Une réflexion

Je recopie un texte que j’adore, de Desmond Morris :
Nos idées grandioses, et notre vanité sans limite n’y changent rien : nous demeurons d’humbles animaux. Soumis à des lois fondamentales du comportement animal. Bien avant que nos populations n’atteignent les niveaux envisagés plus haut, nous aurons enfreint tant de règles qui gouvernent notre nature biologique que nous nous serons effondrés en tant qu’espèces dominantes. Dans notre complaisance, nous avons tendance à nous bercer d’illusions, imaginant que cela ne pourra jamais arriver, qu’il y a chez nous quelques chose de spécial, que nous sommes en quelques sorte au dessus du contrôle biologique. Il n’en est rien. De nombreuses espèces remarquables se sont éteintes dans le passé et nous ne faisons pas exception à la règle. Tôt ou tard, nous disparaîtrons, et nous laisserons la place à d’autres. Si nous voulons que ce soit dans un avenir plutôt lointain que proche, il nous faut alors nous considérer sans indulgence, comme des spécimens biologiques, et accepter nos limites.
Il a écrit ces mots dans le Singe Nu, un livre qui fait partie de mes livres de chevet. Ce livre a été écrit en 1967. L’auteur, un zoologiste éminent, y parle de l’homme comme un singe nu, et observe à la loupe ses comportements (parades, rituels d’accouplements, éducation des petits, confort du territoire) c’est passionnant et enivrant.
Cette conclusion du livre ne m’a jamais effrayée, de la même façon que plus je travaille sur l’environnement, je me rends compte que j’ai de moins en moins peur pour la planète. Je m’explique. La planète, je veux dire, la vie sur terre, avec sa biodiversité, ses cycles, et tout le tintouin de notre écosystème, est bien plus fort qu’on ne le pense.
Je crois tout simplement que nous, en tant qu’espèce isolée, nous allons tant abîmer notre environnement que nous ne pourrons plus y vivre (pollutions croisées, guerres hydriques, population reprotoxique, etc) et nous allons disparaître.
Je me suis rendue compte de cela l’année dernière, à force de travailler sur des sujets anxiogènes (pesticides, gestion de l’eau, biodiversité) et cela m’a été confirmé par Hubert Reeves, que j’écoutais lors d’une conférence à Pigalle. Le petit bonhomme, astrophysicien, rigolait en disant que ce n’était pas un drame que l’homme disparaisse, vu la place qu’il occupe en tant qu’espèce. Une place trop importante, il faut s'imaginer que l'homme, c'est une espèce invasive, voir nuisible !
La planète se dira sans doute : Bon débarras.
Et moi, je me dis : tant pis, tant mieux, on aura essayé au moins de faire quelque chose….