le Flow

Alors que je pensais que j’étais en colère contre R. et ses crises répétées, j’ai réalisé soudain qu’en fait non. Ses crises disproportionnées et ma façon d’y répondre m’ont mis la puce à l’oreille : ma petite fille n’était pas vraiment en colère. Un soir, je lui ai demandé : est ce que tu as peur que je ne t’aime plus ? Ses yeux se sont éclairés d’un coup, comme si je l’intéressais vraiment. Je lui ai demandé si elle était triste. Elle m’a répondu oui encore, puis m’a dit que cela se voyait que j’aimais plus L. qu’elle. J’ai du lui raconter, en quelques mots les conditions de sa naissance et mon mal-être qui a suivi. Elle m’a demandé, le plus sérieusement du monde, quand est ce que j’avais commencé à l’aimer. J’ai du lui dire que ce n’était qu’au bout de plusieurs mois. Et que j’étais sur de mon amour pour elle seulement depuis ses deux ans. Elle n’a pas paru bouleversée par mes paroles alors qu’en m’écoutant, mon cœur se fendait en deux.

Depuis, nos relations se sont apaisées. Elle est moins sur la défensive. On la sent plus sereine, plus sure de mon amour. Et moi, je m’autorise plus à la toucher, à l’embrasser. J’y prend plus de plaisir. Comme si notre relation avait pris un tour nouveau, plus sain et plus évident.

Le stage de samedi est venu couronner ce renouveau. J’ai appris encore, sur moi, sur les enfants. Je me rends compte qu’il y a beaucoup de petits signes que je dois encore apprendre à décoder. Que je dois définitivement apprendre à mieux me connaître et à m’écouter, pour pouvoir mieux m’occuper de mes enfants.

Ce samedi, j’ai dû dire pourquoi j’appréciais d’être maman. J’ai dit  – à ma grand surprise – que depuis que je suis maman, ce que j’apprécie le plus, ce sont ces moments de plénitude, je dirais même de flow, quand j’ai le sentiment de faire mon job de mère et de bien le faire, d’être à l’aise, avec mes trois enfants.

Je ne pensais pas ressentir cela un jour, au vu de mes difficultés.

Pourtant, je le reconnais, cet état est la plus belle chose qu’il m’ait été donné de connaître.

Commentaires

1. Le mardi, 14 juin 2016, 06:30 par Valérie de Haute Savoie

Dire à ta fille ce qui a été et ce qui est, malgré la douleur que cela a engendrée pour toi, c'est le plus grand cadeau de vie que tu pouvais lui faire.

2. Le vendredi, 17 juin 2016, 12:47 par Anita

Valérie a raison, ta franchise est Le cadeau de vie. Même si cela a dû être pour toi très douloureux. C'est assez bouleversant je t'assure de lire ton billet.
Je vous souhaite à toutes les deux une belle relation.
Bonne journée !

3. Le mardi, 21 juin 2016, 23:55 par Oxygène

Tu as trouvé la bonne clé. C'est le fruit de toutes ces années de travail sur toi-même. Et ce n'est pas donné à tout le monde.