L'attente

A commencé la douce période d’attente, celle que je n’ai pas connue pour R.

Cette attente tranquille, celle du temps du bébé, du temps de l’accouchement. Tout est presque prêt pour l’accueillir : j’ai quasi tout ce que je voudrais, certaines choses manquent mais je me dis qu’on s’en passera, (par exemple, j’ai perdu ma « turbulette » en taille naissance, impossible de savoir à quelle copine je l’ai prêtée en dernier…Je retourne ma mémoire et l’appartement et ne trouve RIEN ! ) que ce bébé dormira un temps sans ceci ou qu’il survivra sans cela. Le plus étrange dans cette période est de me dire qu’il faudra me faire confiance. Or, je n’ai pas confiance en moi. Je pense être physiquement incapable de mettre au monde un enfant. J’ai du mal à comprendre la doula et la sage-femme, qui me répètent avec des mots doux : « Tu sauras faire, ne t’inquiètes pas, laisse-toi guider par tes sensations ». Je n’arrive pas à me lâcher, moi qui suis toujours vigilante, dans un hypercontrôle quasi maladif. Il faudra se lâcher profondément pour cette naissance, laisser venir les choses, ne rien contrôler, pour que s’ouvre largement le passage qui doit permettre la sortie du bébé… Au lieu de cela, je suis dans l’organisation, je me repasse en boucle des positions, des conseils, je potasse des livres, je me dis : mais comment, comment font celles qui l’ont fait ? C’est un grand mystère que j’aimerai percer.

J’ai peur que les traumatismes anciens remontent et bloquent la progression du travail. J’ai peur d’être seule, peur d’à nouveau ne pas être respectée, j’ai peur de ne pas voir sortir mon bébé et ne pas reconnaître, au sens mammifère du terme, ce petit être, comme je n’ai pas réussi à reconnaître R. comme ma fille, « dans mes tripes ». A chaque contraction douloureuse qui survient, dans le bus, dans la rue, je sursaute, je souris, je caresse mon ventre : ainsi c’est vrai, mon bébé s’en vient, il va vraiment arriver un de ces jours, quand ? Je n’arrive pas à croire que j’aurais le droit de tout faire : de prendre un bain chaud, de manger, de boire, de déambuler, de crier, de rire, de danser, de pleurer et de me plaindre. Cette perspective, comme un cadeau divin, me ravit. J’oscille ainsi, de la plus grande joie à la plus grande inquiétude, de la quiétude la plus parfaite à l’abattement. Mais n’est ce pas normal aussi, ce mælstrom de sentiments, quand démarre cette période, cette douce période, d’attente ?

Commentaires

1. Le mercredi, 2 avril 2014, 22:42 par clem

Une chose est sûre : tu écris de sacrés beaux post durant cette période! Et une autre chose est sûre : tu es tout à fait capable d'accoucher par voie basse et d'aimer ton bébé! Ton questionnement est fondé et bénéfique.
Moi aussi j'ai potassé l'accouchement comme un examen, j'avais même fait des fiches (que j'ai amenées à la maternité) pour m'y retrouver dans toutes les respirations! Mais finalement, même débordées, les sages-femmes étaient là pour m'aiguiller!
FAIS TOI CONFIANCE!!!!

2. Le jeudi, 3 avril 2014, 06:39 par valérie de Haute Savoie

Je ne sais quoi te dire, chaque naissance est unique et on ne peut pas prévoir comment cela se passera. La seule chose que je peux te dire, c'est que quoiqu'il se passe tu ne seras pas "en faute". J'espère que les personnes qui seront avec toi à cet instant, seront respectueuses de toi et que ton angoisse s'envolera.
Comme le dit Clem, tu peux avoir confiance en toi, tu as prouvé mainte et mainte fois que tu étais une bonne mère, puisque justement tu te poses des questions, que tu te mets en question constamment, que ta petite R. est plutôt une petite fille épanouie et heureuse. Alors, relâche la pression, vis ces derniers moments unis tranquillement, le jour venu tu y arriveras, quelques soit la façon dont cela se passera.

3. Le jeudi, 3 avril 2014, 13:43 par Leeloolène

D'un point de vue tout à fait extérieur, n'ayant pas encore "enfanté", je te dis juste que tout le travail que tu as fait, toutes les explorations que tu as tentées, creusées... eh bien toutes ces petites choses t'aideront dans cette naissance. Tout cela aura servi à mettre des mots sur tes angoisses, tes peurs, tes doutes. Et mettre des mots, c'est déjà 90% du boulot pour faire mieux !!
Ce sera de toute façon différent, donc forcément quelque chose de nouveau.
Ca va le faire ! Et ça va BIEN le faire ;)
Plein de bisous forts.

4. Le jeudi, 3 avril 2014, 13:43 par Leeloolène

D'un point de vue tout à fait extérieur, n'ayant pas encore "enfanté", je te dis juste que tout le travail que tu as fait, toutes les explorations que tu as tentées, creusées... eh bien toutes ces petites choses t'aideront dans cette naissance. Tout cela aura servi à mettre des mots sur tes angoisses, tes peurs, tes doutes. Et mettre des mots, c'est déjà 90% du boulot pour faire mieux !!
Ce sera de toute façon différent, donc forcément quelque chose de nouveau.
Ca va le faire ! Et ça va BIEN le faire ;)
Plein de bisous forts.

5. Le vendredi, 4 avril 2014, 19:08 par Oxygène

Je me suis posé les mêmes questions que toi pour constater par la suite qu'elles n'avaient pas leur place parce que ce moment est si intense qu'il engloutit tout le reste. Tu feras ce que tu devras faire, au bon moment, comme tu l'as appris et tu vivras un très joli bonheur.

6. Le vendredi, 4 avril 2014, 19:09 par Oxygène

Je me suis posé les mêmes questions que toi pour constater par la suite qu'elles n'avaient pas leur place parce que ce moment est si intense qu'il engloutit tout le reste. Tu feras ce que tu devras faire, au bon moment, comme tu l'as appris et tu vivras un très joli bonheur.

7. Le vendredi, 4 avril 2014, 19:10 par Oxygène

Leelolene, il y a là un blog qui double les commentaires. Peut-être devrais-tu sortir ta boîte à outils. :-)

8. Le vendredi, 4 avril 2014, 19:37 par Leeloolène

La dernière mise à jour Dotclear que j'ai faite ce week end qui semble avoir quelques bugs... Je ressortirai ma caisse à outils dans le we pour regarder ce qui cloche :)

9. Le vendredi, 4 avril 2014, 21:33 par Marloute

Merci à toutes pour vos commentaires qui me rassurent ! Et merci au bug de dotclear, qui, en doublant le commentaire, me rassure encore plus, comme un encouragement ! ;)