Les oublis

Hier, je n’arrivais pas à dormir.
Persuadée que j’avais oublié quelque chose, je refaisais ma journée dans ma tête : il faut dire que j’avais en effet laissé passer l’heure d’aller à ma séance d’analyse du mercredi, très inconfortablement placée à midi 15, soit en plein milieu de la journée, ce qui me bouffe un temps monstrueux sur mon temps de travail, avec les temps de faire l’aller/retour à l’autre bout de Paris.
Non, ce n’était donc pas cela qui pouvait m’empêcher de dormir, puisque c'était fait et j’avais suffisamment pesté contre.

Je me relevais un peu avant 2h, pour trouver Y. penché sur le dictionnaire Robert. Il recopie les définitions des mots qu’il ne connait pas dans les romans qu’il lit. Je suis toujours perplexe et admirative de voir nos façons de nous cultiver. Moi, je survole les choses, lit énormément, acquiert des définitions de vocabulaire à force de retrouver les mots. Lui note avec méthode, sur des cahiers à part, des extraits entiers de romans, des définitions latines.
Je secoue la tête et vais prendre un verre de lait.
Je repasse à la salle de bain et jette un œil sur ma plaquette de pilule.
Gloups. C’est ça.
Je recompte les trous et les cachets trois fois de suite. Il y a un décalage de deux jours. Je l’ai donc oubliée. Quand, comment ? Hier ou encore avant ? Je ne sais plus.
Cette pilule à laquelle il faut penser tous les soirs, malgré mon désir d’enfant, je l’ai complètement oublié. Je préviens Y. qui réagit à peine. Je prends un comprimé et retourne me coucher.
Y. sait combien me pèse de prendre cette pilule. Je sais aussi qu’il ne veut pas être père maintenant. Cet « oubli » n’engendrera sans doute heureusement rien.
Mais dans les deux cas, un de nous sera content, c’est l’essentiel.