La sieste

Chaque week-end, depuis la naissance de R, le rituel est le même.

Une fois la petite couchée, je bois un café avec Y., nous discutons de choses et d’autres, puis je vais me coucher dans notre chambre. Je me glisse sous la couette avec le roman du jour, ou la BD du moment, je lis une vingtaine de minutes puis je m’endors avec un soupir de plaisir dans les draps frais, un oreiller sur les yeux pour me protéger de la lumière du jour.

Aujourd’hui, la sieste avait un gout encore plus divin que les autres jours. Je suis rentrée un peu avant 13h, après avoir découché et avoir dansé une partie de la nuit dans un bar de Bastille. J’avais quitté Y. la veille, sur le quai du métro. Il rentrait chez nous après le cinéma, relever O. le baby-sitter dévoué, qui ne s’endort jamais quel que soit l’heure où l’on rentre. Moi je partais retrouver mes copines A. et L. pour fêter un anniversaire d’une copine commune et arroser comme il se doit l’augmentation salariale qui m’était tombée dessus cette semaine sans que j’ai eu à bouger le petit doigt pour l’obtenir. Nous nous sommes tombées dans les bras dans le bar, parmi les cris et les rires, j’ai payé ma tournée de mojitos trop sucrés. T., qui officiait comme DJ dans la cave, a augmenté le son de la musique, et nous avons chanté-hurlé-dansé de concert jusqu’après 3 h du matin, sur cette chanson-là, notamment, très fort, très fort. Mon ami R. ne s’est jamais pointé. Mais nous avons mouillé notre chemise, en son honneur, à sa place. Trois mecs relous dansaient avec nous, nous attrapant alternativement, par la taille ou par le bras, pour essayer de nous emballer. Glissantes comme des anguilles, nous leur échappions à chaque fois, le temps d’aller boire, pour retourner dans la fournaise de la piste de danse.

Je suis rentrée avec L. jusqu’en haut de Belleville.

Nous croisions des groupes de jeunes et j’avais l’impression d’être dans le dernier épisode de HIMYM, quand Ted croit être entouré de bébés. Ils avaient l’air si jeunes, si frais, si beaux. Avec L, nous marchions vite dans l’air frais, pour regagner son appartement.

Le matin, levés tard, dans l'appartement inondé de lumière de L., nous avons petit déjeuner de champignons frais, de tomate et de féta relevé d’une pointe de vinaigre, avec des litres de thé. Quand je suis rentrée chez moi, R. m’a fait la fête. Y. avait préparé une pintade fourrée aux pommes. La volaille était grillée à souhait et les pommes caramélisées. Un délice.

Cet après-midi, quand je me suis glissée sous la couette pour ma sieste hebdomadaire, j’en aurais pleuré de bonheur.