Tentative d'aménagement

Je sors de la nuit, petit à petit. Je souris, je revis, je retrouve ma mobilité. Je fais une timide escapade au marché, chez ma petite vendeuse de fruits et légumes. Dans les puces, on me félicite, on s’approche, on caresse la petite tête duveteuse de L. Je suis heureuse de retrouver ma petite vie, de sortir de cette dépendance de petite fille perdue, de cet état de fatigue profonde après l’accouchement.

En début de semaine, je broyais encore du noir. Je tremblais de fièvre, victime d’une inflammation, la mastite, à cause de mon allaitement tâtonnant.

Y. a pris la décision - à la fois folle et sage, la seule qu’il a su trouver à ce moment-là - de nous emmener toutes à la mer.

Et nous sommes partis, sur un coup de tête.

Faire péter l’école, prendre le train, manger des crêpes, des fruits de mer, déguster des glaces artisanales en flânant au soleil, se balader sur la plage, lézarder dans les parcs (les vrais, ceux où le regard porte loin dans la verdure), prendre des cafés en terrasse, faire la sieste l’après-midi.

Revenir avec du sable dans les cheveux, des couleurs sur les pommettes et le cœur gonflé d’un état particulier… le bonheur sans doute?