Décembre à toute vitesse

J’aime quand Leeloolène vient passer une soirée chez moi.

J’aime faire chauffer l’eau, servir les infusions, proposer du chocolat, et me pelotonner pour l’écouter. On reprend toujours les mêmes histoires, des histoires d’amour. Nous décortiquons, analysons, nous rigolons. On se remémore parfois le passé, nos grandes aventures, ce temps où nous n’étions pas encore des adultes, ou nous vivions tout à fleur de peau, ce temps lointain de l’enfance et de l’adolescence, où nous étions passionnées par tout.C'est une pause douceur dans ma course quotidienne.

 Je commence doucement à atterrir au travail. Le climat n’est pas toujours serein mais je cherche à garder le cap. Comme les chats, je n’aime pas le changement. Rien ne me va tant que mes petites habitudes. Et là, je peine à trouver mes marques. Je n’aime pas mon bureau, ni mon nouvel ordinateur. Je dois me recréer mon petit espace à moi pour pouvoir respirer. Dans deux petits jours, déjà, ce sera les vacances, avec à nouveau du temps pour ma famille. Je n’aurais pas pu rêver mieux que ce mois de décembre. Bien sûr, je suis en retard et n’ai pas préparé la moitié de mes cadeaux. Bien sûr, je croyais aller plus vite au travail, faire preuve de plus d’éclat, au lieu de cela, je rame comme la dernière des stagiaires et sourit niaisement quand je me fais charrier. Bien sûr, je suis toujours baignée dans cette légère déprime, qui m’empêche de profiter pleinement des choses et des gens, mais je cherche à m’en extraire dès que je peux. Je me concentre sur des petites choses : l’air qui entre et sort de mes narines quand je prends le temps de respirer à fond, la lumière d’une bougie que j’allume, un film vu à deux qui nous a beaucoup plu ou un bon livre lu sur le canapé.

Ce soir, Y. est sorti boire des coups avec ses amis. Demain, nous sortons tous les deux, dans deux endroits différents, alors j’ai pris un baby sitter. Vendredi, c’est moi qui retrouverais mes copines pour boire des bières. Au milieu de cela, nous arrivons à passer plus de temps ensemble, plus que jamais. Comme je rentre plus tôt que lui, aux alentours de 19h 19h30, nous profitons de la vie de famille différemment. Je n’avais jamais connu ses repas tous ensemble, ces discussions où chacun raconte à tour de rôle sa journée. Je n’ai le souvenir que des têtes à tête avec ma petite R. en guettant le portable pour savoir quand Y. nous rejoindrais.

Je suis heureuse de vivre cela, cette petite parenthèse là. Les week-ends, je redécouvre le gout de faire des activités seule avec R. Nous sortons, toutes les deux, à l’assaut des bus et des métros : une expo, un ciné, le cirque ou un spectacle aux folies bergères. Moi qui avait passé tant de temps seule avec sa petite sœur, je redécouvre le plaisir de passer du temps avec ma grande. J’admire ses longs cheveux, qui descendent loin dans son dos, embrasse son nez et la serre dans mes bras quand je la tiens sur mes genoux. Le soir, elle s’endort vite, épuisée et souvent pénible à cause de ses journées chargées en émerveillements divers.

Dans deux petits jours, ce seront les vacances, et moi je ne pense qu’au travail que je n’ai pas encore fait, celui qui reste à faire et comment vais-je arriver à m’en sortir, avec tout ce qu’il me reste à faire. Mais je sais que dès que j’aurais tourné le dos, je vais bien vite tout oublier pour me consacrer à ceux qui m’entourent. Et profiter, profiter, profiter….

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