La fatigue

Mon ordinateur est tombé allumé. Depuis, je vois la vie en psychédélique. Des reflets irisés parcourent l’écran, rendant difficile des choses simples : regarder un film, trier des photos. J’ai peur de tout perdre : il y a la là quatre années de vie, de photos, de textes… Je ne sais pas quoi faire. De temps à autre, il se rétablit miraculeusement. J’essaye de sauver ce que je peux sur un cloud, mais la connexion est tellement mauvaise que les photos mettent du temps à se copier. Il faudrait sans doute changer un composant, entrer dans les entrailles de la bête, mais j’ai trop peur de faire une mauvaise manipulation.

Je me sens vidée et fatiguée en ce moment, mais il n’y a pas de dépression : mes envies sont toujours là, mon besoin de créer aussi. Les enfants sont malades et moi aussi depuis plusieurs semaines : un gros rhume, puis une gastro-entérite, puis une rhinite/bronchite nous ont attaqués à la suite.

Je suis inquiète pour ma petite L. : elle ne veut pas aller à l’école. Malade depuis une semaine, elle y a échappé. La perspective d’y retourner la rend triste : elle ne veut pas qu’on la laisse, qu’on soit séparés, elle n’aime ni la cantine, ni la sieste, ni le goûter, à peine plus les récréations et le centre de loisir. Surtout, elle exècre sa maîtresse, qui a l’air complètement stressée. Ce genre de personne mielleuse qui fait semblant de quelque chose alors qu’elle pense complètement l’inverse. Je supporte de moins en moins les gens « malhonnêtes », vis-à-vis de leurs propres sentiments et vis-à-vis des autres. Au fur et à mesure que moi j’ose m’affirmer dans ma vie, de plus en plus, je ne supporte pas ceux qui ne font pas cet effort pas eux aussi. Sans doute L. sent elle ma propre animosité envers son enseignante, ce qui ne doit pas aider. Je vais bientôt demander un rendez vous, sans savoir quoi demander : a-t-elle observé quelque chose de particulier ? Est-ce que L. est vraiment triste à plusieurs moments de la journée ? Moi aussi, petite, je détestais l’école. Un groupe d’élèves me malmenaient chaque jour : rackets, agressions, menaces. Je devais amener des bonbons que je ne possédais pas. J’étais la plus petite de l’école : à deux ans et quelques. Un grand bébé effrayé. Je me souviens de la peur, du froid, du sentiment de solitude. Je pense avoir dit plusieurs fois que je m’y sentais mal, mais sans parler de mes agresseurs, car j’avais encore plus peur de leur réaction s’ils apprenaient ma plainte. J’en ai parlé à L., lui ai dit que c’était dur d’aller à l’école quand on ne s’y sentait pas bien, et qu’ensemble, on allait trouver des solutions. En vrai, j’en ai très peu, à part une déscolarisation, ou un changement de classe en cours d’années, deux solutions un peu radicales mais que je prendrais peut être si cela continue.

Mes recherches de maisons continuent. Je visite des biens déprimants : trop de travaux qui dépassent notre budget mais près de notre travail et de la capitale, ou magnifiques mais à des kilomètres du premier transport en commun. Je ne sais pas quoi faire. Certains quartiers ne me font pas du tout rêver. Y. insiste souvent sur nos trajets domicile-travail. Bien sûr, il a raison. Mais c’est vrai que je rêve de nature sauvage, de petite école, d’un esprit village. Lui ne peut vivre sans son cinéma d’auteur, le métro tout près, et adore l’anonymat des grandes villes. Surtout, il rentre à deux heures tellement tardives, qu’il ne serait jamais chez nous avant 21h. Bien sûr, cela me fait réfléchir…. La seule solution que je vois : prendre une aide le soir, tous les soirs. En plus de nos modes de garde, ce qui est une folie financièrement parlant, mais qui me soulagerait beaucoup. Je me tâte pour le faire....

Commentaires

1. Le mercredi, 29 novembre 2017, 06:28 par Valérie de haute Savoie

Ah l'école, quel cauchemar d'enfance. Rien que pour cela je ne voudrais plus recommencer ma vie. J'espère que tu pourras l'aider à s'y sentir mieux et que tu trouveras une maison super chouette dans un quartier sympa. Mon frère qui a dû quitter sa rue des quatre fils chéri, a trouvé un appartement vers le père lachaise, à ses prix et la taille souhaitée. Il faut croire aux miracles :)

2. Le vendredi, 8 décembre 2017, 07:36 par Marloute

@Valérie : toi aussi c'était dur? Ce matin, j'accompagne L. a une sortie scolaire, j'espère que le fait de voir sa maman dans un contexte de classe changera un peu sa vision...

3. Le lundi, 11 décembre 2017, 18:25 par lyjazz

Surtout, surtout, si elle est trop mal, change-là d'école !
Pour avoir eu un fils dans les affres de la phobie scolaire, justement à cause d'une équipe pédagogique (en collège) dans le genre de ce que tu décris, vraiment, c'est trop dur à remonter un enfant qui a le moral dans les chaussettes et plus aucune estime de soi... alors il vaut mieux prendre les devants et chercher vraiment une personne, un lieu, où elle sera bien.