Tout mal faire

Ce soir, j’avais envie de pleurer.

Y. parti en déplacement jusqu’à jeudi, j’ai enchainé des journées chargées, à devoir tout gérer sur un temps plus réduit, car je ne pouvais pas emmener R. aux aurores chez son ass’mat’. Je me suis fait des frayeurs, failli louper une interview. Il y a tellement de travail et si peu de temps, que certains de ces matins, en ouvrant ma boite mail et en voyant la série d’urgence à gérer, et surtout ma « to do list » qui s’allongeait, et en sachant que je devrais partir bien trop tôt pour tout gérer, certains de ces matins, je l’avoue, j’ai eu un peu de vertige, voir la nausée.

Mais en plus du travail, en plus de tout ce à quoi il faut penser (prendre le doudou, des habits chauds, l’ordonnance du pédiatre et rachetez des collants pour moi) en plus, je me suis mis en tête d’organiser un magnifique anniversaire pour les trente ans de mon ami R.

Je voulais faire quelque chose de grandiose.

Alors j’ai commencé.

Nous allons lui faire une fausse émission de telé. Nous nous succèderons sur un « plateau » (en fait un appartement) pour faire son éloge, un peu comme dans Sacré Soirée, avec pleins d’invités surprises, des chroniques, des épisodes musicaux. Je suis ravie, car nous sommes pleins à connaître des gens qui travaillent en télé, ou qui travaillons en télé nous-même. Alors des idées, des demies stars, du matos et du talent, il y en a à revendre.

Mais voilà, ce soir, un brainstorming était organisé, beaucoup trop tôt (19h) dans un bar, le nouveau lieu branché. Et j’ai voulu y aller.

Avec R.

Quelle mauvaise idée !

J’ai pris le métro en heure de pointe, avec un bébé fatigué et affamé. Arrivée (la première !!!) j’ai patienté, avec R. qui court partout entre les tables et se cogne encore. Les serveurs me regardaient, outrés. J’ai arrêté de réserver la grande table, commandé une bière. Un premier ami est arrivé. R. était épuisée, et nous avons migré dans un autre bar, car certains autres s’étaient posés ailleurs. Arrivés là, j’ai occupé R. encore un quart d’heure, puis j’ai du partir. Il pleuvait et mon bébé pleurait franchement.

Je me sentais si mal. Je ne me voyais pas reprendre le métro, remonter seule ces grands escaliers. J’ai pris un taxi et j’ai passé mon temps à culpabiliser, d’avoir trimballé ainsi R. et d’avoir eu si peu de sollicitude des copains, qui ne savent pas (pas encore !) ce que c’est de vivre ainsi.

Depuis que je suis rentrée, je n’arrive pas à me défaire de cette impression désagréable de tout mal faire. La gestion du quotidien, mon propre travail, l’équilibre de ma petite R. et cet anniversaire qui me dépasse.

Heureusement, heureusement, Y. revient jeudi.

 

 

Commentaires

1. Le mercredi, 9 novembre 2011, 07:08 par Elisabeth

Moi non plus je ne sais pas mais en te lisant j'entrevois à quel point cela n'a pas été une bonne soirée et c'est toujours très désagréable de pas sentir soutenue et/ou comprise...

2. Le mercredi, 9 novembre 2011, 10:01 par Lise

Je vois une femme qui fait face à sa vie, à un tout petit, un job prenant, un amoureux pas là, et continue à s'investir pour ceux qu'elle aime, et que tout ça fait beaucoup parfois, au point de ne pas être toujours compatible.
Alors tout n'est pas parfait.
Tu es une femme bien humaine, avec ses limites ;-) et c'est bien rassurant :-)
Bises
Lise, débordée, imparfaite, parfois malheureuse, mais en vie :-)

3. Le mercredi, 9 novembre 2011, 19:19 par Leeloolène

Oh ma pauvre choupette !!
Depuis la semaine dernière j'ai décidé de ne plus parler de "to do list"... mais de "tout doux liste". Et bizarrement, les centaines de choses à faire qui s'accumulent paraissent un tout petit peu moins envahissantes et difficiles à gérer.

Bon courage. Et fais moi signe quand Y. est loin... qu'on en profite pour papoter un peu :)
Bizzz fortes.

4. Le mercredi, 9 novembre 2011, 19:27 par captaine lili

"Comment manger un éléphant ? Une bouchée à la fois".
Comment gérer seule un bébé, un travail prenant, et l'organisation d'une fête ? (parce que tes copains auraient pu te donner un coup de main, même sans savoir ce que c'est... ça s'appelle l'attention à l'autre... oui, je suis sévère mais il y a des manières de faire que je ne comprends pas) C'est peut-être possible de tout gérer mais à part pour superwoman, ça passe sûrement par un apprentissage...

5. Le mercredi, 9 novembre 2011, 20:25 par Marloute

Merci toutes pour vos echos et vos avis.
Hier j'avais vraiment peur de ne pas terminer mon travail dans les temps, et de devoir travailler le jour férié qui vient.
Mais ce soir, ça va. Tout sera fait dans les temps, sans déborder si je m'organise bien. Et ce soir, j'ai réalisé une interview d'une heure des parents et du frère de mon ami R. De quoi alimenter la petite chronique que je vais lui dédier.
C'est vrai que hier c'était dur, surtout quand on se sent un peu déstabilisée par des remarques déplacées d'amis qui vivent pas ça et ne comprennent pas. J'ai bien senti du jugement dans leur regard quand je suis partie trop tôt, mais je suis plutôt satisfaite : la graine que j'ai lancé va germer, et je sens que tous vont mette la main à la pâte pour faire de cet anniversaire une fête magique.
Enfin j'espère.
C'est samedi prochain.
D'ici, là, comme dit le Capitaine : une bouchée à la fois.

6. Le mercredi, 9 novembre 2011, 23:46 par Akynou

Hé ! l'équilibre de la petite R, c'est aussi ta vie. Ce n'est pas lui faire un cocon, de la surprotéger. Alor même si elle est fatiguée et chouineuse, dis-toi qu'elle a vécu ce soir une expérience. Ce n'est pas comme si tu la battais, comme si tu la privais, maltraitait etc. Les bébés ne sont pas en sucre… et rencontrer tes copains, ça fait parti des choses qu'elle va apprendre de toi qui tu es quand tu n'es pas sa maman. Ce qui est aussi important. Bisoux et laisse tomber la cupabilité. Ça, c'est sûr ça ne sert à rien, ni à toi ni à ta fille