Mon article V3, V4, je ne sais plus, je suis perdue. Enfin, version finale, avant correction des coquilles sur le texte maquetté

En vert et contre tout Environnement

TITRE Minuit douze dans le jardin du bien et du mal
CHAPO Au clair de la lune, notre reporter a prêté sa plume au folklore breton dans la forêt de Merlin l’Enchanteur, sept mille hectares de chênes et de hiboux aujourd’hui menacés par une pollution pas réellement féérique.

TEXTE : Fin octobre, nuit de la pleine lune dans la forêt de Brocéliande (Ile-et-Vilaine). À quarante kilomètres à l’Ouest de Rennes, il est bientôt minuit et j’attends les fées depuis déjà deux heures. Couchée sur un tapis de sol, emmitouflée dans un duvet résistance -30°C, les esprits du bois m’apparaîtront-ils ? Les visiteurs du C*entre arthu*rien de Brocéliande sont chaque année plus nombreux, trente mille, en 2007. Que cherchent-ils ? C*laudine G*lot, fondatrice du Centre et spécialiste des légendes locales, l’explique ainsi : « Les gens viennent ici pour se ressourcer, retrouver leurs racines, se rattacher à une histoire très ancienne : le tombeau de Viviane, par exemple, est une sépulture mégalithique construite il y a 4500 ans. À cet héritage celtique s’ajoute les Romans de la Table Ronde, écrits entre 1170 et 1190 par Chrétien de Troyes, dont une partie [notamment Yvain ou le Chevalier au lion] se passe dans cette forêt même, en « Petite Bretagne ». Chacun se projette dans la vie des chevaliers et vient rêver ici. »
Le terrain de jeu de Merlin pourrait toutefois, et sans sortilège, disparaître : en 2006, la société S*mictom a obtenu l’autorisation de construire une usine de broyage et compostage d’ordures ménagères d’une surface de plus de 11 000 mètres carrés, de vingt mètres de hauteur, en plein milieu de Brocéliande ! Deux associations, « S*OS Brocéliande » et « S*auvegarde de Brocéliande », supportées d’une cinquantaine de particuliers, ont déposé un recours au tribunal administratif de Rennes pour contester la légalité du permis de construire. Les travaux commencent déjà alors que l’affaire est en cours. Heureusement, les associations gagnent et l'Etat est condamné, le 24 août dernier, à leur verser mille euros de dédommagement.
Jean-Pierre Le T*hiec, président de S*OS B*rocéliande, commente cette levée de boucliers : « La forêt de B*rocéliande est classée « zone naturelle d’intérêt écologique ». Malgré cela, n’ont été réalisées aucune étude sur les dégradations environnementales, aucune enquête auprès des habitants, aucun rapport sur les lieux avoisinant l’usine. ». S*mictom ayant déposé un deuxième permis de construire, les défenseurs du bois se retroussent les manches.
Morgane, fée libérée
Du haut d’un Moyen Age mythologique, Brocéliande l’épaisse s’est depuis presque « domestiquée » : furent extraits de ses entrailles des minerais de fer, fut brûlé ses branches pour faire du charbon. Ses plus grands arbres, plusieurs fois centenaires, se sont éteints avant 1850 dans les fourneaux des forges. Autour de moi, dans la clarté d’une lune pleine, je devine une forêt de chênes, de hêtres, avec des affleurements rocheux par endroits, où tout un peuple de chevreuils, de chouettes, s’organise. Je ne vois pas à dix mètres, dans la noirceur des taillis. Pourtant j’écarquille les yeux au moindre bruit. Serait-ce Morgane, la fée guerrière, dont l’ancien nom celtique est « Morrigan » ? Morgane, qui fit construire son château au cœur de Brocéliande pour y étudier, dit-on, la magie et la nécromancie ?
Depuis l’immémoriale époque celte, le folklore breton (également nommé « la Matière de Bretagne ») est imprégné de cette vénération de la mort. On raconte que sur les chemins de Brocéliande roule, la nuit, une charrette grinçante. Celui qui l’entend ou l’aperçoit ne reviendra pas vivant. Je tends l’oreille. Morgane, fée de la mort, n’était pas mariée et choisissait ses amants parmi de jeunes combattants. Le XIXè siècle puritain est passé par-dessus cette légende, faisant d’elle une femme corrompue et dangereuse, ayant couché avec son père. Dans le roman de Chrétien de Troyes, Morgane apparaît surtout comme une femme libre.

« La forêt, lieu de toutes nos angoisses »
Un gland de chêne tombe à côté de moi. Mon cœur s’arrête. Il faut que je m’habitue car il pleut des glands toutes les deux minutes. Au loin, un long mugissement : le brame d’un cerf mâle marquant son territoire pendant la période des amours. Que disait C*laudine G*lot à propos de ce noble animal ? « Merlin l’Enchanteur avait la particularité de se déplacer très vite dans la forêt, qui lui obéissait. Il prenait l’apparence d’un cerf pour aller conseiller un roi à l’autre bout de la Petite Bretagne. ». Merlin, moitié dieu mais moitié homme, pouvait néanmoins faiblir pour l’amour d’une femme. Pour celui de Viviane, dont il restera éperdument amoureux, il bâtit un immense palais sous les eaux d’un lac, où il se fera enfermer pour toujours.

Est-ce le souffle de Merlin, dans le froissement des feuilles ? La nuit où l’Enchanteur entraîna Arthur et ses Chevaliers, de Grande-Bretagne jusqu’ici, c’était, parait-il, celle de Noël. Merlin dévoila que le Saint Graal, cette coupe merveilleuse contenant le sang du Christ, avait été transporté en Petite Bretagne, et qu’on avait perdu sa trace. Ainsi Lancelot, Gauvain, Perceval, Yvain et tant d’autres partirent à sa recherche pour le ramener au château de Carduel. C*laudine again : « La forêt est le lieu du merveilleux, c'est-à-dire à la fois magnifique et terrible. C’est un lieu de passage entre les vivants et les morts, entre les fées, les esprits, et les humains. Dans les légendes arthuriennes, celui qui a le courage d’affronter la forêt trouvera la richesse et la fortune. La forêt, c’est le lieu de toutes nos angoisses, de nos peurs les plus profondes. ».
Il est 1h36. Cela fait cinq heures que je scrute tant de noir. Pas de fées pour ce soir mais d’effrayants bruits d’animaux. Je reviendrai guetter les fées au solstice d’été, près des cours d’eau de Brocéliande. Sauf si, d’ici là, une décharge n’ait remplacé la forêt.

Texte Marloute (à Brocéliande) Photographie
Exergue
« On raconte que sur les chemins de Brocéliande roule, la nuit, une charrette grinçante. Celui qui l’entend ou l’aperçoit ne reviendra pas vivant. »

Commentaires

1. Le mercredi, 7 novembre 2007, 11:59 par Moukmouk

Oui j'aime bien ton texte.
Souhaitons que ceux de la foret, Merlin et tous les autres qui y vivent, empêcheront la construction de l'usine

2. Le mercredi, 7 novembre 2007, 15:57 par Marloute

Espérons, espérons...

3. Le samedi, 10 novembre 2007, 01:13 par Oxygène

Je suis vénère ! Plusieurs commentaires qui sautent chez toi parce que ma connexion est mauvaise le soir. GRRR!
Je voulais te dire que c'est bien meilleur, cette fois-ci.
Envoie moi un message avec ton mèl. J'ai une ou deux propositions à te faire.