Attention.... billet "mal-être/ je vais mal/ au secours", âme sensibles s'abstenir de la lecture qui suit!

Moi, ça va pas fort.

Et vous ?

Je crois que je n’avais pas ressenti ça depuis ma dépression. Une impression d’effondrement interne, comme si j’étais aspirée de l’intérieur, comme si un siphon se déclenchait en moi et que je m’écroulais silencieusement. Je sais plus ou moins que cela un lien avec ma personnalité, et avec ce qui se passe au travail, mais ce n’est pas la situation avec P. qui me rend triste, plutôt une impression intérieure que je ne sais plus où j’en suis. Que je ne sais plus qui je suis.

De l’extérieur, j’ai encore renforcé l’impression de droiture, de mainmise. Tailleur strict, maquillage ombré, talons hauts.

Mais toute la journée, j’étais au bord du gouffre.

A un pas de l’abîme.

Pourtant, il n’y a rien à signaler.

P. me nargue, appuyant par petites touches là où ça fait mal, puis faisant comme si on était d’un coup très amis et très proches dès qu’il y a du monde autour. Puis m’assassinant au détour d’une petite phrase.

A l’extérieur, je donne le change.

A l’intérieur, j’ai envie de crier.

Ce soir, je n’arrivais pas à me défaire de cette impression désagréable. Dans le métro, chez la nounou, il a fallu plusieurs fois que je m’arrête pour faire redémarrer mon cerveau.

Je vais y arriver, je vais arriver.

Je sais que je peux aller jusqu’à cette station de métro, je sais que je peux atteindre la cité de la nounou. A mon arrivée, une dame ne me tient pas la porte et ne répond pas à mon bonsoir. Je deviens soupçonneuse d’un coup : elle aussi, elle serait au courant ? Au courant que Marloute est mauvaise, une faible, une pauvre chose, incapable de s’imposer, une « looseuse », incapable de prendre sa vie en main. Dans l’ascenseur, j’essaye de me raisonner : cette dame ne peut rien savoir de moi, c’est de la paranoïa pure et simple.

Une fois que j’ai récupéré la petite, je ne me calme pas.

J’arrive à l’appartement, mais apprend qu’Y n’arrivera pas d’ici une heure et demie.

Je panique, l’appelle. Lui raconte, en vrac, les visions, le mal-être, l’impression que tout le monde sait quelque chose. Je lui dit qu’il faut qu’il rentre, et il me répond, comme à son habitude, qu’il ne peut pas rentrer plus tôt.

Je sais que je suis à deux doigts de craquer. Mais je ne craque pas. R. a senti ma tension, elle se braque comme jamais. C’est une petite fille hurlante que je déshabille, une sirène à qui je change la couche, et une furie qui envoie valdinguer sa nourriture, avant de finir en larmes et morveuses dans mes bras. Je suis fière de moi, car j’ai gardé mon calme. Je n’ai pas eu de gestes nerveux envers elle, alors qu’à l’intérieur de moi, à l’intérieur de moi…. J’aurais pu l’étriper, juste pour me défouler. Mais elle n’y est pour rien, cette petite fille de deux ans, qui fait sa crise des deux ans, que sa maman est au bord du gouffre.

Un moment, j’ai pensé chercher le numéro d’SOS médecin, SOS psy, bref, quelqu’un pour venir ici, m’écarter de R., car j’avais peur de craquer et de lui faire du mal. J’imaginais le scénario catastrophe : Y. rentre du travail et trouve son enfant démembrée, et moi perdue, qui lui dit « Oh là là, je ne sais pas ce qui m’a pris, vraiment… ».

Heureusement, tout s’enchaîne. Je couche ma fille enfin calmée et câline dans son petit lit, et Y. finit par arriver.

Mais franchement, c’est pas normal d’en arriver là non ?

Y’a un truc qui tourne pas rond au pays de Marloute.

Je me demande si je peux me faire hospitaliser sans raison valable, juste parce que j’ai l’impression de devenir folle.

Peut-être que du coup, la pression redescendra ?

Je ne sais pas.

J'ai envie de pleurer, et n'y arrive pas vraiment.

Commentaires

1. Le jeudi, 1 novembre 2012, 05:58 par Oxygène

Repos, arrêt de travail, consultation chez un médecin ou ton psy....N'hésite pas ! Il te faut reprendre de l'énergie et te retrouver. Courage!

2. Le jeudi, 1 novembre 2012, 07:53 par Valérie de Haute Savoie

Oxygène est de bon conseil, va voir illico un médecin et lui pourra te donner cet air dont tu manques en ce moment pour comprendre ce qui se passe.
La tension au bureau est tellement insupportable que c'est vraisemblablement en t'en éloignant un moment que tu pourras réfléchir et surtout remonter la pente qui me semble terriblement savonneuse et dangereuse. Je ne sais pas si tu es toujours en thérapie, si quelque chose en plus de P. est sortie ces derniers temps qui te fragilise à ce point, mais Marloute, quelques jours d'arrêts ne seront pas de trop pour respirer et comprendre. Faire un point aussi sur ton avenir, tes espoirs. Ta boîte n'en mourra pas, crois en mon expérience, mes collègues sont souvent en arrêt et on ne coule pas.

3. Le jeudi, 1 novembre 2012, 13:22 par julio

Il faut te relaxer ; tu cherche à te connaitre, et se que tu découvre de toi te déstabilise. Bien il faut savoir que nous sommes tous dans la même situation et souvent plus ont monte haut plus apparaisses nos manques nos faiblesses nos failles ! C’est justement maintenant que tu dois faire preuve de courage, se sont nos erreurs qui nous grandisses quand ont les comprend et cherche à ne pas les répétés, la prise de conscience et le début de la guérison ! Fait toi aidée vas chez le médecin prend quelque jours de repos reprend des forces.

4. Le jeudi, 1 novembre 2012, 14:56 par clara

Tu ne peux pas rester comme ça, tu en as bien conscience d'ailleurs. Alors oui, je dis comme les autres : file chez le médecin, demande un arrêt de travail, demande aussi quelque remède pour remonter la pente (à un moment où j'étais mal la teinture mère de millepertuis avait fait merveille), trouve une oreille pour t'écouter, les médecins généralistes font ça bien en général et puis (re)pose-toi. Vite.

5. Le dimanche, 4 novembre 2012, 17:32 par marie sans importance

Je dis comme Oxygène
+ sport (piscine, vélo, course à fond)
+ aller crier dans les bois fort fort fort
+ chanter, danser comme une folle
+ dire à l'autre con(ne) d'aller se faire foutre (au moins dans ta tête)

Je t'envoie du courage (j'en ai un peu en ce moment, alors j'en profite).