Tentative d'aménagement

Cinq jours.
Cinq jours que je dors, un peu, beaucoup, passionnément.

Me lève tard et me rendors pendant la journée. Je lis, beaucoup. Passe très peu de temps devant l’ordinateur. Même regarder une série provoque d’intenses douleurs, alors je m’abstiens.
Je me remets un peu à la cuisine, des salades composées, un tian de courgette comme celui de Leeloolène.
Je marche un peu aussi, hier les Champs-Élysées, descendus d’un bout à l’autre, le nez au vent.

Y. est parti en reportage au Maroc. Nous avons pensé un moment, un très court moment, à la possibilité que je l’accompagne, en réglant mes frais de voyage bien entendus. Nous aurions décalé son retour le temps d’une petite semaine. Mais très vite, il a fallu se rendre à l’évidence : même le trajet jusqu’à l’aéroport me paraît une épreuve.
Je n’en ai plus la force, même si j’aurais eu envie bien sûr, d’aller voir la mer, les plages d’Agadir, et gouter aux spécialités du pays.
Alors je l’ai laissé partir.

Dans le parc à côté de chez moi, je rêve de sable, de verdure, de tranquillité, loin des travaux de l’avenue, qui perturbent ma sieste. Au bout d'une heure, je décide de rentrer chez moi.

Un petit garçon noir suit mon réveil avec attention :

« -Madame ? Tu pars ?

-Oui, je vais rentrer chez moi… pourquoi ? »  

-Pour rien. Tu parles « Moscou » ? 

-Non, je parle français. Pourquoi, j’ai une tête de Russe ?

-Non…

Plutôt une tête de chinoise. »

Je souris.
Les enfants ont parfois des discours désarmants. Je me demande si celle qui pédale dans mon ventre comme une mini cycliste sera aussi dégourdie.
Je l’imagine volontiers pipelette, mais c’est plutôt la vision de ma sœur, quand elle était petite qui me revient en tête.
Je ne sais pas ce que donnera le mélange de Y. et de moi.
Quelle joie de cette surprise que nous allons créer !