Une bibliothèque ou le cabinet de curiosité


J’aime les bibliothèques.
J’aime leur quiétude, quand le seul bruit que l’on perçoit est le cliquetis des doigts des étudiants sur les claviers d’ordinateur, ou le journal tourné par un vieux monsieur.
J’adorais les bibliothèques lyonnaises, je me suis laissée charmée par les petites bibliothèques de Tours ou les vastes usines à livres de Strasbourg. Dans celles de Barcelone j’ai apaisé un peu les affres de ma dépression. J’y arrivais tôt, vers 16 heures, après le travail, et je restais jusqu’à la fermeture, jusqu’à 21h, avant de rejoindre ma colocation maudite dans la banlieue de Badalona.

Depuis que je suis à Paris, je rayonne. Quel choix, quelles différences les unes avec les autres, quel délice d’être un jour dans le quartier des affaires, le lendemain à la Goutte d’Or. Celle où je me trouve cet après-midi se trouve dans le Muséum d’Histoire Naturelle ; j’y trouve les ouvrages dont j’ai besoin, mais je me sens encore mieux qu’ailleurs. Les gens qui sont ici sont des pairs en quelque sorte. Ils étudient la biologie ou la zoologie, comme j’aurais aimé le faire si mes connaissances limitées (et donc handicapantes) en physique et en maths ne m’avaient pas empêchée de le faire. Je me sens bien, face aux vitrines du cabinet de curiosité, les scarabées dorés bien rangés, les phasmes femelles écartelées, les papillons épinglés, la grande dent du narval, qui monte jusqu’au plafond dégoulinant de stuc, le calaos sec suspendu dans l’air par d’invisibles fils de nylon. Je me sens bien au milieu des atlas poussiéreux, supportant le monde. Je me sens bien entre les revues amies, les publications scientifiques austères dont il faut sortir la substantifique moelle.
Par delà la baie vitrée, on voit d’un coté les allées du Jardin des Plantes, de l’autre la grande Mosquée, toute de blanc et de vert foncé. Quel bonheur simple quand même la bibliothèque, et quel bonheur gratuit ! PS : Traversé trois arrondissement (5è-6è-7è)ce soir, via le boulevard Saint-Germain. Suis passée à travers les étudiants de Jussieu, et ceux de la Sorbonne. Ai lêché les boutiques Armani, et Custo, compté mes sous devant les librairies de la rue des Ecoles. Enfin, ai vu le soleil se coucher sur les Invalides, quasi mon point d'arrivée (le Conseil Régional d'Ile de France, pour ceux qui connaissent) Une grande balade, rosie de froid, dans ce Paris immense...

Commentaires

1. Le vendredi, 23 mars 2007, 17:18 par Leeloolene

Ce lieu me fait rêver. Quand j'ai pu entrer dans ses entrailles plusieurs fois avec des gens qui y bossent, j'ai tout de suite regretté de ne pas avoir continuer mon idée d'une carrière scientifique.
J'aime les planchers qui craquent, les bestioles dans des bocals à chaque recoin des vieilles étagères surchargées. Les scientifiques fous...
J'aime bien que par ton texte je replonge un peu dans cet atmosphère. Tient voilà... un jour où je serai à Paris on ira toutes les deux au Muséum :)

2. Le samedi, 24 mars 2007, 01:40 par Oxygène

J'adore le Museum ! C'est un de mes musées préférés parce qu'il m'émerveille et que j'y redeviens une petite fille Quelle luxe de pouvoir accéder à sa bibliothèque ! Profites-en bien.

3. Le samedi, 24 mars 2007, 13:43 par Marloute

Oui, le Muséum. Moi aussi quand j'habitais à Lyon, la seule et unique chose qui m'intéressait quand je venais à paris, c'était le Museum... Ca et le quai de la Mégisserie, avec toutes les bébettes. Une fois, j'ai même vu un Wallabi en cage, et des serpents pas très autorisés dans des vivariums sombres... Tu sais Oxygène, ce n'est pas un luxe, je crois que la bibliothèque est ouverte à tous... en tout cas à certains horaires! Un jour on s'y fera un picnique! Un bloguepiquenique!
4. Le dimanche, 25 mars 2007, 15:28 par Oxygène

Pourquoi pas ?