Du mieux

« Mais combien de temps comptez-vous allaiter encore ? »

Mon médecin traitant me regarde avec une forme d’exaspération et de compassion.

Je lui souris. J’adore cette femme. D’accord, elle n’est pas très conventionnelle, du genre à vous renvoyer chez vous si elle considère que votre maladie n’est qu’un bobo, mais elle est capable d’écouter aussi et de repérer les problèmes graves. Elle m’a soigné pendant ma dépression et là encore, je bois du petit lait en l’écoutant.

« Bhin non, justement, je compte continuer à l’allaiter, parce que figurez-vous que ce sont les seuls moments où je me sens bien, où j’ai l’impression d’être connectée à elle, de lui apporter quelque chose de bon. Et surtout, j’y prends du plaisir. Je vais vous surprendre, j’adore les tétées de nuit, quand elle est engourdie de sommeil et moi aussi. »

Elle m’écoute, fait la moue, hoche la tête.

« Bon alors dans ce cas, continuez si cela vous fait plaisir. Mais sachez que ce n’est pas facile du tout d’être maman. Des mamans fatiguées, désabusées, il y en a plus qu’on ne veut bien le voir. Je vais vous faire une confidence : pour moi, c’était tellement dur que j’ai repris le travail deux semaines avant la fin du congé maternité ! Alors vous…. en congé parental ! Surveillez vos baisses de moral. Il y a quelques situations à risques qui peuvent entraîner une dépression : un deuil, un déménagement, l’après mariage et la naissance. Des moments où paradoxalement, la pression est forte de la part de l’entourage pour vous dire : « Mais t’as tout pour être heureuse ! ». Alors surveillez et revenez me voir si besoin.

Je sors de là avec une ordonnance pour mes séances de rééducation abdominales et le moral remonté.

Cet après midi, j’ai passé du temps avec Clem, qui m’a emmené chez Babillo.

Je sais que j’y retournerais.   

 Je me sens mieux.