Avec elle...

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Je suis partie de chez moi samedi un peu sur un coup de tête. Nous en avions parlé sur ce blog avec Leeloolène. Je me sentais mal depuis quelques jours. Un peu vidée, sans créativité, sans envies. Une outre vide, bonne à râler sur les tâches ménagères et pas capable de se réjouir de la beauté de la vie.
Je voyais arriver le week-end avec un mélange d’effroi et de fatalité. Encore un week-end où Y. sera fatigué, et où je devrais rassembler une énergie folle pour ne pas être seule à passer l’aspirateur ou nettoyer la salle de bain, où il faudra veiller à ce que l’enfant dorme aux bonne heures, sous peine de se faire sermonner par la nounou. Encore un week-end me disais-je comme des millions d’autres, qui passera trop vite, et me donnera le sentiment de passer à côté de la Vie, parce que je ne profiterai même pas des gens que j’aime plus que tout, Y. et R.

 Et puis. Et puis. La Vie a pris un autre cours.

 J’ai décidé de partir le matin même. Avec l’autorisation de Y. « Va ! Ca te fera du bien ! Tout va bien se passer, je suis heureux de rester avec elle. » Après un dernier baiser sur la tête blonde de R. et un baiser à Y. je suis partie. Couru jusqu’à la gare, laissé un message sur le téléphone de Leeloolène, riant, presque criant : « Je viens, j’arrive ! Je suis là à 14h ! » Pris un aller simple, pour la rejoindre, elle, l’amie depuis si longtemps. Ah le souvenir de 1995 et la touffeur de la jungle, le cri des singes au matin au dessus de nos têtes, qui scella notre lien !
Je suis partie comme on fuit, légère et inquiète de ma liberté.

Là-bas…
Retrouver l’appartement de Leeloolène, ce lieu incroyablement inspirant. Parler avec elle, des heures, boire du thé, marcher, aller toucher des matières, voir des textures, parcourir Nantes, et rentrer, et boire un ti-punch, cuisiner tout en continuant à sauter du coq à l’âne, et sortir dans le froid, aller se mêler aux bandes de jeunes qui parcourent la ville, errant de bars en bars et se sentir un peu en décalage, sans trouver de lieu avec sa classe d’âge, trop jeunes ou trop vieux. Rentrer à deux heures, avec sur l’estomac un mauvais mojito, et éviter les vomis des adolescents qui titubent de partout. Le lendemain, se lever tard, bruncher dans un lieu presque magique pour être vrai, et prendre le petit bateau pour se balader dans le quartier de Trentemoult, un très vieux village de pêcheurs, où toutes les maisons sont colorées et pleines de petits détails fascinants. Parler, parler, parler, faire des croquis, demander conseil, pour l’aménagement de l’appartement parisien. M’étourdir de tout.

Revenir par le train de 17h.
Sentir cette puissance monter. Une inspiration étonnante. L’impression d’avoir passé une semaine là-bas.
Je sens qu’en moi, des choses se sont débloquées, comme si un barrage de feuille mortes, de branchages et de boue avait brusquement cédé, et que désormais l’eau claire s’écoulait, aussi limpide que mes idées.

Quand je reviens, je suis assaillie dès l’entrée par l’odeur de R., cette odeur que je ne sens plus à force de vivre avec.
Un mélange de bave et de beurre frais.
Mon bébé s’avance, gazouillant dans son langage, et cours de moi à son père, de son père à moi.
Bonheur.
Lui lire une histoire, l’embrasser, la coucher, l’endormir et lui chanter sa berceuse, tandis que dans mon cou, elle ronfle déjà doucement.
Prendre l’apéritif avec Y., faire l’inventaire de tout ce qu’il a fait : marché, supermarché, bibliothèque pour R., mais aussi passage d’aspirateur dans toutes les pièces, lessive et étendage… « et j’ai aussi nettoyé le frigo ! _Tu as quoi ? _Nettoyé le frigo ! » Je jette un regard à Y., perplexe.
De lui –même, sans lui avoir donné une seule indication d’un programme quelconque en mon absence, Y. a fait tout cela.

Je crois que je n’avais vraiment jamais réalisé que le monde pouvait tourner sans moi dans cette maison.
 
Je remercie le ciel d’avoir de la chance.

Chance d’avoir Y.
Chance d’avoir une amie comme Leeloolène, prête à m’accueillir à l’improviste.
Chance d’avoir cette vie-là.

Merci. 

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Commentaires

1. Le lundi, 16 janvier 2012, 08:25 par sleabo

Haaaaa, le Ti-Punch de Leeloolène... Les majuscules ne sont pas usurpées.

2. Le lundi, 16 janvier 2012, 09:28 par Leeloolene

Oh quel plaisir un billet pareil après notre si beau week end !!!!
J'aime cette mosaïque colorée et toutes ces petites fenêtres sur les si bons souvenirs de nos discussions.

A mettre dans nos agendas respectifs : un week end solo toutes les deux au moins une fois par an ! :) Parce que c'était vraiment trop trop bon (encore meilleur que le brunch ! c'est dire !)

(sleabo : quand tu veux pour un TI PUNCH !)

3. Le lundi, 16 janvier 2012, 14:13 par clara

vous avez même joué aux dinosaures?!

4. Le mercredi, 18 janvier 2012, 06:04 par Valérie de haute Savoie

Dites les filles, un peu plus qu'une fois l'an !
Cela me donne des envies de lever les voiles.

5. Le mercredi, 18 janvier 2012, 14:56 par Marloute

@Clara : Nan ils étaient sur une fenêtre, mais j'aurais adoré jouer aux dinosaures avec Leeloolène!

@Valérie : oui! Au moins deux fois! Voir 100...

6. Le mercredi, 18 janvier 2012, 18:34 par marie sans importance

C'est bon de retrouver les copines des fois... J'espère que ça t'a donné envie de t'accorder des petits moments à toi (rien qu'à toi) plus souvent.
Comme quoi, finalement, le bonheur ça ne tient pas à grand chose.

7. Le jeudi, 19 janvier 2012, 14:29 par Madeleine

" aller se mêler aux bandes de jeunes qui parcourent la ville " : si lors de telles pérégrinations, vous rencontrez un grand étudiant blond, lui faire des bises de ma part - sa mère ;)

8. Le jeudi, 26 janvier 2012, 21:00 par Lyjazz

ça réjouit, de lire ça !
Une belle banane !
ça donne envie de ti-punch et de week end avec les copines.
Je pratique parfois aussi, et c'est vraiment bon !