Dimanche matin

Ce matin, je me suis levée tôt, sans raison. Il est dimanche, nous sommes revenus à 2h du matin de la soirée d’anniversaire où nous étions, loin dans la banlieue Est. Les enfants ont joué avec d'autres enfants, puis ont regardé la reine des neiges. Nous n’avions que les deux petites, la grande était restée à une soirée pyjama. Il fait un peu frais les matins, et je sens septembre qui déroule son tapis, pas à pas. Pourtant, les journées sont encore belles. On en a profité pour enfourcher les vélos hier, aller à la Villette avant que leur exposition dingo pour enfants se termine. Puis nous avons pique-niqué et j’en ai profité pour prendre milles photos de l’endroit où l’on a mangé, ses petites tables en bois, ses pergolas fabriquées, pour refaire les même une fois chez moi, dans mon minuscule jardin. La semaine dernière, avec mon père dans son jardin, j’ai parlé fruits et légumes et permaculture. J’aime bien l’idée de faire un petit potager, mais contrairement à lui, je ne veux pas transformer la totalité de la parcelle en jardin nourricier.

Après la réponse du prêt, nous attendons celle des notaires, qui doivent fixer la signature. J’ai peur encore. Peur qu’un problème de dernière minute face qu’on ne nous remette pas les clés. Et je ne serais vraiment rassurée que le jour où nous aurons vendu le grand appartement, dans cette banlieue qui monte, qui monte, qui monte…Car alors, lorsque la vente sera achevée, la maison sera vraiment à nous. La banque ne pourra plus la saisir, elle sera à nous, complètement à nous.

Terrible d’avoir un coup de cœur. Comme une rencontre amoureuse. Le souffle coupé, les mains moites, des papillons dans le ventre. Une rencontre avec une maison, même pas exceptionnelle, si ce n’est qu’elle m’a ravit le coeur. J’ai l’impression de l’avoir visité il y a mille ans. Que je n’aurais les clés que dans mille ans, alors que ce n’est plus qu’une question de jours.

En parlant de rencontre, je lis le livre de P. Et je m’émerveille, à nouveau, de son écriture, une écriture que je savoure, pour ne pas terminer le livre trop vite. Je me souviens de son blog, et de mes exhortations à l’écriture, comme tant d’autres l’ont fait avec elle. Et elle l’a fait. Et c’est un succès. Pour l’instant, un succès critique. J’attends le point de vue du public, mais je sais qu’il sera au rendez vous. Une littérature de femme, écrite par une femme, qui parle au femme. Je rêve d’un prix pour elle. Le Fémina ou même le Goncourt, pour lequel il est en première liste. Et même s’il n’a aucun prix, il aura celui de nos cœurs, nous les lectrices de l’ombre, qui pendant des années, avons suivi P. et l’avons vu grandir d’un point de vue de style, d’un point de vue d’écriture. Jeudi soir, nous nous sommes retrouvés, en petit comité, à sa fête de lancement. J’étais tellement heureuse, de la voir, si jolie, si calme malgré cette tempête médiatique qui me donnerait à moi l’envie de me cacher sous la couette. Mais P. rie, elle salue tout le monde, et elle donne l’illusion qu’elle a les épaules solides et qu’elle passera tout ça, comme elle a passé les autres épreuves, et celle du sacre de la célébrité littéraire, avec tout ces gens qui vous questionnent, n’en est qu’un autre.

Je la salue bien bas et me réjouis pour elle, un peu comme si c’était une petite sœur de substitution, ou comme si son roman me permettait, à moi qui ai aussi un travail et des enfants, une raison d’espérer, un jour, moi aussi écrire, quelque chose, je ne sais pas encore quoi.

D’ici là, aujourd’hui, j’ai décidé de rester en pyjama. Journée couette avec les enfants. Ils liront, joueront, regarderont des films pendant que nous ferons, une journée plus, du tri dans le grand appartement.

Rien ne doit être emmené que nous ne voulons pas profondément garder.

Tout un programme en somme.   

Commentaires

1. Le lundi, 10 septembre 2018, 07:16 par Valérie de haute Savoie

Je ne connais pas le blog de cette écrivaine, mais ton lien m'a permis de lire plusieurs critiques qui me donnent envie de lire son livre. Merci.
Le week end dernier nous avons fait, alors qu'il n'est pour l'instant pas question de déménager, un tri dans trois placards. Nous avons aussi trié la bibliothèque, apportant les livres que nous ne gardons pas, dans les petites bibliothèques disséminées en ville. Cela fait du bien même si sur le moment cela crée quelques pincements au coeur. J'espère que tu nous montreras un petit bout de ton jardin lorsque tu seras dans ta nouvelle maison (oui je croise fort les doigts et dis plusieurs fois merdre pour conjurer le sort)
:)