Mégère.

 

Il y a des jours comme ça.

R. hurle. Exténuée, excédée, je la pose aussi délicatement que je peux dans son couffin.

J’ai des images pleins les yeux, pleins la tête, les doigts presque fourmillants : je me vois la jeter contre un mur, la secouer, la jeter par la fenêtre. R. se tord en arrière. Elle a faim mais n’arrive pas à téter. Je sais que cette semaine, je l’emmènerais chez le pédiatre : et si c’était tout simplement un RGO douloureux ? Je suis fatiguée, envie de pleurer avec elle.

Y. est en repos depuis deux jours. Nous avons suivis des réunions de chantier, sommes allés choisir du carrelage, retournés à la médiathèque. Ma sœur est arrivée, le cœur en lambeaux après un chagrin d’amour. Elle n’a pas dormi, elle n’est pas bien. Il faut lui remonter le moral mais le mien ne va pas fort. Puis il faut faire une grosse laverie, des courses. Il y a le ménage aussi, mais je n’ose pas m’y attaquer. Quand j’évoque le sujet, Y. évite de rentrer dans la conversation. Il ne veut pas le faire si je ne le fais pas aussi. Y. ne comprend pas que je suis épuisée, que je ne peux pas le faire. Y. ne comprend pas que depuis que nous avons le bébé, je ne fasse pas autant de choses que par le passé. Plusieurs fois, j’ai essayé de lui dire, et il avait l’air de comprendre, que c’est dur pour moi de continuer à faire 50% des tâches ménagères, tout en m’occupant du bébé. Les pleurs de R. me brisent le cœur. Pas Y. Il peut la laisser pleurer. Je ne supporte pas. On s’engueule. Je me vois en train de dire des choses, des petites piques, des phrases lourdes, après des silences pesants. Je me vois devenir une mégère, une vraie, une femme tour à tour venimeuse ou dragon, et je dis ces choses juste pour le voir sortir de ses gonds. Il laisse pleurer la petite alors que je me repose ? Je débarque comme une furie. Hier, il m’a même lancé : « Quelle vie de merde ! » Et j’en aurais pleuré. Faire les courses, la laverie, vivre dans un appartement sale, avec une fille fatiguée et un bébé qui hurle, c’est sûr, Y. n’en a pas rêvé. Moi non plus. Je ne sais pas où j’en suis.

R. hurle.

J’ai envie de pleurer.

Commentaires

1. Le samedi, 19 février 2011, 22:28 par Lise

oui, c'est super dur ces moments-là. D'autant plus qu'on se jure de ne jamais tomber là-dedans.

Il existe un livre magnifique qui s'appelle "les douze manteaux de maman". Lis-le de ma part ;-)
Prends soin de toi dans cette période tellement particulière.

2. Le lundi, 21 février 2011, 05:02 par julio

Moi je suis née dans une étable aménagé ; Sous une dictature, mes parents travailler beaucoup et pourtant il n’arriver pas à nous sortir de la misère. (Et il y avait encore plus misérable que nous dans le pays) En France mon père travail dans une tuilerie dans les fours très peu d’hommes était capable de tiré les chariots des fours ! Ta petit fille va bientôt arrêtée de pleurer, elle va bientôt commencer à marchez parler à te faire rire pars ces questions et impertinences ! Courage je ne voie rien d’autre à te dire !

3. Le lundi, 21 février 2011, 08:55 par Anne

Hey ma belle.

Ton billet vient de me projeter quelques années en arrière. Il faut dire qu'aux reproches larvés (j'arrive à peine et tu me la balances dans les bras, disait-il) il y avait déjà un début de désamour qui n'avait rien à voir avec elle mais qui s'installait tranquillement.

Alors évidemment je ne te souhaite pas ça.

Mais juste une façon de bien vivre cette phase épineuse qui n'est pas que pétales de rose, bonheur extatique, etc.

Te dire quoi ? Ca passe. Et même si les débuts paraissent interminables, ça finit par passer, et on se dit "déjà".

Et puis pleurer, parfois, aussi, ça soulage.

4. Le vendredi, 11 mars 2011, 23:05 par Lyjazz

Oui, je confirme, c'est dur d'être maman. Un bb ça prend beaucoup de l'énergie de sa maman.
Alors elle doit cesser de vouloir tout faire comme avant, et savoir demander de l'aide.
Savoir dire au papa : tu n'allaites pas, tu n'est pas avec le bb toute la journée comme moi, mais en revanche tu peux faire davantage que ta part du ménage et de la laverie. Et ça m'aidera à aller mieux.
En outre, ton corps est encore très fatigué par l'épreuve de la grossesse et celle de la naissance. Il mettra environ 9 à 12 mois à retrouver ses marques d'avant.
Et tu es sous la domination des hormones de l'allaitement, qui te permettent de te sentir connectée à ton bb, d'être bien quand elle tète, et te donnent aussi une émotivité plus importante.
C'est normal. Même si personne ne te le dit.
L'idée est de te reposer quand elle se repose, de t'occuper de l'urgent et de laisser tomber le superflu. Un appart en bazar et pas très propre ça n'est pas grave. Et lorsqu'une amie vient te voir, au lieu d'amener un énième pyjama pour le bb, tu peux lui demander de passer l'aspirateur ou de préparer un plat.
D'ailleurs, en parlant de repas : je me souviens que mon petit né en hiver ne supportait pas quand je mangeais du chou fleur, il avait des coliques et hurlait. Certains aliments peuvent lui faire de l'effet, à ta petite R aussi...
Courage !
Ce qui m'aidait, c'est de me dire que mes bb avaient besoin de moi, et que leur sentiment de sécurité se construisait parce que j'étais avec eux. Et aussi de me dire que ce temps-là aura une fin. Et c'est vrai, même si, le nez dans le guidon, on ne s'en convainc pas aisément....