Avancer toujours

J’aime ces soirées.

Quand Y. travaille tard toute la semaine, et que nous sommes seules avec R. Bizarrement, il y a moins de tensions. Je sais qu’Y. ne rentrera pas, alors il ne sert à rien de guetter la pendule, encore moins de m’énerver. Je dois résoudre certaines choses, apaiser les situations, tourner en dérision l’amorce d’un conflit. R., malgré les frustrations que je lui impose, m’en veut rarement plus d’une quinzaine de secondes. Les enfants petits m’émerveillent, contrairement aux adultes, dont je suis, car ils ne sont pas rancuniers. Ils sourient vite et se blottissent à nouveau dans vos bras même s’ils viennent d’essuyer une remontrance qu’ils ne comprennent pas, injuste à leurs yeux. Moi j’aurais bien du mal à avoir cette ouverture, cette confiance absolue du petit enfant face à sa mère. J’essaye de ne jamais l’oublier quand R. est pénible. Je lui en veux de nous gâcher à toutes les deux la soirée, puis je me met à sa place. Elle est si petite ! Alors bien vite, j’ouvre mes bras et la voilà qui vient me raconter sa journée, me dire que je suis belle.

Avant, je me souviens que je redoutais ces têtes à têtes avec ma petite fille. Je rentrais harassée, poussant ma poussette, dans le froid, il fallait encore la mettre dans le bain et la faire manger. Depuis la rentrée, quelle différence ! Je découvre la joie de rentrer directement chez moi, de converser avec N., la nounou à domicile, et enfin, enfin de profiter de R. Nous faisons la cuisine, elle me parle de ce qui lui passe par la tête, mais rarement de sa journée d’école. Souvent, nous nous installons sur le lit pour des séances de longues bagarres endiablées. Aucune de nous n’est avare en coups, mais nous savons chacune doser nos forces pour ne pas blesser l’autre. J’adore chahuter ainsi avec elle, plus que de jouer aux poupées ou à ses jeux imaginaires, avec des mouchoirs et des marrons qu’elle aligne ou endors comme des enfants.

Ce soir, pendant une demi-heure, parce que nous n’étions pas pressées par le temps, nous avons fait une séance de massage. Je lui ai longuement massé les pieds, les mains et le visage. Elle a voulu me masser à son tour, maladroite, trop légère, mais si appliquée que cela m’a fait fondre.

A chaque âge, à chaque moment, il faut se réadapter à un autre rythme, d’autres habitudes, d’autres rituels. J’aime cette impression que donne l’enfance de ne jamais stagner, de toujours avancer. Quel exemple pour le vieux croûton que je suis si souvent !

 

Commentaires

1. Le mardi, 19 novembre 2013, 06:53 par Valérie de Haute Savoie

C'est un très joli billet Marloute :)

2. Le mardi, 19 novembre 2013, 06:53 par Valérie de Haute Savoie

C'est un très joli billet Marloute :)

3. Le mardi, 19 novembre 2013, 13:12 par clara

Les temps changent, les parents doivent constamment se réadapter aux situations, oh oui que c'est vivifiant, mais parfois fatiguant aussi! Profite bien de ces jours privilégiés avec ta fille...

4. Le mardi, 19 novembre 2013, 13:34 par Marloute

Merci les filles !

5. Le mercredi, 20 novembre 2013, 16:39 par clem

Super!! je suis moi aussi plus détendue qd Y. ne rentre pas! lol c'est fou non?

6. Le mercredi, 20 novembre 2013, 21:29 par Marloute

@ Clem : oui ! Je crois que du coup, la tension baisse... c'est idiot mais ça me le fait à chaque fois !