Deux fois

La semaine dernière, j’ai fait ma fiérote : je pensais que je gérais tout.

Avant-hier soir, j’ai appris qu’Y partait à nouveau le lendemain. Tout le temps qu’a duré la préparation de son sac, j’étais dans un état de fatigue et de mélancolie triste. On s’est engueulés pour une broutille. Je voulais qu’il me rejoigne dans le lit, profiter de quelques moments avant le sommeil, et lui avait encore des dépêches à lire avant de prendre son avion aux petites heures du jour. Quand le réveil à sonné à 4h, il a déposé un baiser rapide sur mes lèvres et s’est échappé. Hier soir, je suis rentrée plus tôt du travail. J’ai emmené R. au parc, une petite heure. Puis nous sommes rentrées. Le voisin est passé avec sa fille boire un sirop de cassis, puis ils sont partis.

R. était énervée, elle refusait l’idée d’aller au bain. Sachant que je ne la lave pas tous les jours, je n’ai pas cédé. Elle a commencé à faire pipi dans sa culotte, alors que les toilettes sont à deux pas. Je lui ai couru après tandis qu’elle filait dans le salon. Mes doigts ont crocheté le coté de son petit cou, moitié-pinçant, moitié-griffant. Elle a crié, s’est pliée en deux et m’a suivie, tête basse, dans les toilettes, pour faire pipi. Quand j’ai regardé vers son cou, j’ai eu peur : deux grandes zébrures rouges, marbrées de petits points, au creux de la clavicule. J’avais fait ça moi ???

Plus tard, après quelques crises pour aller dans le bain, sortir du bain, se mettre en pyjama et venir manger, nous étions toutes les deux à table. On mangeait avec appétit une salade de crudité. J’avais mis de l’huile et du vinaigre. R. mangeait, comme à son habitude, moitié avec sa fourchette, moitié avec ses petits doigts. Avant de passer au fromage, je lui lance : tu attends je te nettoie les mains. Ni une ni deux, R. saute de la table, les mains luisantes d’huile, court vers sa chambre, moi sur les talons, et s’essuie….sur son tapis de chambre. J’ai crié Non ! Au dessus d’elle, et ma main est partie sans même que je m’en aperçoive. La fessée a claqué fort au dessus de sa couche, sur son flanc. Voilà. Je me serais retenue deux ans et demi. Et j’ai levé la main sur elle. Sans même m’en apercevoir. Bien sûr, elle a eu un comportement inacceptable et j’étais fatiguée et chamboulée par l’absence soudaine d’Y.

Mais je sais une chose.

J’ai levé la main sur ma petite fille. Deux fois.

Deux fois de trop.

 

 

Commentaires

1. Le mercredi, 10 juillet 2013, 08:49 par captaine lili

Bien sûr, c'est mieux de ne pas taper, et j'imagine ta peine. C'est sain que tu sois bouleversée. Y a plein de gens qui donnent la fessée sans se poser de questions...
A 2 ans et demie, tu peux réparer et parler à R. : lui dire que tu apprends à être une maman comme elle apprend à grandir et que tu aurais dû la gronder autrement, peut-être même réfléchir avec elle sur les manières de gronder... Et travailler sur toi, encore, pour qu'il n'y ait pas de prochaine fois. Peut-être que ce lien peut t'aider : http://educationbienveillante.wordp...
Pensée douce.

2. Le mercredi, 10 juillet 2013, 09:49 par clara

Je comprends ton désarroi. Il m'est arrivé aussi d'avoir la main plus rapide que ma tête, de donner une petite tape alors que je m'étais jurée de ne jamais le faire. Mais parfois, parfois, parfois...on est tellement excédé, ils savent tellement quoi faire pour nous provoquer...ce réflexe absurde pour reprendre le dessus : faire appel à sa supériorité physique. C'est moche, c'est bas, oui. Mais je pense qu'ils sont capables, à leur âge, de comprendre nos erreurs. Alors parle lui, explique-lui, c'est un peu difficile pour toi en ce moment, tu es fatiguée et triste que papa soit parti alors tu t'es énervée. Qu'il faut que vous soyez une équipe, toutes les deux!

3. Le mercredi, 10 juillet 2013, 11:25 par Arkadia

Je suis du même avis que les deux précédents commentaires, j'ai un fils très dur, super mignon, mais qui est très actif qui ne connait pas forcément les limites parfois la fessée part .....parce qu'il dépasse les bornes et ma patience. (ce matin il fait déjà 30 degrés et il court dans tous les sens depuis 5h30)Il ne faut pas culpabiliser et dire ensuite à son enfant qu'on l'aime qu'on est fatigué. Eduquer, elever ce n'est pas facile ça prend du temps de la patience et face à un enfant de deux ans et demi qui grandi s'affirme nous sommes parfois un peu désarmé.
Reste zen, dis trois que j'en ai trois et que pour que ce ne soit pas le bazar en continu je dois faire preuve d'une grande autorité qui vire au militarisme (question de pure sécurité) alors crier, râler expliquer et parfois fessée mais j'entends souvent maman je t'aime donc je ne suis pas inquiète :)

4. Le mercredi, 10 juillet 2013, 15:02 par Marloute

@Capitaine Lili : merci pour ton lien. Je poursuis cette idée de me former mieux à la non-violence, pour moi, pour elle....
@Clara et Arkadia : merci pour vos témoignages. Ce n'est vraiment vraiment pas évident du tout je trouve.