Tentative d'aménagement

J’étais déjà allée sur cette île il y a quelques années.

J’avais raconté la découverte de ce jardin extraordinaire ici. Et voici que j’y retournais avec Y. et R. Quel bonheur intense !

Passer du temps avec eux deux, c’est retrouver du sens à la vie.

Je me rends compte que j’avais un peu trop surinvesti mon travail ces dernières années, et que les tensions de ces derniers mois m’avaient fait passer à côté de beaucoup de choses. Il aura fallu presque une semaine pour que les nœuds à l’estomac se dénouent, que je puisse retrouver un rythme de respiration apaisé.

Le bon vin blanc, l’arrêt du tabac, les embruns, la vue magnifique où qu’on tourne les yeux, le goût du homard acheté directement au pêcheur, les bons légumes, voir courir ma fille sur la plage, les retrouvailles longues avec Y. m’ont aidé à faire un break.

A moi les dix ou onze heures de sommeil par nuits, les romans avalés - Dieu que j’aime cette auteur, Barbara Kingsolver, quoi qu’elle puisse écrire – et les siestes quotidiennes.

A nous les marches, les balades à vélo, les courses-poursuites sur le sable, et R. qui ne trouve rien de plus drôle que de me recouvrir de sable chaque fois qu’elle le peut, comme si j’étais un simple rocher.

Parfois, je me sens lourde comme une pierre et aussi insignifiante.

Je regarde les mains potelées de R., je contemple un chat qui dort au soleil, ou un goéland qui appelle, et j’envie, à tous, leur insouciance, ou en tout cas leur absence d’anxiété apparente.

Me rendre compte qu’en fait, j’ai plein de choses qui me passionnent.

Que de fait, si j’ai des passions, des centres d’intérêt, je ne suis pas réduite à mon travail, où à ce que pense P. de ma personnalité.

Me dire que je suis une personne bien, que j’ai des ressources, même si je me suis rarement trouvée aussi peu intéressante.

Que je devrais moins m’en faire.

Que le meilleur moyen pour s’en sortir, c’est de déployer un puissant dispositif d’aide et d’entraide, pour pouvoir au final prendre soin de soi.

C’est le but que je me suis fixée pour cette rentrée.

Il faudra que je m’y tienne, si je veux arrêter la spirale terrible qui m’aspire, tel un siphon.

Sentir le soleil me dorer comme un biscuit pur beurre, prendre un bain, m’endormir sur ma lecture, prendre des notes sur ce que je faire à la rentrée.

Hier soir, rentrer chez soi après cette semaine incroyablement ensoleillée au nord breton, et faire une lessive.

Etendre le linge ce matin, jeter un œil à la feuille d’impôts, faire quelques courses pour les sandwichs de demain, vider le congélateur, traîner sur FB, lire une BD, boire un café en écoutant Julia Stone, prendre des places de concert pour Radiohead, me demander ce que font mes amis ce soir….

Et demain, demain… repartir, à la montagne cette fois !