Contre moi

Je porte R dans l’écharpe.

Tous les jours nous sortons, descendons nos 4 étages, pour plusieurs heures souvent.

Pas de poussette pour l’instant, ni l’envie, ni la place d’en avoir une, malgré les presque 8 kilos de R.. Nous y penserons dans un mois, quand nous serons enfin chez nous.

Dans l’écharpe, R. regarde autour d’elle, sourit aux gens qui lui sourient, lève les yeux vers moi. De plus en plus souvent, elle tend le bras vers les choses et cherche à les attraper. Dans le métro, elle sourit plus volontiers aux messieurs qu’aux dames, mais sait toujours se faire au moins un ami. Aujourd’hui, je l’ai emmenée à ma séance de rééducation des abdominaux, après celles du périnée. La kiné m’engueule gentiment, parce que je ne me tiens pas droite. C’est vrai. Une partie de mes maux de dos viennent de ma très mauvaise posture.

Je rentre chez moi en passant par une librairie jeunesse que j’adore. Difficile de ne pas craquer pour toutes sorte de choses, mais je tiens bon. En sortant, je m’offre un bouquet de tulipes bigarrées et une petite tourte aux légumes à 3 € de chez le très bon traiteur.

 R. s’est endormie, la tête en arrière, je la redresse et tiens sa nuque dans ma paume. Je sens son artère battre contre mon doigt. Elle dort profondément malgré les bruits de la rue et le grand soleil qui illumine ses paupières marbrées de violine. Je regarde sa bouche, son exquise bouche entrouverte et voudrait tout à coup la dévorer de baisers. C’est un des principaux avantages de l’écharpe. L’enfant est à portée des lèvres et sa peau ne peut pas passer devant les miennes sans que j’y appose ici un baiser léger, et là, presque une morsure. L’odeur et la texture de sa peau de bébé me ravissent. R. se laisse faire, mais je sais que bientôt, elle aussi m’embrassera...ou pas.  

L’après-midi, j’emmène R. à la banque. Je lui ouvre un livret A. et met des sous dessus, puis j’ouvre un compte pour moi. De retour chez nous, j’écoute l’album de ce groupe, découvert grâce au blog de cette épatante jeune femme. Je continue mon tri, celui d'avant la grossesse. Malgré les ronchons de R. je trie des vêtements à donner, des magazines à jeter, des choses à déposer dans la rue pour trouver peut être preneur...

Ce soir, je me fais encore du souci pour Y., même si je suis heureuse qu’il ne soit pas au Japon. Je bois une tisane en écoutant encore et encore cette chanson si belle, Isabella.

Je lis Calvin et Hobbes en anglais. Je termine un livre de photos de Nicolas Bouvier. je lis le journal La Décroissance.

Je suis sûre qu'Y aimera lui aussi ce groupe.

Ah j'ai hâte, hâte qu'il rentre! 

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Commentaires

1. Le mercredi, 16 mars 2011, 05:29 par Valérie de Haute Savoie

Elle t'embrassera en enveloppant ton nez ou ta joue et cela te donnera des frissons d'amour :o)

2. Le mercredi, 16 mars 2011, 13:28 par

Je suis contente qu'ils te plaisent, je les aime vraiment beaucoup, et Isabella est une merveille. Je pense beaucoup à Y., j'imagine mon état si jamais mon amoureux était dans une telle situation. Ça arrivera peut-être, puisqu'il est en passe de devenir journaliste. C'est chouette que vous vous promeniez comme ça, toutes les deux. J'aime l'avoir contre moi aussi, et j'ai des élans cannibales aussi ; j'aime te lire.

3. Le mercredi, 16 mars 2011, 18:47 par Marloute

@Valérie : ouiiii!!! ca va être bien!
@ Pauline : J'espère que V. trouvera vite une place dans un média qui lui plaît, mais c'est vrai que le grand reportage n'est pas de tout repos, surtout pour ceux qui restent en arrière!