Plaisirs du ventre

Je retiendrais de cette journée ce gueuleton mémorable.

Arrivé au Wepler un peu après 23h, à l’heure du coup de feu, celle où les serveurs en costumes virevoltent de tables en tables, où les écaillers ouvrent des morceaux d’huîtres et où les serveuses s'empressent.

J’aime venir ici avec Y.

 J’aime les grands nappes blanches impeccables, les grands luminaires en étains, l’or des brasseries, et les moelleuses banquettes tendues de cuirs rouges. J’aime essayer de deviner les métiers de ces gens qui nous entourent. Il y a les groupes d'amis qui comme nous sortent du théâtre, comme nous, partis voir cette petite pièce. Je regard autour de moi. Celui-là est une personne haut placée. Il a l’attirail des grands, la Rolex et les cigares, l’écharpe en cachemire. Il y a les anciens mannequins, femmes fabuleuses et effacées, il y a les amateurs d’huîtres, les touristes évidemment, venus du monde entier, gouter ces coquillages mythiques. Nous patientons un moment dans l’entrée, avant d’être placés. Il y a cette jeune femme qui s’ennuie avec un homme trop vieux. Rien ne semble l’intéresser, ni la conversation de son amant, ni les plats qui défilent. Elle est peut être malheureuse.

Avec Y. nous sommes au spectacle, mais nous profitons de nos plats.

Deux grands plateaux de fruits de mers, trop grands pour nous, que nous finirons quand même, à grand coup de vin blanc. Les fines claires, les normandes, les plates, toutes plus exquises, (moi qui n’aimaient pas les huîtres !) les bulots fabuleux, les palourdes si fraîches qu’on les diraient à peine tirées de l’eau, les crevettes, langoustines goûteuses et crabes trop copieux. Je cale sur le demi homard, Y. le terminera.

Il est une heure du matin, l’ambiance est retombée dans la salle.

Certaines tables sont déjà mises pour la journée de samedi. Les conversations montent encore, mais le ballet des serveurs portant leurs lourds plateaux de fruits de mer s’est calmé. Nous rentrons quasi par le dernier métro.

Les parents de Y. sont là, ils dorment déjà.

Juste avant de me coucher, j’embrasse encore Y.

Ses petits yeux de chats, la peau de ses paupières, le creux de ses doigts.

Alors que nos yeux luttent contre le sommeil, on se remémore nos premiers jours ensembles, nos peurs respectives, cette passion infinie qui nous tenaient alors.

Juste avant d’éteindre et de sombrer enfin, je murmure encore « Bon anniversaire des 10 ans mon amour » « Toi aussi » répond-il.

Et nous dormons enfin.

 

Commentaires

1. Le dimanche, 27 novembre 2011, 10:26 par Akynou

Vous êtes tellement mignons tous les deux que cela me mets les larmes aux yeux. Bon anniversaire à tous les deux.

2. Le dimanche, 27 novembre 2011, 14:58 par Marloute

:)

3. Le lundi, 28 novembre 2011, 15:05 par Leeloolène

Que de beaux et bons souvenirs au Wepler. J'aime tellement cet endroit.
Tiens... bonne idée pour bientôt :)

Sympathique votre petit dîner.
Bravo les amoureux.