Hystérique

Il fait froid et humide mais je rechigne à allumer le chauffage. Il faudrait changer notre chaudière, car celle-ci est en bout de course. L’hiver dernier, il a fallu pousser les radiateurs à fond à chaque fois qu’on voulait prendre une douche… Je ne sais pas si je me sentirais de refaire un hiver comme ça.

Ce week-end était à la fois reposant et épuisant.

Epuisant parce que les peintres étaient venus dans la semaine, que la peinture n’était pas sèche, je suis partie dormir chez des amis dès le jeudi soir. Vendredi, nous avions donné la petite à garder à ces mêmes amis et nous sommes partis dormir dans l’appartement d’une amie, qui nous le prêtait, à coté de Bercy, après le concert de Radiohead.

Le lendemain, c’était l’anniversaire de ma fille, et j’ai eu la présence d’esprit de le fêter chez les voisins du dessus. Ils avaient fait un crumble, acheté des bougies, dans leur bel appartement que j’adore. Chez nous, c’était Beyrouth. On a passé une bonne soirée tous les six, à boire du bon vin et manger des crêpes, pendant que nos filles jouaient. Le lendemain, il a fallu re-poncer les tomettes, puis nettoyer la poussière rouge qui s’était déposée partout. J’ai raté la couche de finition, et ce matin, après les huit heures de séchage, le sol paraissait plus abîmé qu’avant mon passage. Il a fallu tout recommencer : à nouveau poncer, nettoyer, et re-huiler cet après midi.

J’ai eu des moments de désespoir : je revenais du marché et des courses sous la pluie, juste à temps pour emmener R. à un atelier d’éveil musical, toujours sous la pluie. Je suis revenue trempée et affamée, et Y. refaisait mon travail de la veille, et nous nous sommes engueulés, parce que j’avais faim, R. aussi, et nous étions trempées et fatiguées.Je me souviens que j'ai crié, puis je me suis recroquevillée, en larmes sur le sol de la cuisine, et qu'Y est venu m'embrasser pour me réconforter, et R. m'a amené son doudou. Je m'en suis voulue de craquer ainsi, comme si j'étais incapable de passer ces moments difficiles.

Mais j’ai aussi pu me reposer.

Samedi matin, comme je n’étais pas chez moi, je me suis pris un long bain, je me suis fait un thé et je me suis rendormie sur le canapé, pendant qu’Y. faisait la grasse matinée.

Dimanche après-midi, je suis allée au hammam, avec les copines.

Dans les vapeurs, oublier ses soucis, et s’endormir encore dans la salle de repos, éclairée à la bougie, dans la pénombre et les chuchotements.

Notre appartement ne ressemble à rien : tout est sous bâche, tout est poussiéreux, il faudrait plusieurs jours pour faire un grand ménage. Nous sommes dimanche soir, et je n’ai la force de rien. Je coupe des oignons et fait une petite soupe bien chaude, pour nous remonter le moral, à Y. et moi.

Ces travaux qui n’en finissent pas me rendent folle. Je suis comme les chats. J’ai besoin que mon chez moi soit très douillet et ne change pas trop, pas souvent…

Il fait froid et mon plaid en duvet, trouvé pour 5€ il y a10 ans sur un vide grenier, que je traîne partout, n’y suffit plus. Il faudra bientôt allumer le chauffage. Et changer la chaudière avant l’hiver.