La trouille encore

Je suis fatiguée à un point inimaginable.

 J’ai l’impression de tirer sur la corde, et ces quelques jours avant mes vacances, mercredi, le 1er août, sont sans fins, plus exténuants que je l’aurais imaginé. Je dors mal aussi, à cause de mes soucis au travail. Comme quoi, même quand on essaye de prendre du recul par rapport à une situation, on a du mal. Je me réveille parfois en pleine nuit, persuadée que je vais être virée, que mes collègues sont d’accord avec mon chef barjo et que tout ceci va très mal se terminer. Puis le lendemain, je vais travailler, et il débarque charmant, demande des nouvelles de R. Pffff.

N’importe quoi. C’est peut-être le plus fatigant.

Même en essayant de ne pas y penser, c’est difficile.

Je suis sans arrêt envahie par des pensées, l’anxiété m’étreint parfois la gorge.

J’en ai parlé avec quelques collègues. Celles qui ne me portaient pas dans leur cœur en ont profité pour m’enfoncer. Juste retour des choses pour elles. Après des années à être le chouchou, la roue a juste tourné. Pas de chance pour moi, je n’ai pas eu le temps de partir au moment où j’étais au sommet. Certaines ricanent sous cape, mais d’autres protestent avec véhémence. Bien sûr que non, il ne faut pas lâcher prise. P. est comme ça avec tout le monde, il ne m’a pas prise en grippe moi toute seule, il est juste désagréable.

Maintenant, je me sens paralysée. L’impression d’être mauvaise professionnellement. Peut-être pas complètement mauvaise. Mais inégale du moins. Pourtant, je sais que j’ai des qualités, de management notamment. J’aime faire en sorte de que des gens se fédèrent autour de moi, pour les emmener ensemble dans la même direction. J’aime susciter l’enthousiasme autour d’une cause.

Je ressens la crainte du chômage, cette terrible inactivité, ponctuée d’une piges ou deux dans le mois, qui m’a minée pendant ces cinq longues années. Depuis que je suis rentrée dans ce magazine, j’adore ce que je fais. Je ne veux pas en partir, mais il le faut.

Je ne sais pas où me tourner.

Il faudrait commencer à prospecter pour trouver autre chose, un autre magazine d’ici la fin de l’année.

Je sais que c’est le seul moyen de relever la tête, d’avancer, de me remettre à dormir.

Mais j’ai la trouille encore.

 

 

Commentaires

1. Le dimanche, 29 juillet 2012, 20:10 par Lili

Quand je lis tes lignes tu décris mot à mot ce que j’ai pu ressentir cette année et ce qu’il m’arrive parfois de ressentir encore. Paradoxalement ça me fait du bien car en me retrouvant dans ce que tu dis je me sens moins seule……..
Mon métier est bien différent du tien (pharma) mais je l’aime tout comme tu aimes le tien. Or quand la hiérarchie est injuste et blessante comme ça a été le cas à de nombreuses reprises cette année pour moi, ce regard que l’autre semble porter sur moi deviens le mien. Je me sens nulle, incapable, sans ambition, la pharmacienne la plus catastrophique de France, un boulet, pas à la hauteur des espoirs de mon employeur. J’ai le sentiment de décevoir et ça m’est insupportable car c’est l’une des pires choses que je crains de faire, décevoir……..
Du coup la moindre erreur de ma part prends des proportions incroyables car c’est une pierre de plus qui vient s’ajouter à l’idée dans laquelle je m’enferre que je suis bonne à foutre à la porte.
Au fond de moi je sais que je suis compétente, loin d’être parfaite, mais tout de même apte à faire du bon travail, mais j’ai besoin de reconnaissance, et si cette reconnaissance ne vient pas ou alors qu’une critique me touche, c’est tout qui s’écroule.
J’ai participé à des ateliers relationnels cette année et en parlant de mes soucis au boulot j’ai découvert ce besoin de reconnaissance qui finalement me rend hyper vulnérable. La formatrice m’a alors demandé de chercher en moi la petite fille qui avait été blessée et n’avait pas reçu cette reconnaissance attendue……..
Alors je travaille sur ça, et j’apprends à accepter l’idée que ce n’est pas parce que l’autre ne me dis pas ce que je veux entendre, ou pire, des choses désagréables, que je suis nulle. J’accepte d’être imparfaite, tout simplement humaine, et j’accepte de faire confiance à mon propre jugement concernant ma valeur sans que l’autre vienne le piétinner.
Je te souhaite beaucoup de courage et de force………

2. Le lundi, 30 juillet 2012, 22:07 par Marloute

@Lili : merci pour ton témoignage! Je trouve que tout ce que tu dis est très juste. Ce n'est pas facile de prendre ce recul....