Tentative d'aménagement

La chaleur nous accable depuis notre retour.

Une chaleur collante, pesante. Les fenêtre ouvertes avant de redescendre sur Lyon, on redécouvre, horrifiés, le bruit de nos rues de banlieue. La moindre conversation semble se tenir au pied de notre lit. On entendrait presque le souffle des respirations, si le bruit de la circulation, des mobylettes et du périphérique ne noyait pas le tout.

Les filles en pâtissent aussi.

 R. gémit et se plaint sans cesse, tandis que L., en bon nourrisson incommodé,  hurle à pleins poumons son désespoir. J’en suis à ma deuxième nuit blanche, à cause de nos départs, des choses à penser, de la chaleur trop forte, de mes angoisses qui reviennent parfois me hanter la nuit. Pourtant, la semaine sur l’île merveilleuse était idyllique en presque tous les points. Sauf un : nous avons découvert que partir en vacances avec deux enfants qui ne font pas de sieste et se couchent tard équivaut à ne pas avoir un moment de tendre tête à tête, pas un seul moment, de toute la semaine. Quand l’une faisait mine de s’endormir, l’autre prenait le relais.

Plusieurs fois je me suis dit : ainsi c’est cela ? Les gens qui ont plusieurs enfants qui comme les notre dorment très peu ne font plus jamais l’amour ? Leurs vacances ne sont plus jamais synonymes de détente ? Il faut, encore et toujours, être sur le pont, bercer, écouter, jouer, être tour à tout la méchante reine et Blanche-Neige, donner son doigt ou son sein à sucer et s’endormir enfin, exsangue, à seulement 22h ?

Il y a eu heureusement, heureusement, l’odeur des cheveux de L., celle de la peau de R. quand j’enfouissais mon nez dans ses cheveux pour un câlin et le goût de sel d’Y. quand je lui embrassais une épaule chauffée par le soleil. Il y a eu tous ces moments de rien, ces moments de tout, ceux qui font que j’ai souri, souvent, tout le temps, pour rien, pour tout, à toute heure du jour.