Seule

Y. est parti ce matin pour Berlin, avant mon réveil, dans un fracas de bagages, de câbles enroulés et de papiers froissés. Au petit matin me voilà seule avec la belle Churchille.
Je me prépare un petit déjeuner de reine en testant la crème Budwig. Je mélange une banane écrasée à du yogourt fermenté et de l’huile de noix et du jus de citron, le tout parsemé de graines de courges concassée, de graines de lin et de tournesol, le tout mélangé à des morceaux de poire. Puis je lis tranquillement un article de « la Vie meilleure Mode d’emploi », dernier hors série du courrier, en ce moment dans les kiosques. Cela me donne envie de relire Thoreau.

Après avoir bu mon thé, je vais au travail à pied. Je suis en retard, mais ce matin, tout le monde l'est aussi. Dans l’extraordinaire lumière du matin, les arbres ont revêtu leurs habits d’or. La nature est si belle en automne ! Je m’assois un moment dans le petit square avant l’immeuble de mon entreprise, pour savourer encore, ces rayons de soleil et ces couleurs intenses, avant de rester des heures devant un écran, à enquiller les signes comme on enfile des perles.
Ce soir, je passe à la rédac du journal de R. En fait de rédac, un studio où s'entasse une dizaines de rédacteurs et photographes, qui travaillent par roulement.
Nous nous enfuyons bien vite dans son appartement à flanc de Belleville, pour voir ses photos de voyage. En montant chez lui, nous achetons du pain, de la charcuterie, du fromage et de la bière pour se faire un repas improvisé.
Assise sur son canapé, je l’écoute me raconter son périple, bercée par le premier CD de notre ami commun, G. qui a enfin sorti un 5 titres. On parle de littératures, de BD, d’amour, de nos familles et je me sens bien, là, sur son canapé. Cela me rappelle les années de fac, et un autre canapé, tout aussi défoncé, et d’un autre ami, mon meilleur ami de l’époque, F. Je pouvais l’écouter des heures et je me sentais si intelligente quand il rebondissait sur mes propos ! Cela me fait le même effet à présent avec R., même si notre amitié a connu ses hauts et ses bas… R. essaye de me faire fléchir pour partir avec lui aux Halles rejoindre d’autres amis qui vont tous voir le terrible Jennifer’s Body, qui parait-il n’est pas si mauvais que cela, voir très bon.
Mais je résiste.
Plus de sous, besoin de sommeil, il faut que je rentre tôt.
Je reviens vite à la maison, retrouver la belle Churchille, qui se couche sur le parquet pour mieux recevoir mes caresses.
L’émission de Richard Lenoir se termine à la radio et je vais me mettre au lit, seule, avec un bon roman.

Y. me manque déjà un peu.
Comment vais-je tenir 15 longs jours ?
Mystère.