Chez eux... encore



Je dors chez mes parents jusqu’à 11H30. Quand je me réveille, mon père a fait le marché, il est allé pêcher de la petite friture qu’il ramène dans le panier que j’adorais enfant. C’est un panier de fer, muni d’une petite trappe qui garde les poissons vivant dans l’eau jusqu’au dernier moment. Ma mère est allée courir sa quinzaine de kilomètres hebdomadaires. Je me pose sur un banc, face au bois.
Des oiseaux chantent, que je n’arrive plus à identifier. Mes yeux ne les distinguent pas dans le fouillis de feuilles. Je me couche sur l’herbe, à moitié tondue, à moitié prairie folle, du grand jardin. Le noisetier a déjà de petites noisettes vertes accroché à ses branches. Les pruniers croulent sous les fruits, le pommier a une branche cassée. Les pluies diluviennes ont ruiné le jardin en terrasse. Les plants de tomates se dressent, sans aucuns fruits, tous touchés par le mildiou. Quelques cornichons survivent, les haricots n’ont rien donné, et les courges se préparent doucement pour leur automne flamboyant. Je regarde un rapace qui plane dans un courant d’air chaud. Il pousse des petits cris aigus. Buse ? Faucon ? Je ne sais plus ce que je j’observe, moi la parisienne trop rivée à mon ordinateur. Je regarde une guêpe maçonne qui mâchouille un bout de bois sur une souche. Une grosse libellule la remplace. J’observe le gros mécanisme compliqué placé au dessus du dos de la libellule, qui lui permet de soulever son grand corps, et les quatre ailes puissantes que le mécanisme actionne. L’après-midi, mon père coud des gilets pour le camp de la semaine qu’il anime. Je vois passer ma chatte, la jolie Churchille, transformée en sauvageonne effrontée. Son poil de persane ébouriffé est gonflé de soleil. La chatte ne répond pas à mes appels à un câlin et s’enfuit à petit bonds silencieux dans les bois.