquez, et tous les Joe Sacco, comme conseillé par Clem.

Je veux voir le dernier Bacri/Jaoui, qui va me plaire, peut être autant que Wadjda.

J’aimerai écrire autre chose que mes articles. Une enquête, un dossier, du costaud, du lourd comme on dit dans le métier, ou un livre, un documentaire, un roman, léger comme une bulle d’air.

Je veux avoir une vie plus créative que mon métro-boulot-dodo.

Ca bouillonne, il faut que ça sorte !

 

 

 

vendredi, 8 février 2013

Mieux faire son travail

En ce moment, je suis partie sur un grand chantier : je cherche comment mieux faire mon travail. L’écriture, l’écriture journalistique d’autant plus, requiert beaucoup de qualités : de la rigueur, de la construction, de la simplicité, un côté didactique, et bien sûr, une « plume », un gout pour les mots, le travail du texte.

Je suis bien en deçà de tout cela ! Alors, je cherche à m’améliorer, je lis des livres, sur l’écriture ou sur des journalistes (en ce moment, de Françoise Giroud, "Une femme libre", extra !) et je peaufine comme je peux mes propres écrits. Mais je suis parfois rattrapée par le temps : il y a tant à produire et si peu de temps pour le faire ! J’écris 10 articles et rubriques dans le mois. Je m’épuise à chercher un contact par ci, vérifier une info par là, relire un texte et m’apercevoir, horrifiée, que j’ai encore laissé passer une inexactitude. Cela me renvoie de plein fouet à ma médiocrité. Mais je ne me laisse pas abattre.

Je veux mieux faire mon travail.

Alors je cherche : des cours du soir, des formations, des groupes, qui me permettraient de m’améliorer. D’être une meilleure journaliste. Et cette perspective me motive et me pousse.

jeudi, 13 septembre 2012

La trouille

Ca mouline, ça mouline, dans ma petite tête en ce moment.

Je me pose plein de questions : dois-je rester dans ce boulot que j’aime, où j’ai de bonnes conditions de travail, mais où je subis des pressions ?

Dois-je partir ailleurs, faire d’autres rédactions, alors que j’ai une trouille monstre ?

Suivant le moment de la journée, le matin ou le soir, je me pose la question.

Et je penche d’un côté ou de l’autre.  

J’ai peur de l’inconnu, j’aimerai qu’on me rassure.

La précarité me rend malade, rien que de repenser à ces années de plomb, où j’ai mangé des cailloux, comptant chaque centime, j’ai mal au ventre. Plus jamais, ne pas savoir comment on va payer le lendemain.  

Bien sûr, rien ne me pousse à bouger, pour l’instant du moins.

Mais je sens que je me glisse dans mon travail comme dans des chaussons un peu usés. Je m’y sens bien, un peu à l’étroit mais confortablement installée.

Au travail, j’ai un petit coussin pour mon dos, ma plante verte. Je fais rire mes collègues. Au travail, je peux regarder tout un documentaire ou une émission sans être dérangée. Tout juste une collègue me fait signe pour m’indiquer que mon téléphone sonne. Au travail, j’écris bien sûr, beaucoup je crois, entre 30 000 et 70 000 signes, soient 6 ou 7 articles et rubriques par mois. Mais rien ne me pèse, si ce n’est, bien sûr, le terrible P.

Il y a trois ans, si on m’avait proposé de partir, je l’aurais peut être fait.

J’étais boostée, je me pensais invincible.

Trois ans plus tard, je me sens bien moins capable.

J’ai un email dans ma boite mail depuis plusieurs jours. Il s’agit juste d’appeler un rédacteur en chef pour le rencontrer. Mais j’ai la trouille.

Une trouille immense. Je ne sais plus qui m’avait dit : « Quand on a la trouille, c’est un signe qu’il faut y aller. »

 Hum.

Pas si sûre.

 

 

mercredi, 23 mai 2012

Personne

Personne, personne, il n’y a personne au travail.

Il est 10h et les journalistes sont soient en RTT/vacances (pour solder les jours avant fin mai) soient arriveront plus tard.

Je suis seule et je profite.

Lis un livre pour préparer une conférence sur laquelle je travaille.

Vide ma boite mail qui n’en peut plus.

Je traine sur FB (ouh c’est mal)

Je me demande quelles questions je vais poser au médecin que j’interview tout à l’heure.

Bon, la banalité d’un jour en somme.

Mais quel calme !

 

dimanche, 25 mars 2012

Pas peu fière

...

mardi, 6 mars 2012

Oyez Oyez

Le reportage d'Y. est programmé!

Il passera le 18 mars.

Pour ceux que ça intéressent, bien sûr!

jeudi, 23 février 2012

Se souvenir

Je surnage un peu.
Me renforce comme je peux, avec ma confiance en berne.
La nuit, je fais des cauchemars qui me laissent en nage : je rêve que je suis engloutie, embarquée contre mon grès, que je percute des gens sur la route dans une course folle.
J’essaye de ne pas perdre le cap, d’être ce roc, en apparence du moins, que j’ai toujours été.
Je retrouve le gout du travail bien fait, met un point d’honneur à être plus qu’irréprochable.
Le soir, avec Y. on fume une cigarette.
On parle du travail, de nos projets, des prochaines vacances qu’il faudrait organiser.
En ce moment, j’ai peur pour lui aussi, peur qu’il reparte, alors que c’est son travail. Souvent, dans mes cauchemars, il n’est pas rare qu’il soit justement absent, parti au loin. 
Heureusement qu’il y a les amis aussi, qui passent et s’incrustent le soir ou les week-ends. Pour ça, je bénis notre volonté de ne pas nous être trop éloignés de la capitale. On rajoute des chaises et des assiettes, on remonte une nouvelle bouteille de la cave, on module nos soirées avec les arrivées et les départs des uns et des autres.
Il a R. aussi, son enthousiasme à faire les choses, bêtises compris.
J’aime son attitude, pleine d’allant, pleine de vie, son opposition farouche à toute contrainte et sa capacité à jouer de tout. Il y a l’extraordinaire odeur de son cou, les baisers dont je couvre ses mains potelées, il y a la douceur de son ventre et mes doigts qui se perdent dans ses cheveux blonds.
Il y a mes souvenirs qui reviennent.
Un jour, j’ai descendu en rappel une falaise de 80 mètres.
Je suis capable, j’ai été capable, de faire certaines choses.
Je dois m’en souvenir.

mercredi, 15 février 2012

Au travail!

J’ai commencé à lire une BD, de ce jeune homme, sur le fonctionnement de cette rédac’ mythique.

Je me souviens d’être allée une fois au 11 rue Béranger, pour y retrouver une journaliste que j’admirais et qui y travaillait. Je me souviens de la drôle d’impression du sol en pente sous nos pieds, la salle du hublot et bien sûr leur incroyable terrasse dominant les toits parisiens. Je me souviens aussi d’elle, qui prenait un café à la machine juste devant moi, avant qu’elle ne parte et moi qui hésitait à me jeter à ses pieds pour la bénir d’exister et d’écrire de si bons papiers.

Je me souviens de tout cela et ce que je lis me donne des ailes.

 

dimanche, 12 février 2012

Drôle de week-end

Merci pour vos mots.

Ce matin, alors qu’on était dimanche, je me suis réveillée d’un coup à 6h du matin, stressée… par ma réunion de lundi matin !

 

Hier, après mon déversement sur le blog, je me suis sentie un peu mieux.

Il faut dire que le week-end était là, après mon éprouvante semaine.

 

Je suis désolée pour ceux qui trouvent ça un peu décousu, ou qui ne comprennent pas tout. Toujours est-il que je n’ai pas pu obtenir ma mobilité, comme je le souhaitais.

Mais le ciel m’est tombé sur la tête quand j’ai compris ce qu’il se passait, que le chefs n’étaient plus les mêmes et qu’il faudrait faire avec.

Le problème aussi, c’est que plus que jamais, la promotion aura bien lieu.

 

Un poste est vacant au dessus de moi.

Pour travailler… en direct avec P.

Or, cela fait tant de temps que j’assume des tâches transversales dans mon travail, tout en continuant à bien gérer le quotidien, que sans que j’en sois prévenue, mon nom est revenu plusieurs fois.

Suffisamment en tout cas, pour que P. ai l’impression qu’on lui force la main.

D’où son agacement.

Dont il m’a clairement parlé.

 

Je n’ai pu que me confondre en excuses, lui expliquer que j’étais très bien à ma place, que je comprendrais qu’il choisisse quelqu’un d’autre, que je serais ravie de travailler quand même.

 

Cela n’a pas eu l’air de le calmer.

Depuis, mon amour me supplie de refuser cette promotion plutôt que de continuer à rentrer dans l’état ou je rentre.

Moi je n’en suis même plus à rêver d’un autre poste.

Je veux juste faire mon boulot sans subir les remarques fourbes de P.

 

Il va falloir que je me calme.

Il va falloir que je prenne sur moi. Il va falloir que je m’entoure, des bonnes personnes.

Il va falloir que j’arrive à répondre, moi qui n’ai jamais répondu.

Tout cela sera un long apprentissage.

Sinon, je vais exploser en vol.

Et tout le monde se dira : « M’enfin, elle est folle celle-là, non ? Et dire qu’à un moment, on a failli lui confier des responsabilités ! Ouf, on a eu chaud ! »

 

Hier, j’ai fait un premier petit geste, pour moi. J’ai reconduis mon abonnement cette revue.

L’après-midi, j’ai pris deux livres sur le harcèlement à la bibliothèque, bien que je ne pense pas que ce soit du harcèlement, peut être juste ma peur qui me domine et contamine ma vision.

 Cet après-midi, des amis passent, nous partagerons un thé, un dîner, pour ne pas me laisser isoler.

Et je continuerais à vous donner des mots là, parce que je cela me fait du bien, beaucoup de bien.

 

 

samedi, 11 février 2012

Le retour du travail

Je reprends le fil, lentement.

Il n’est pas possible de parler d’autre chose sur ce blog.

Le sujet m’étouffe, s’empare de mon esprit et m’empêche de penser.

 

 

J’ai passé ma semaine à pleurer.

Quasi quotidiennement.

 

Il faut dire que mon nouveau chef n’est pas tendre.

Pour une raison obscure, P. ne m’aime pas.

Ca se voit, ça se sent en entretien, quand il ne m’écoute pas sur mes expériences passées et sur mes tâches actuelles.

Je dis amen à tout, apeurée, bientôt terrorisée.

Il souffle le chaud et le froid et je me sens prise dans la tempête.

 

Nous n’avons pas encore commencé réellement à travailler ensemble, mais déjà, je me sens sombrer.

 

Est-ce parce que j’ai déjà vécu, plus jeune, des expériences de harcèlement, que je réagis si mal à ses piques, ses réflexions, ses regards et son attitude ?

 

Le soir, je ne pense qu’à ça.

 

Résultat, je pleure dans le métro sur le trajet du retour, je pleure sous la douche et je ne fais qu’y penser.

Je me lève avec P.

Je mange avec lui.

Me douche avec lui.

Je m’endors avec lui.

 

Si je ne suis pas en train de « faire » quelque chose ou de détourner mon attention, comme en regardant un film, je suis en train de penser au travail.

 

Stressée.

Angoissée.

Le ventre tordu.

 

Pendant les entretiens, les réunions,  je me sens nulle, je bafouille, je n'arrive pas à prendre des notes correctement. 

Revenue à mon ordinateur, je n'arrive plus à écrire.

Pourtant, il faut écrire.

Le magazine ne se fera pas comme ça.

Je sais qu'il va falloir faire un effort surhumain pour surmonter ma peur, et je sais aussi que je n'y arriverais pas seule.

Mais d'ici là, je sens que je vais devoir parler du travail ici.

J'en suis désolée d'avance.

 

mardi, 31 janvier 2012

L'annonce du départ

Au travail, l’annonce du départ de mon chef a fait l’effet d’un tsunami, balayant tout.
Et puis, la journée a passé dessus.
Je suis partie au yoga.
Je suis revenue, discuter avec Y. Nous mettons en regard nos deux actualités du jour.
La sienne est pire. « Il laisse derrière lui une petite de deux ans. Deux ans ! Tu te rends compte ? » Il ne s’en remet pas.
Nous discutons.
De fil en aiguille, la discussion vire au rapprochement des corps.
Je fais l’amour avec rage. Comme si toutes les nouvelles du jour avaient libéré une libido folle.
On s’endort dans un sommeil lourd et sans rêve.



vendredi, 2 décembre 2011

Au bout du Monde

Aller tout au bout du monde, dans les locaux du mythique journal.

Retrouver O. ses yeux bleus, son sourire.

Il fait beau. Au restaurant, parler du métier, de nos médias, de la pratique qui évolue, de nos ressentis, nos frayeurs respectives. Celui avec qui je parle a 30 ans de maison, un œil acéré et un talent génial pour chercher et angler la bonne info. Il découvre avec stupeur l’existence de Y. après toutes ces années. Il rit de bon cœur et moi aussi. Je me demande avec qui il me voyait.

Moi je lui parle de mes peurs, la principale, celle de réussir.

Je ne sais pas pourquoi j’ai besoin de confronter ainsi mon ressenti, juste pour l’entendre me recadrer, avec sa voix grave et ses yeux rieurs.

Il a raison, il faut retourner au plus près de soi.

De ce qu’on aime faire, de ce qui nous fait vibrer.

Mais je me sens encore fragile dans mes choix.

Je suis surprise en ce moment d’entendre parler de moi sans moi.

On chuchote dans les hautes sphères, mais personne ne m’adresse la parole directement. A croire que j’entends des voix.

« Cette jeune femme, très dynamique… Vous savez là…. »

Mercredi prochain, j’ai rendez vous avec le DRH. Je ne sais pas encore bien tout ce que je voudrais leur dire, mes envies d’évolution, ma rage de progresser. Est-ce que tout sera entendu ? J’ai peur de rester où je suis, peur de m’encroûter, de m’enliser, de ne plus apprendre. J’ai peur de bouger, peur de l’imposture, peur d’être propulsée trop loin, trop haut et de faire des bourdes.

Il fallait bien aller au bout du monde pour parler de tout cela.

 

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