Aussi

Toute ma vie je veux me souvenir de son regard, de la joie immense qui l’a remplit quand R. nous a vu vendredi matin, après 4 jours de séparations, notre toute première si longue depuis sa naissance.

Tout a explosé en elle, comme un volcan intérieur.

Pendant une dizaine de minutes, elle n’a pu s’approcher de moi, trop émue. Elle m’évitait, rasait les murs, tout en me lançant des regards qui me laissait pantelante, accrochée à elle comme une moule à un rocher. J’étais si heureuse, si heureuse de revoir ma petite fille ! Au bout d’un temps qu’elle a jugé assez, elle s’est jetée dans mes bras pour une longue séance de câlins et de baisers.

J’ai retrouvé avec bonheur l’appartement lumineux de mes beaux-parents, dans la banlieue lyonnaise. R. y avait vécu des choses qui n’appartenaient qu’à elle. J’apprends qu’on lui a fait les gros yeux, qu’elle a pleuré, qu’elle a rit aussi, qu’elle a joué avec les épluchures de carottes, à s’en faire des colliers, et que ma belle-mère lui a raconté des histoires et chanté des chansons de son inventions. J’aime la façon dont mes beaux-parents sont de bons grands-parents, comme j’aime aussi la façon dont mes parents à moi sont tendres avec leur petite-fille, ou comme ma sœur s’en occupe, avec une patience et un bonheur évident.

Le samedi matin, je me suis échappée, j’ai pris un tramway, un métro puis un autre.

Je suis ravie d’être seule à Lyon, dans ces rames vides à la veille de Noël.

J’ai pris un bus pour les hauteurs d’Oullins, j’étais seule dedans et le chauffeur m’a lancé un sonore « Joyeux Noël » quand je suis sortie. Je me suis perdue dans les pavillons, et une dame m’a embarquée dans sa voiture pour me poser devant la petite maison blanche de mon amie R., mon amie depuis bientôt 15 ans. J’ai toquée et nous nous sommes retrouvée chez elle, à contempler C., sa petite fille nouveau-née, un amour de bébé, tout en joues et en regards profonds.

Mon filleul, son grand fils de 12 ans, n’était pas là pour voir ce cadeau que j’ai mis tant de temps à préparer, mais j’étais sûre de lui faire plaisir. B. le compagnon de R. s’est éclipsé pour nous laisser parler.

En quelques heures et 4 cafés, nous avons dévidé la bobine de nos discussions, comme si nos longues séparations et le fait de ne jamais, jamais s’appeler n’avait aucun effet, et que nous reprenions la conversations avec un mélange d’avidité et de douceur qui ne ressemble qu’à nous.

Puis ce fût Noël, les cadeaux, les sourires, les fous-rires, le buffet, les enfants, les mariages qui se profilent, dont celui de ma tante de presque 60 ans, après un peu moins de 40 ans célibat, qui sera dignement fêté, avant l’été,

Et ce matin,

il y avait ce soleil,

dans le jardin de mes parents,

et moi qui console ma mère qui culpabilise pour des fautes qui n’existent pas.

Il y a R. et Y. près de moi,

il y a cette lumière si chaude pour un 25 décembre,

et ma sœur qui promène sa nièce, à petit pas, dans la mousse humide,

il y a le bonheur

d'être là,

et de rentrer sur Paris,

aussi. 

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