Maman
Par Marloute le vendredi, 22 mai 2015, 21:34 - General - Lien permanent
Je suis partie à 19h de mon travail, (heure à laquelle normalement je rentre chez moi pour prendre le relais de la nounou auprès des enfants).
Je suis partie en courant, en laissant tous mes dossiers étalés, les articles à moitié terminés envoyés en catastrophe sur mon mail personnel, pour pouvoir les retravailler ce soir. Je suis rentrée en maudissant Y. de terminer, systématiquement plus tard que moi, et qui ne s’en fait pas, lui. Je suis rentrée, dans le bus bondé, debout, compressée, écrasée, j’ai couru, pour être à l’heure. Quand je suis arrivée, heureusement, E. la nouvelle nounou, avait baigné les enfants. Mes filles étaient en pyjama. L’une avait fini de manger, l’autre terminait son repas. La nounou partie, je suis allée coucher L. Toutes les deux dans la chambre, je lui donnais son biberon. Elle s’est amusée avec, le penchant au dessus de sa tête, pour que quelques gouttes l’éclaboussent. Je protestais mollement contre son expérience, curieuse moi aussi de voir ce qu’elle cherchait à faire. Elle buvait, puis soulevait le biberon au dessus de son visage jusqu’à ce que le lait coule. Je regardait les gouttes, blanches, d’un blanc éclatant, qui coulaient, de sa joue, jusqu’à son cou et qui tâchaient ma jupe noire, la très grande jupe noire à volant que je mets souvent en ce moment. Je me suis dit que ce n’était pas grave, de voir ce lait sur ma jupe noire et j’ai juste enlevé le biberon des mains de L. qui visiblement n’avait plus faim. J’ai couché ma toute petite, m’enivrant de son odeur de bébé, endormie à moitié sur mon épaule, suçotant ses doigts, ma petite fille qui sent la bave et le lait, le petit pot industriel et le savon. Je me suis dit que c’était vraiment une folie, que ce rythme-là, que cette vie-là, ces journées à rallonges, ces heures qui n’en finissent pas.
Ce soir, dans notre grand lit, ’ai lu à R. la suite du livre de la jungle, dans la version de Disney. Trois pages tous les soirs. Nous arrivons à la fin, quand Shere Khan le tigre va dévorer l’enfant sauvage. R. se blottie contre moi. Nous lirons la suite demain. Je la porte jusqu’à son lit. Il est 21h30, Y. n’est toujours pas, il faudrait que je termine ce travail, pas terminé tout à l’heure, dont je n’ai ni le courage ni l’envie. Je voudrais m’endormir dans l’odeur de mes filles, m’enivrer de leurs petits visages poupins et ne jamais me réveiller.
M’endormir pour toujours dans leur senteur de bébé, moi qui régulièrement, m’étonne encore d’être leur maman.
Commentaires
ah ça tu t'étonneras encore longtemps d'être leur maman, longtemps crois moi :D
Pour me consoler d'être toujours celle qui lâchait son travail pour aller chercher les enfants, je me disais que tous ces moments là, privilégiés, avec mes tout petits, JP ne les aura pas savouré. Ce sont des moments si fugaces et qui ne reviennent pas...
Oui ! Sur le moment, je suis toujours frustrée de quitter, surtout quand tu es en pleine écriture, suffisamment inspirée, et que tu dois t'arrêter en plein milieu. Mais le plaisir d'être auprès d'elles l'emporte ensuite...
Tes filles seront certainement très émues de lire ce billet si tendre. Plus tard.