Je pense à elle
Par Marloute le vendredi, 1 février 2013, 19:50 - General - Lien permanent
Ce soir, je rentrais tôt, je voulais faire deux choses : passer à la fnac acheter un petit guide sur le Portugal, au cas où il nous nous faudrait changer notre fusil d’épaule pour nos vacances prévues, et faire la surprise à R. d’aller la chercher plus tôt, alors qu’elle est toujours le dernier enfant à partir.
Il n’en a pas été ainsi.
Alors que je m’apprêtais à sortir de Saint-Lazare, j’ai été intriguée par une scène : un jeune homme tenait la tête d'une jeune femme, qui rentrait dans les épaules. A un mètre, un père et sa fille se tenaient prêts à appeler la police. Je me suis arrêtée aussi. Me suis rapprochée le plus possible, de l’agresseur et de l’agressée. J’ai parlé doucement à la jeune femme, doucement, je lui ai demandé si elle avait peur. Elle ne pouvait pas parler. Pas pleurer. Elle n’a fait que hocher la tête. Je me suis retournée vers l’homme, qui faisait de grands gestes, comme si je n’étais pas là. Mais je me suis rapprochée encore, jusqu’à la coller. Ensemble, avec le père, sa fille et moi, nous avons formé un rempart, à la fois souple et lâche, pendant que le jeune homme sentait qu’il ne pouvait plus atteindre la jeune fille, plus la malmener… devant tant de témoins. Il tempêtait, s’énervait…. Nous avons appelé la police et il a finit par s’éloigner, grondant et menaçant. La jeune femme voulait rentrer chez elle, alors je l’ai raccompagnée sur le quai. Ensemble, nous avons descendu les nombreux escaliers et elle pleurait par intermittence, des pleurs brefs et effrayés. Je lui parlais doucement, lui disant de se mettre à l’abri, qu’elle avait bien fait, que c’était difficile, que c’était normal d’avoir peur, quand une grosse masse comme lui vous criait dessus. Je suis allée parlementer avec les contrôleurs, pour que le conducteur accepte de la prendre avec lui dans la cabine, au cas où l’autre fou l’attendrait, tapis là, sur le quai… Je n’ai rien pu faire d’autre, lui ai parlé de main courante, de commissariat, et j’ai frotté de ma main son dos, pour la réconforter. Elle m’a dit plusieurs fois merci et s’est engouffrée dans la rame, à côté du conducteur.
Ce soir, en jouant avec R. sur notre grand tapis, je pensais à elle.
A cette heure-là, son fou furieux l’a peut-être déjà rejoint. J’espère de tout cœur qu’elle pourra s’en défaire.
J’espère aussi qu’elle ne sera pas seule face à lui.