La course
Par Marloute le mercredi, 12 juin 2013, 06:42 - Travail journalistique - Lien permanent
Hier, je me suis levée tôt, j’ai rangé l’appartement avant que tout le monde se lève. Une nouvelle femme de ménage viendra nettoyer la maison. La dernière a trouvé un temps plein en CDI.
Y. est rentré tard, 1h ou 2h, je ne sais pas. Quand je pars, souvent, il dort, et quand je rentre, il n’est pas là. Nous nous croisons la nuit, sans même nous en apercevoir, sentant l’un l’autre subitement une chaleur contre soi ou la sentant s’en aller.
Je range et je prépare un repas pour le soir. Je coupe des courgettes en fines lamelles et je les fais chauffer à la vapeur. Quand elles sont cuites, je les mélange avec deux œufs, un peu de lait, un reste de parmesan des voisins italiens. J’enfourne une petite demi-heure pendant que ma R. se réveille. Vite vite, donner le bib, vite vite s’habiller, vite vite ma douche et ne pas oublier de se maquiller. On sort dans la fraîcheur de la rue, elle serre fort ma main, de l’autre son doudou. Je la laisse au RAM auprès de son ass’mat’ et des autres enfants. En septembre l’école déjà, ma grande fille, mon - déjà plus - bébé. Bientôt, bientôt là. J’aime chaque seconde de cet âge tyrannique. J’aime même ses colères dithyrambiques, ses roulages par terre et cette manière si agaçante de se couler à terre, l’enfant plus mou que mou, quand on la force à faire ce qu’elle ne veut pas faire : mettre un gilet, monter dans le bus, dire bonjour à la dame.
Après un au revoir hâtif, je saute dans la 13. Compressée contre les autres passagers, je ne peux lire ni le Parisien, impossible à déplier, ni mon livre que je lis pour le travail. J’arrive trop tard au boulot, il est 10h30 bien tassé. Je me coule dans mon siège de bureau, priant pour que P. ne me saute dessus avant que j’ai eu le temps de poser mon sac et de faire comme si j’étais là depuis des heures, Florence Foresti’style.
Après une petite heure de travail, je m’enfuis déjeuner. Un repas/conférence de presse, à l’autre bout de Paris. Une heure de trajet aller, une heure retour. Si je saute le café. Je serais à temps pour la réunion que P. a avancé. Le responsable des RP nous remercie d’être là : « Je sais que c’est de plus en plus difficile pour vous de sortir des rédactions, alors merci vraiment d’être là ».
Quand je reviens, P. m’a cherché.
Mais il est reparti sans demander son reste. Ouf.
A la réunion, je lui amène un article, terminé de la veille, mais que je voulais peaufiner.
Quand enfin je peux retourner à mon ordinateur, je lis mes 200 mails reçus du matin. Il y a beaucoup de spams et pas mal de retours intéressants aux demandes d’interviews que j’ai lancé. Je pianote un moment, passe quelques coups de fils. J’ouvre un ou deux courriers. Le reste restera en pile jusqu’à demain. Déjà 17h ! Je dois filer chez l’ostéo. J’ai mal sous l’omoplate depuis la veille, après un faux mouvement en portant R. depuis le sol. Comme un clou planté dans mon dos, qui me coupe la respiration, mais ne m’autorise pas à rester couchée. L’ostéo m’a dégotté ce rendez vous, une annulation de dernière minute. J’ai sauté dessus. Je passe devant le bureau de P., en réunion encore. Ouf, avec un peu de chance, il ne me verra pas m’éloigner. Dans le métro, je relis mes notes, essaye d’avancer un peu ce livre que je dois finir à tout prix. J’arrive chez l’ostéo, qui repère vite le petit nerf coincé et travaille longuement des zones complètement éloignées. Quand je sors, il est presque 19h. Je descends la rue Hermel en courant, saute dans le bus 60. Il me pose à la Porte Montmartre et je cours jusque chez la nounou. Elle m’accueille en souriant. R. va bien, elle ne veut plus partir de chez elle. Maintenant qu’il est remis, je la charge sur mon dos. Ensemble, on parcours les rues, une vingtaine de minutes, jusqu’à notre maison. Ce soir encore, Y. rentrera tard, pas avant 1h ou 2h. On mange en jouant, on patouille, on fait les folles et je la couche enfin, avec sa lumière, son doudou, son gros nounours, un livre, sa couverture et sa peau d’agneau. Il est 22h, je n’ai le courage de rien. Je me traîne jusqu’à mon lit et m’endors, épuisée. Il me faudra bien 9h de sommeil pour me remettre de mes heures de courses d’un endroit à l’autre.
Ce matin, je me suis levée tôt, à 6h30, Y. était déjà parti travailler. Il a étendu le linge de la machine à laver, que je devais étendre au lever.
Je prépare du milk-shake au cassis avec des fruits de chez Picard. Je me fais un thé noir trop fort qui me donne la nausée. Bientôt R. se réveillera. Et une nouvelle journée commencera.
Commentaires
J'aimais déjà te lire, mais depuis que j'ai découvert ta maison je navigue avec bonheur.
Oui profite de ta petite R. avant l'entrée en maternelle, mais rassure toi, elle restera encore longtemps une petite fille délicieuse.