La flemme

Il y a cette étrange torpeur du matin dont je n’arrive pas à me défaire. Comme si, à peine réveillée, toute la fatigue du monde s’abattait sur mes épaules. Cette fatigue immense m’empêche de mener mes projets à bien : écrire, méditer, faire du sport, sortir, comme je le voudrais. Je n’arrive pas vraiment à comprendre : est-ce de la flemme ? Une immense flemme qui m’empêche ainsi d’agir et de me tenir à mes engagements comme je le souhaiterai ? Je me souviens de mon père au même âge, de son travail au jardin ou de son retour du marché, au petit matin, quand j’ouvrais à peine un œil. Jeune adulte, terrassée par une dépression monstre, je me souviens avoir discuté avec les parents d’une amie, leur confiant que je désespérais avoir comme eux tant d’activités tant je me sentais nulle et inutile, traînant ma fatigue tout au long du jour. A certaines périodes, elle est moins puissante, moins présente. Alors je me rassure, me dit que c’est hormonal, consécutif à mes insomnies,( jamais bien loin) ou encore que c’est une fatigue due à un manque de vitamine quelconque, et je me gave de complément alimentaire que je reçois par paquet au boulot : Magnésium, Omega 3, Moringa et j’en passe.

 

Vendredi, j’ai traversé tout Paris avec A. endormie dans sa poussette pour choper la dernière petite piscine d’enfant disponible. Montée vite fait vendredi, elle a fait samedi le bonheur des enfants et de nos amis, attablés sous le voile d’ombrage, à déguster de petites pizza aubergines/chutney de cerises que je venais de confectionner. Le soir, avec Y., on s’est partagé une cigarette en regardant les enfants jouer dans l’eau jusqu’à ce qu’il fasse presque nuit. J’avais un sentiment de vacances. Notre maison me donne ce sentiment, quand j’y arrive, de vacances infinies.

 

Ces derniers jours, je bataille auprès de Y. pour avoir un chien. Lui ne voit que les contraintes d’un animal aussi présent, moi je ne vois que les avantages. Pour l’instant, il n’est pas d’accord, mais je voudrais qu’il change d’avis. Moi qui enfant ai toujours eu des chiens, leur présence me manque. Je comprenais ses arguments en appartement, mais plus depuis que nous sommes en maison et que nos voisins en ont. Je rêve d’un chien. Pas pour les enfants, un peu aussi, mais surtout pour moi. Depuis quelques temps, les choses s’accélèrent, car un chiot est né dans une portée chez des amis de ma petite sœur. Et je rêve, rêve, rêve de lui ou plutôt elle, avec ses petites pattes blanches et son air coquin.