Deux amoureux des livres

Dans le four, des tomates farcies cuisent doucement. J’ai préparé la farce avec ce que j’avais sous la main : de la chair à saucisse, de l’ail, un peu de lait et de la brioche séchée à la place du pain de mie. J’espère qu’elles seront bonnes ! A en juger par leur délicate couleur et l’aspect presque caramélisé de la garniture, je pense que ce sera parfait, malgré mes craintes en adaptant ma recette. J’écoute un CD d’Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, mon préféré, « Ella and Louis ». Dehors, il fait beau. On entend parler toutes les langues sous nos fenêtres. Y. a emmené R. et j’en profite pour préparer un gâteau marbré pour l’anniversaire de cet après-midi. Nous sommes invités par G. notre ami chanteur. Son fils a deux ans et nous avons prévu de nous retrouver avec tous les copains et les enfants de notre groupe pour fêter l’événement. A. est un enfant merveilleux, tout bouclé châtain, comme un angelot. Il court partout, grimpe sur sa mère, repart comme un bolide. J’adore regarder cet enfant, ce stéréotype de petit garçon. Quel bonheur de les voir tous ensemble ! Cet été, la famille va s’agrandir. La plupart de nos copains font leur deuxième enfant. Moi, cela me donne un peu envie, mais de loin seulement. La naissance de R. me paraît si proche encore… Hier, la nounou, adorable, nous a donné des beignets, des crêpes algériennes et des gâteaux. Ce matin, avec toutes ces victuailles, nous avons fait un petit déjeuner de roi. J’écoute R. qui fait blague sur blague entre deux crises d’opposition. Quelle drôle de période que ces deux ans ! Voici une petite fille qui se métamorphose en une seconde de l’ange au démon, et à nouveau à l’ange. Avec Y. nous ne cédons pas. Jamais. Du coup, comme folle, R. se jette par terre, attrape ce qu’elle peut pour le lancer et cherche à mordre. Et l’instant d’après, elle accepte de faire ce qu’on lui demande. Cette « petite adolescence » est bien difficile… Nous faisons à peine à l’idée que désormais, elle converse à table avec nous et commente ce qu’on dit ou ce qu’on fait. C’est très étrange mais on s’y habitue peu à peu. Il fait un grand soleil et ce redoux fait du bien à tout le monde. Je regarde notre grande bibliothèque, construite par S. notre voisin du dessus, pendant notre voyage. Elle monte quasi jusqu’au plafond, en chêne et en fer forgé, magnifique. Pendant sa semaine de vacances, Y. a vidé nos derniers cartons de livres. Il en restait 7 ou 8 , qu’on n’avaient pas pu ouvrir, faute de place. Quel plaisir de redécouvrir les Fante, les Fitzgerald et les Colette, les Beauvoir et les Dostoïevski ! Ca me donne envie de m’enfouir dans notre grand canapé pour les relire tous. Y. n’en peut plus de joie de revoir tous ces ouvrages qu’on avaient presque oubliés, depuis deux ans qu’ils dormaient dans les cartons. Cette bibliothèque est juste magnifique, elle donne beaucoup de caractère au salon et aussi à la pièce. Attention, ici vivent deux amoureux des livres !