Entre-deux

J’écris ma lettre de reprise du travail.

J’ai à la fois hâte et à la fois pas du tout.

C’est un état bizarre.

Je veux retrouver mon bureau, ma plante verte, mes dossiers impeccablement alignés. Je veux écrire à nouveau mes articles, faire des interviews, chercher à insuffler un style, une tournure un peu plus travaillée, une titraille amusante ou juste vérifier mes infos.

Je veux faire rire mes collègues, faire du café, remettre mes talons hauts et me remaquiller.

Je veux animer des réunions, et voir ceux qui rechignent se rallier à ma cause, proposer des idées, sentir la mayonnaise prendre quand on avance tous ensemble vers un but.

Je veux marcher le matin dans l’air frais, ma longue marche d’une heure pour me rendre à Levallois, mais pourrais-je le faire depuis notre nouveau logement ? Ca me parait bien loin…

 

D’un autre côté, je redoute la longue séparation avec R.

J’aime me réveiller en entendant son babil. Elle parle à son doudou dans son lit un peu avant 8h. Je vais la chercher et elle frotte son nez contre moi, encore ensommeillée. Nous replongeons sous la couette et elle tète avec avidité. Je le mets dans son parc pendant que je prends une longue douche puis je bois mon café. Toute la journée je prépare ses repas pour le jour même, souvent avec des produits frais : courgette, pomme de terre, polenta, semoule fine, poulet cuit, petits morceaux de jambon, compotes parfumées : bananes, pommes, pêche, mangues qui cuisent doucement.

Elle attrape la cuillère et rit, en met deux fois plus sur elle que dans sa bouche.

Une fois qu’elle a mangé, je lui lave le museau en passant ma main mouillée sur son visage, sans gant, sans essuie-tout, juste ma main douce et son visage plus doux encore.

Nous parcourons le quartier avec la poussette. Je vais voir des amis ou je cherche toujours parmi les stands le meuble, le miroir, le tableau qui fera joli chez nous.

Puis vient le bain, un jour sur deux quand je suis motivée. Elle crie de joie, tape dans l’eau, joue avec le pommeau.

 

Comment conjuguer tout cela ? Il faudra abandonner sur certains points, et je ne sais pas encore lesquels. Privilégier le travail ? Privilégier le jeux ? Garder des moments tendres, entre deux courses ? Hum, tout cela me laisse songeuse, dans la quiétude de juillet qui se termine.

Mais je signe ma lettre vaillamment  et vais partir la poster.

 

 

Commentaires

1. Le lundi, 25 juillet 2011, 13:15 par clara

Comme je comprends ton état d'esprit partagé...mais tu vas voir, ça va te donner des ailes de reprendre une vie professionnelle...et quel bonheur le soir de revoir ta fille, les retrouvailles, le bain, les repas, les câlins n'en seront que plus intenses! et puis il y a les week-end, les vacances pour passer du temps ensemble...
Par contre, je trouve que tout passe tellement vite quand on reprend un rythme de travail, les mois, les années passent et les bébés deviennent des enfants et on s'étonne de ce temps si proche et si lointain des gazouillis, des nuits encore bancales, des purées, de cet amour tellement fusionnel! D'où l'envie peut-être de voir arriver des petits frères et soeurs ;)

2. Le lundi, 25 juillet 2011, 13:54 par clem

oh, crois-moi, l'équilibre va se trouver tout seul : week-end, vacances, RTT et aussi les soirées, où, même crevée, tu trouveras aussi ton compte à t'occuper d'elle. Mais je comprends : à chaque reprise de travail, c'est la même boule au ventre d'hésitation. Et puis une fois qu'on y est, tout roule, même si on est crevé! ;)

3. Le mardi, 26 juillet 2011, 06:57 par Elisabeth

Plein de courage pour cette reprise ! Tout sera une question d'équilibre et il s'établira peu à peu j'en suis sûre !

4. Le mercredi, 27 juillet 2011, 06:00 par Valérie de Haute Savoie

Comme tu as trouvé le chemin de la maternité, du maternage, de l'amour maternel, tu trouveras celui-ci. Et tu te demanderas bientôt comment tu as pu te passer de ton travail, :D

5. Le jeudi, 28 juillet 2011, 08:55 par Marloute

@Toutes : merci de vos témoignages!

6. Le vendredi, 12 août 2011, 21:33 par marion

C'est dur, quelquefois mais on y arrive et c'est tellement joyeux d'arriver à tout faire, tout être quelquefois. la vie peut être grisante et douce à la fois.