La suie

Comme dans les cauchemars, je descends un long escalier en colimaçon.

 Je serre contre moi R. et me concentre. Il y a des gens devant moi, des gens derrière moi. Plus nous descendons, plus l’odeur de fumée se fait plus tenace. Au fil des marches, les contours se grisent et nous évoluons maintenant dans le panache blanchâtre du début d’incendie. J’essaye de calmer la chamade de mon cœur. Alors que nous étions tous attablés pour le goûter avant les départs en vacances des autres enfants gardés, une voisine a tapé chez la nounou : « Il y a le feu, il faut descendre. ». Nous nous sommes regardés entre adultes interloqués, quelques secondes, avant d’embarquer la marmaille et de descendre le grand escalier.

7 étages, 7 paliers, et cette fumée qui montait des parkings aux sous-sols, où l’incendie avait pris.

Qu’allions nous trouver au bout de la descente ? Je voulais courir, dépasser les autres, me mettre à l’abri, moi et ma petite fille. Mais j’ai sagement descendu, calme en apparence, et nous sommes sortis. Au moment où nous quittions le bâtiment, des escouades de pompiers s’y engouffraient.

Je suis partie, encore tremblante et au bout de quelques rues, j’ai pleuré. Plus tard dans la soirée, comme Y. n’était pas rentré, je suis sortie avec A, confiant la petite endormie à O. notre baby-sitter. J’ai envoyé un texto à la nounou, qui m’a rassurée. Oui, le feu avait été éteint, heureusement. Tout le monde avait pu regagner son appartement.

Ce soir, avant de me coucher, je me suis mouchée.

Et devant mes narines noires de suie, j’ai encore pleuré.

Commentaires

1. Le samedi, 30 juin 2012, 09:12 par Valérie de haute Savoie

J'avais eu la chance de descendre avec la grande échelle lorsque les sous sols avaient brûlés, mais les narines noires de suie je connais aussi :D
Tant mieux qu'ils aient réussi à éteindre le feu avant qu'il ne se propage, c'est très angoissant en effet.

2. Le samedi, 30 juin 2012, 20:40 par Marloute

pff, comme j'ai eu peur, rétrospectivement. Je pleure toujours après. Ca évacue, ça fait du bien.
(Cela dit, je n'aurais pas aimé du tout du tout descendre par l'échelle -7 étage, j'aurais tourné de l’œil je crois)

3. Le dimanche, 1 juillet 2012, 23:13 par Leeloolène

Brrrr !!! J'en ai des frissons de lire ton billet !!!
C'est bien de pleurer comme tu dis... ça évacue...
Bisous forts forts forts