La trouille

Je savais que ce serait difficile.

Non pas la séparation avec ma toute petite, qui s’épanouit à vue d’œil dans les bras de son père, mais le retour au rythme effréné du travail. Je suis lente. Lente à mourir. J’essaye de me faire à l’interface Mac, je passe plus de 4 minutes à faire un copier coller, je peine sur mes recherches, écrit avec des lourdeurs infâmes, peine à comprendre les chiffres que je dois expliquer, me trompe dans les pourcentages. J’ai écris des dates de rendus d’articles que je ne sais pas si j’arriverais à honorer. Je redécouvre le stress. La boule au ventre et la course contre la montre, la conférence de presse à l’autre bout de la Capitale et le repas dans le métro en relisant ses notes, l’anxiété pour mettre en ligne ou subir le feu de la relecture. J’ai peur, peur, peur. Peur qu’ils regrettent leur choix. Peur qu’ils me comparent à ma prédécesseuse, ô combien compétente, qui a choisi de partir car justement elle s’ennuyait un peu. J’ai peur de décevoir, et plus peur encore de me décevoir. De n’être pas assez bonne pour le canard et d’entraîner du monde dans ma chute. Y. ne comprend pas mes inquiétudes, m’encourage à travailler pour moi et pour moi seule, mais il m’est toujours aussi difficile de me détacher du jugement des autres, de l’autre. J’investis, je surinvestis les rapports au travail et m’alarme de la moindre parole que je pourrais trouver blessante.

Hier, j’étais gênée par le bruit de l’open-space, les conversations, les interruptions constantes et mon téléphone qui sonnait, des attachées de presse qui me proposaient des conférences ubuesques, et l’article qu’il fallait rendre, le prochain rendez vous qu’il fallait prendre et cet autre article, déjà en relecture, qui me revenait couvert de stylo bille avec tout ce qu’il fallait réécrire. Là-dessus, j’ai refusé une émission de télé. 10 minutes d’intervention à enregistrer la semaine prochaine, sur un sujet que j’aurais aimé préparer, mais le courage m’a manqué, la peur de tout foirer à vouloir trop en faire. J’ai dit non avec aplomb, argumentant pourquoi, mais la peur au ventre. En sortant du bâtiment, je me suis engouffrée dans le métro en retenant avec peine de grosses larmes qui roulaient sur les joues, balayant mon maquillage.

Je veux montrer que j’ai ma place ici.

Mais je ne veux pas faire n’importe quoi.

Vivement que passe ces premières semaines, ces trois premiers mois redoutables, pour que je me sente un peu plus à l’aise et que je retrouve de l'aisance….

 

 

Commentaires

1. Le jeudi, 11 décembre 2014, 07:21 par valérie de Haute Savoie

Au début l'open space est assez difficile à supporter et il arrive un moment où tu ne réalises même plus que tu es entourée de gens qui parlent, répondent au téléphone, se racontent des trucs un peu trop fort... Parfois encore je me recroqueville le doigt dans l'oreille opposée au téléphone et je tente d'écouter mon interlocuteur au bout du fil, mais c'est rare et c'est quand vraiment c'est le boxon total :D
C'est normal que tu sois débordée, tu vas reprendre ton rythme et cela ira bien mieux dans peu de temps :)

2. Le vendredi, 12 décembre 2014, 13:23 par Fauvette

Je comprends ta peur, mais il ne faut pas qu'elle joue contre toi. Pour la dompter, organise-toi, fais des listes, coche, élimine... Enfin, je crois que tu sais comment tu dois avancer, et surtout tu sais le faire, mais oui tu sais. Et tu es la bonne personne pour ce poste.
Ce n'est quand même pas la trouille qui va devenir ta chef !
Bon courage Marloute !

3. Le vendredi, 12 décembre 2014, 22:01 par Marloute

@Valérie et Fauvette : oui, je sais, je dois et je VAIS le faire. Mais la période est difficile !