Insomnie et désir d'enfant

Nuit d’insomnie, pas facile à gérer.
Des gens dorment dans mon salon, Y. à mes cotés.
Je ne me sens pas bien.

Le matin, j’en veux à la terre entière, et ne sais pas vraiment ce qui contribue à ma tristesse. Peut-être la discussion d’hier avec les amis, juste avant de se coucher, entre la brosse à dent et la pilule. Je regarde ma tête dans le miroir, juste avant de prendre la pilule. A haut voix je dis « Vivement que j’arrête de la prendre ! » Silence que je perçois comme agressif dans mon dos. Y. ne veut pas d’enfant tout de suite, et le couple d’amis en question, eux, sont carrément contre. L’un et l’autre prononcent des paroles comme : « Un enfant c’est pas une peluche,(…) t’en prends pour 20 ans, (…)c’est la société qui te dicte de désirer un enfant, au fond ce n’est pas ton désir » et me regardent comme si j’étais une demeurée. Je me souviens d’une autre discussion, avec eux toujours, il y a des années, où j’étais déjà avec Y. Je me souviens d’avoir dit que mon sentiment de solitude et d’abandon serait sans doute calmé par la présence d’un enfant à élever. Ils avaient poussé des hauts cris, comme si j’avais déjà fait l’enfant dans le dos de mon ami. Depuis, les années ont passé. J’ai plongé lentement dans une lourde dépression. J’ai quitté Y, un an. J’ai commencé une analyse tout de suite après ma rémission de la dépression. Et mon désir d’enfant est toujours là. Et j’ai 26 ans, et leur rejet me met en colère.

Pourquoi n’y a-t-il pas de place autour de moi pour dire ce désir ? Pourquoi est ce que je passerai pour une « suiveuse de tendance » en écoutant ce qui se passe au fond de moi ? Pourquoi fait-on forcément une mauvaise mère si, oui, on a un énorme complexe d’abandon, et si quand même, on prend sur soi et on continue à prendre sa pilule sagement ? Pourquoi moi, je ne sais pas répondre à ce genre de propos qui me blessent et pourquoi je me vois fuir dans le silence de la couette ? Alors, je reste seule avec cette envie, comme une honte.

Et pourtant, je sais au fond de moi que je vais m’affermir. Bébé ou pas un jour, je m’affranchirai des gens comme eux, ceux qui disent, qui parlent. Je saurai m’entourer de ceux qui me complètent et me soutiennent, plutôt que d’avoir à lutter contre plus obtus que soi. Grandir, s’affranchir, c’est aussi taper du poing sur la table. C’est aussi dire merde aux autres et accueillir la vie, tant pis si les conditions ne sont pas réunies pour aller au-delà, pour apporter la perfection, le summum de ce que l’on veut apporter à l’autre…

Je suis triste et fatiguée aujourd’hui. Je ne gère pas tout, je me sens petite et nulle.


Commentaires

1. Le vendredi, 23 février 2007, 19:07 par captaine Lili

Honteux un desir d'enfant ? Si je pouvais, j'en ferais plein ! Ce n'est malheureusement pas encore le moment, c'est tout... T'as le droit d'en avoir envie, meme en sachant que ce n'est pas une peluche ! T'as 26 ans, pas 15 ! Pardon, je m'excite,mais ça me fait bondir les propos de tes amis... quel droit ils ont eux d'affirmer que vouloir un enfant, c'est suivre la societe ? Et puis, et alors ?
J'espere que tu ne m'en voudras pas de ce coup d'eclat...

2. Le samedi, 24 février 2007, 13:53 par clem

Je pense effectivement qu'on est plus né pour se reproduire que pour aller à la Fnac. Et que pour moi, plus avoir envie d'aller à la Fnac que de faire des enfants, c'est ça qui s'appelle être conditionné. Rappelle toi cette conversation si passionnante avec Michel de LP l'autre jour. Il avait raison : on doit se questionner sur notre désir d'avoir des enfants, ne pas les faire machinalement, pour faire comme tout le monde. Mais si le désir est si fort qu'il a l'air dêtre chez toi, alors fonce. Et moi je pense même qu'il faudrait ne pas attendre de réunir toutes les conditions parfaites pour accueillir l'autre. La vie passe bon dieu!!!!!!!!

3. Le samedi, 24 février 2007, 17:17 par Marloute

Merci les coupines bloggeuses!

Ca fait du bien de recevoir un petit message de remontant. Je crois que suite à cette soirée, j'ai été triste toute la journée, et j'ai pu pleurer tout mon soul chez la psy. Et puis le soir, j'ai revu les amis. Ils m'avaient fait à manger, ils m'ont parlé d'eux, un peu, de leur non désir à eux, si fort, et j'ai compris que ce n'était sans doute pas tout contre moi, et que beaucoup de leurs craintes émanaient seulement d'eux. C'est bizare comme des fois on se sent sur les dents, plus fragile que d'habitude...
Allez, je vous promet des post de grosse déconnade par la suite... Tiens, demain, c'est le défilé du Nouvel An Chinois! Je ferais des photos! Ca va être sympa!

4. Le dimanche, 25 février 2007, 02:38 par Oxygène

J'arrive un peu tard mais bien contente de voir que tu es sortie de ta tristesse. Ca me paraît très humain ce désir d'enfant...Sais-tu que tu es humaine Marloute ?

5. Le dimanche, 25 février 2007, 09:26 par clem

ah tu as de la chance d'aller au défilé du nouvel an chinois! c'est toujours bidon mais c'est pour l'ambiance! pour moi aujourd'hui, ce n'est pas le défilé de dragons dansants mais celui de caractères chinois devant mes yeux!.... pffffffffffffffffffffff (mon soupir a la force du vent d'aujourd'hui)