La lettre

Il y a des journées comme ça.
Des journées hyper productives. J’ai envoyé un mail et laissé un message sur le répondeur d’une personne que je veux interviewer.
La misère.
Ce n’est pas avec ça que je vais atteindre mon projet, dégager 2000 euros de salaire mensuel l’année prochaine à la même date. Je sais, cela parait bien illusoire quand on sait que je gagne en tout et pour tout environ 600 euros par mois. Je n’ai pas vraiment fait le calcul mais je sais que je ne dois pas être loin. Mais quand même.

J’en étais là de mes réflexions quand j’ai reçu le courrier. C’était une petite lettre allongée, avec l’adresse de mes parents, renvoyées chez moi par leur soin. Je n’ai pensé à rien en ouvrant, peut être à une copine qui penserait à moi…
Et j’ai reconnu tout de suite la petite écriture de patte de mouche. Une main qui m’a écrit de nombreuses lettres d’amour, des petits mots tendres quand je me levais le matin, des post-it dispersés partout dans l’appartement, qui rythmaient mes journées de lycée et mon amour.
Ce jeune homme, je l’avais aimé à tel point que j’avais cru perdre la raison.
Avec lui, j’avais été prête à tout, mais pas prête à accueillir l’enfant que l’on avait conçu alors. Un enfant que l’on avait choisi de ne pas laisser grandir, il y a si longtemps… Je me souviens que lui m’avait dit, alors que j’étais déjà sure de mon choix « Tu sais, si tu veux garder cet enfant, alors je changerais de travail, pour vous faire vivre tous les deux. Il ne faut pas que tu fasses ce choix parce que tu n’as pas les moyens de l’élever » J’avais été bouleversée par ses mots, et j’ai pu prendre la décision de l’avortement en toute conscience.
Et ne jamais regretter ma décision.
Même quand plus tard, le pire est arrivé et que mon amour m’a quitté. Et le temps a passé sur ma blessure.
Et quand, deux ans plus tard, le même homme m’a demandé de recommencer avec lui, j’ai pu, avec la joie des vengeances tardives, lui rire gentiment au nez « Trop tard mon ami, trop tard… j’attends mieux maintenant. J’attends un autre homme, différent »
Et quand j’ai lu ses mots, ses simples mots, qui m’expliquent qu’il traverse un grand bonheur, et qu’il veut le partager avec les gens qui ont compté pour lui…
Alors, alors j’ai compris.
J’ai pu retourner le faire part de naissance et laisser s’échapper un petit sanglot. C’est un bout d’émotion brute, qui m’est revenue. Un léger coup au ventre, qui me fait penser à la vie, à notre jeunesse, qui aurait pu être différente, et qui est ce qu’elle est. Je ne démêle pas vraiment mes sentiments, un peu d’envie, un peu de dépit, et du bonheur mêlé. Alors, dans ces cas-là, mieux vaut tout laisser. Partir, rejoindre la jolie Clémence et se chauffer comme un lézard au soleil de ce vrai début d’été. Rentrer chez soi avec plein de projets en tête, le moral regonflé à bloc, prête à tout affronter, à relever tous les défis…a commencer par répondre à la petite carte, par un petit mot tendre et précis, à la hauteur du bonheur qu’on a vécu ensemble…

Commentaires

1. Le mercredi, 18 juillet 2007, 21:54 par captaine Lili

ouh dis donc !
tu as raison... mieux vaut tout laisser et partir pour se regonfler !
bizarre, ce mois de juillet, vraiment bizarre...

2. Le jeudi, 19 juillet 2007, 09:54 par Marloute

Hum-hum...
Je ne m'y fait pas encore...

3. Le jeudi, 19 juillet 2007, 10:15 par Leeloolene

Ce mois de juillet est effectivement "bizarre"...
Tu sais, c'est vraiment le genre de lettre que j'appréhende de recevoir... Quel choc j'imagine... même pour une histoire terminée et laissée dans le passé.

Bises pour la peine :)

4. Le vendredi, 20 juillet 2007, 18:46 par Oxygène

Plus que 10 jours et nous serons en Août