Il faudrait....

Je suis arrivée chez mes parents, avec Y. et nos deux filles. Eux ne sont pas là, partis pour trois mois, pour le lointain Canada anglophone, sac au dos. Leur premier grand voyage de jeunes retraités – des gens modernes quoi. Je me demande souvent comment vont-ils se supporter, eux qui communiquent si mal et s’engueulent si souvent. Comment vont-ils se supporter aussi longtemps, aussi loin, seuls petits « frenchies » dans des conditions pas toujours idylliques. Mais si les voyages forment la jeunesse, cette aventure les ramènera soit unis comme jamais, soit prêts à la séparation. Il a plu les deux premiers jours. R. a sorti de la malle des déguisements et se transformait simultanément en sorcière ou en prince. Elle demandait toujours à Y. de faire la princesse, et moi je riais intérieurement en le voyant s’exécuter de bon cœur. Chez eux, j’ai commencé par faire un grand vide dans la chambre qu’ils nous ont attribué, qui s’est vite transformé en débarras désorganisé. Nous avons déplacé une commode lourde comme un veau, tourné le lit, trouvé deux tables de chevets et deux lampes fonctionnelles, installé des tableaux, aspiré, épousseté. Je rêve d’appliquer cette recette à la chambre d’a coté, elle aussi encombré du sol au plafond. Ma petite petite sœur, qui l’occupait jusqu’à présent, m’a donné le feu vert. Il y a de grosses toiles d’araignées partout, des mégots de cigarettes, des bouteilles vides de bières qui datent de dix ans. Je sais qu’elle aussi sera ravie de retrouver sa chambre propre, mais cela me prendra du temps. E t puis il y a le jardin… Une jungle inextricable après les pluies diluviennes de ces dernières semaines. Je ne sais pas par où commencer. Il faudrait arracher les mauvaises herbes de deux mètres de haut pour accéder aux tomates et aux courgettes. Il faudrait ramasser les cornichons avant qu’ils atteignent la taille d’un concombre. Il faudrait tondre la pelouse pour profiter du jardin, il faudrait, il faudrait… La perspective de tout ce travail me dépasse. Moi je voudrais juste lire le délicieux petit roman que j’ai trouvé, l’Embellie, de l’islandaise aussi auteure de Rosa Candida, qui m’enchante, boire du vin rosé et regarder mes filles pousser au soleil.

Commentaires

1. Le jeudi, 31 juillet 2014, 23:51 par Arkadia

Je te souhaite bon courage dans cette tâche. C'est dingue comme on peu laisser les choses se tasser dans les maisons. C'est souvent épuisant.
Pour le jardin, il te faudrait peut être faire le choix de ramasser les légumes mures, histoire de les conserver, les mauvaises herbes ça ne se mange pas ^^

2. Le mercredi, 6 août 2014, 12:14 par clem

Je suis tout à fait d'accord avec le 2e commentaire!

3. Le samedi, 9 août 2014, 09:02 par Marloute

@Arkadia : tu as raison. Du coup, c'est ce qu'on a fait ! Récolte et puis c'est tout ! @Clem : C'est vrai que le 2ème commentaire est très éclairant, je n'aurais pas vu les choses sous cet angle...

4. Le dimanche, 17 août 2014, 18:11 par Oxygène

Je vote pour la lecture. Tant pis pour les mauvaises herbes et tous les "ils faudrait". Repose-toi et profite de ta jolie petite famille. Quant au reste...