Le petit sac à dos de A.

« Y’a quoi dans ton sac A. ? »

« J’ai mes doudous, mon eau, et des mouchwaa. »

Je les regarde partir à l’école, à nouveau, enfin.

J’ai souffert je l’avoue pendant ces mois de confinement, avec trois enfants encore petits. Pourtant, elles ont été bien autonomes, jouant des heures durant, dans la maison, dans leur chambre ou dans le jardin. Mais je n’ai pas soufflé beaucoup, comme la plupart des parents, obligés de s’enquiller des journées de travail comme si de rien n’était, en enchainant les réunions zoom et les centaines de mail, et en devant faire l’école à la maison et surveiller leurs bêtises. Évidemment, rien de tout cela n’a été compatibles. Elles ont fait des bêtises, parfois dangereuses, en improvisant des repas improbables dans la cuisine, en décidant de m’aider à laver le sol, ou simplement en dérangeant inexorablement ce que nous essayions de ranger avec leur père. Là-dessus, la chienne d’or, L., s’est mise à me surprotéger à l’extérieur, grognant méchamment sur tous les passants, les poussettes, les vélos, motos, camionnette et autres chiens. Il a fallu la recadrer, et nous sommes encore dedans, à force de regarder des vidéos de lui qui connait si bien les chiens.

J’ai adoré manger tous les jours dehors, prendre mon café au soleil dans mon jardin, bêcher, planter, imaginer, pendant toutes ces semaines depuis mars. J’ai adoré voir mes filles se rapprocher les unes des autres, passer des heures à jouer avec des jeux qu’elles pensaient avoir perdus. J’ai adoré nos moments privilégiés avec l’une ou l’autre, les câlins plus nombreux que lorsqu’on court partout. J’ai même pensé, plusieurs fois, arrêter mon activité pour prolonger le plus longtemps possible cet état de grâce : leur petite enfance qui file et moi qui regarde ailleurs. Mais en vrai, je me connais. Seule dans la maison, je serai en dépression. Je regarderai des séries et je traînerai en pyjama en mangeant des céréales. Je leur crierai dessus le soir. Mieux vaut cela. J’ai donné 4 années de ma vie en travaillant à temps partiel, pour être auprès d’elles trois, pour leur éviter certaines courses, certains états de manque, pour être un peu présente. Maintenant, je veux faire autre chose, penser un peu plus à moi.

La maison est silencieuse, il n’est reste qu’une, qui dort encore, bienheureuse, dans sa chambre.

Le soleil inonde la cuisine, je n’entends que le tic-tac de l’horloge murale. Ce silence est divin. Bien sûr, il faudrait que je lise ma centaine de mails, dont certains agacés, anxieux ou colérique. Mais je vais pouvoir prendre le temps, enfin souffler. Bientôt, je reprendrai le RER, bondé ou pas, peu importe. J’aurai mes podcasts dans les oreilles, un bon livre, je me serai levée plus tôt parce que couchée plus tôt.

J'ai regardé A. et L s'éloigner, main dans la main avec leur père. Leurs petits sacs à dos sur leurs dos, leur démarche sur le trottoir, petits bouts de filles avec leurs nouvelles sandalettes qui brillent chacune.

Bientôt, tout va reprendre et moi, même si je suis plus que ravie de cette expérience mondiale de confinement, je veux retourner dans cette vie.  

 

Commentaires

1. Le samedi, 20 juin 2020, 18:12 par angèle

Bonjour,
Je n'ai pas pour habitude de commenter mais le fait que vous ayez choisi César Milan pour recadrer votre chien m'oblige à réagir.
Ce pseudo éducateur utilise des méthodes considérées comme maltraitantes, basées sur des théories dépassées de meutes, de dominant, dominé, qui sont au minimum incorrectes, au pire dangereuses.
Vous arriverez, peut-être, à recadrer votre chien avec ces méthodes d'un autre âge mais, sûrement, vous aurez brisé votre compagnon.
Préférez les méthodes dites positives,
et fuyez tout "éducateur" qui vous conseille par exemple de mettre de force votre chien sur le dos ou de mettre la main dans sa gamelle.

2. Le mercredi, 24 juin 2020, 07:58 par Valérie de haute Savoie

Je suis contente de te lire, de savoir que cela ne s'est pas trop mal passé, que tes petites filles vont bien :-)
Bon retour progressif vers la vie "normale" :D

3. Le vendredi, 3 juillet 2020, 17:38 par Marloute

Angèle : Oui je sais Angèle toutes les polémiques autour de lui. Pas d'inquiétude, on ne lève pas la main sur elle ! Mais la chienne qui était devenue très agressive s'est détendue d'un coup du moment ou on a appliqué son principal conseil : le calme intérieur du maître pendant la balade. La chienne se fait recadrer du regard ou de la voix. Une éducatrice canine (tendance bienveillante) nous accompagne aussi sur ce chemin, et on distribue des croquettes ou des bouts de fromage à chaque rencontre avec des chiens qu'elle déteste pour changer son émotion du moment. Mais le comportement du chien m'a appris beaucoup sur moi. Sur ce que je renvoie, sur mon anxiété que je cache et que ma chienne met au jour, et je l'en remercie pour ça. Un jour je ferai un post dessus.