De la psychanalyse

Attention, c'est très très long!
Je suis allée au cinéma, et j'ai vu un documentaire du CNRS. C'est un documentaire de Daneil Friedmann, dans une série d'entretien filmés en 1983. J'ai retranscris un peu librement, alors il y a quelques erreurs, mais l'essentiel du propos est là. Comme c'est passionant d'apprendre des choses de la bouche même des plus grands!


Qu’est ce qu’être psychanalyste ?


J. B. Pontalis : En vrai, c’est impossible de répondre. Les mots manquent. En fait, c’est ma manière d’aider les gens. De satisfaire ma curiosité sur l’humain. C’est aussi parce que je ne supporte pas ce qui entrave quelqu’un. La bêtise névrotique, c’est dur pour moi. La névrose, c’est une perte d’énergie, de créativité. Et pourtant, c’est une imposture de se considérer comme psychanalyste, comme métier j’entends. C’est comme être écrivain ou artiste, on ne l’écrit pas sur sa carte. Il y a une infatuation à le faire.

Pour André Green , C’est le sentiment d’appartenir à un mouvement qui représente la connaissance la plus poussée du psychisme humain. Pour François Roustang: C’est un métier qu’on apprend. On l’apprend en faisant soi-même une analyse. On l’apprend aussi par les nombreuses lectures que l’on a, et on l’apprend aussi avec ses patients. Il es question pour lui d’établir et de modifier une relation. C’est une sorte de relation en laboratoire, la relation avec le psy.
Pour Jean Paul Valbrega , il n’y a besoin ni de titre, ni de capacité pour le faire. C’est une aptitude à l’écoute d’autrui, naturelle dans un premier temps, et une formation esuite, qui font le psychanalyste. Pour lui, il faut que le psy ait renoncé a son narcissisme, ce qui est très difficile.
Georg Garner Pour lui, un psychanalyste écoute avec tout son corps. Il est présent dans l’écoute, et il écoute aussi les silences, intensément. En fait, c’est quelqu’un qui « entend à côté » de ce qu’on lui dit avec des mots.

Pour Ginette Rimbault , c’est une sorte de lecture, de déchiffrage. Le psychanalyste est là pour aider le patient à apprendre à déchiffrer de lui-même. Eduardo Prado de Oliveira dit que c’est une expérience de recueillement, on est en contact avec le plus intime de soi-même.

Comment êtes vous devenu psychanalyste ?
Un autre, n’avait pas l’intention d’être psy. C’est parce qu’il était malade, au bord de la folie, qu’il est entré en analyse. Laurence Bataille est entrée en analyse pour des raisons thérapeutique. Elle avait l’espoir de s’en sortir, mais elle s’est rendu compte qu’elle ne pourrait pas faire autre chose que psychanalyste. Elle pense que chacun d’entre nous a des points de folie. C’est quand ils deviennent handicapant qu’on consulte. Elle dit aussi « Je crois qu’on ne devient jamais analyste pour de bonnes raisons » Jean Clavreul n’a pas non plus fait le choix d’être analyste. Il y a été forcé par ses propres impasses. Peu à peu, il s’est fait à l’idée qu’il avait lui aussi envie de devenir psychanalyste. Mais il n’y pensait pas du tout au début. Pour faire une analyse, il faut être en souffrance, et avoir un projet de changement. Mais les psychanalystes mettent de l’eau dans leur vin, car eux-mêmes savent que les mécanismes de la névroses son très profonds, même si l’analyse durent longtemps, elle ne peut pas rivaliser avec une vie entière de névroses. Le psychanalyste est là pour aider à vivre un peu moins mal. Mais l’analyse n’a pas les moyens de rendre les gens heureux.

Pour Isi Beler : On est analyste, et on devient analyste. Etre analyste, c’est se mettre en état de souffrance. Car jamais on est quitte de la parole, de la souffrance. Il faut savoir sa propre insuffisance, pour ne pas souffrir trop. Le psychanalyste est dépendant de l’idée qu’il se fait du patient et de la cure. Il faut être attentif, pour appréhender les changements de voie.

Quelles sont les plus grave erreurs que peut faire un psychanalyste ? : pour Laurence Bataille, c’est parler de soi. Dire « Moi aussi, j’ai… » Il faut donner à l’analysant l’impression que c’est un cas particulier. Il ne faut pas objectiver le patient, l’éduquer ou le conseiller. Il faut juste l’écouter. Même si c’est sur pour le psychanalyste. Un autre explique qu’on paye beaucoup de sa personne en tant que psy. On s’interdit énormément de choses, et c’est douloureux parfois, mais c’est important.

Quel plaisir a-t-ton a être analyste ?: C’est l’expérience du jeu de la vérité. Une vérité qui est toujours sur le point de se dire, et qui ne se dit jamais, mais le patient tourne autour. Ce sont des vérités naissantes et vacillantes, qui se font jour dans le patient. Un autre analyste explique qu’on aime cette relation, ce lieu, entre le fauteuil et le divan, dans lequel on s’est senti si bien, et que l’on veut retrouver. C’est un va et vient, entre soi-même et un autre. Il y a des moments éprouvants, et des moments de grâce. On pense qu’on fait le plus beau métier du monde. Il y a un bonheur de fonctionnement, dans l’analyse, quand tout prend une certaine allure. Les souvenirs de l’analyste viennent se mettre au point d’orgue avec le vécu du patient, dans le bonheur, c’est comme une jouissance sexuelle mutuelle, entre deux personnes qui se connaissent bien.