A l'écoute

Ce week-end, je fais un stage avec elle à l'autre bout de Paris.

Elle nous fait jouer des jeux de rôles, nous incite à nous mettre à la place des autres, de nos enfants en particulier. R. m’accompagne, sage dans l’écharpe, posée sur le solde la pièce, elle babille en regardant un grand mobile suspendu au plafond. J’aime ce que je découvre, un maternage doux et une façon inédite pour moi, élevée à grand coup de gifles, à gérer les conflits. Beaucoup de gens pleurent dans le groupe, en racontant leurs histoires, alors que presque tous ont été des enfants aimés. Mais les coups, les phrases nous laissent des trous béants dans le coeur, et ces violences se retournent contre nos enfants, qui appuient là où cela fait mal pour nous faire sortir de nos gonds et faire ressortir une histoire enfouie.

J’aime quand elle dit que les enfants sont des être parfaits.

Le soir, j’embrasse R. et l’écoute mieux, et elle s’endort d’elle-même à 21h30.

Le bonheur

Commentaires

1. Le dimanche, 30 janvier 2011, 14:45 par clem

va falloir que tu me files le contact pour chasser de moi ces démons de violence que je peux avoir aussi... heureusement j arrive encore à me tenir devant mes enfants mais qui sait...

2. Le mardi, 1 février 2011, 08:03 par Akynou

Ce que tu dis là me parle, bien sûr. Mais je ne suis pas d'accord avec elle. Les enfants ne sont pas des êtres parfaits. Et c'est normal. Ce sont des êtres en formation, pas fini, qui doivent tout apprendre, le bien comme le mal. Et c'est de notre rôle d'adulte de voir qu'ils ne maîtrisent pas le couteau qu'ils retournent parfois dans nos plaies. Nous sommes les adultes, ils sont les enfants.
C'est comme les problèmes de viols d'enfants. Oui, il y a des enfants qui aguichent. De façon parfois éhontée, surprenante, terrifiante aussi. C'est une façon d'apprendre ces potentialités-là. Ou une défense. Ou une attaque. Qu'importe. C'est à nous adultes de le savoir et de les traiter comme tels. Pas comme des adultes qui aguichent.

Dire que les enfants sont parfaits ce n'est pas nous préparer à notre rôle d'adulte, ni nous aider à le tenir. Si les enfants sont parfaits, comment faire quand ils nous montrent clairement qu'ils ne le sont pas ?

3. Le mardi, 1 février 2011, 16:05 par Marloute

C'est marrant ce que tu dis, car n'est-ce pas un comportant parfait que celui d'aguicher? Pour l'enfant, c'est un plaisir pur et c'est à l'adulte de résister! L'enfant qui nous fait péter un cablon car il fait une crise de rage au supermarché sait sur quoi il appuie et nous réagissons et le blessont de la même façon que l'on a été blessé à la même époque. Je pense que c'est ce qu'elle a cherché à nous faire comprendre et j'aime cette façon de penser!

4. Le mercredi, 2 février 2011, 00:21 par Akynou

Bien sûr que c'est à l'adulte de se contenir. Evidemment.

Enfin d'essayer. Parce que ce n'est pas toujours possible. La fatigue, le désespoir, les soucis et ce @*$%° de môme qui en plus fait tourner en bourrique, nous ne sommes que des humains et cela arrive de craquer. Et là, souvent, c'est le trop plein de culpabilité. Qui ne sert pas à grand chose sauf à se faire mal. Engueuler un gamin, le gifler, ça arrive. C'est franchement pas génial. C'est même totalement nul. Mais c'est le principe de réalité. Les parents sont des êtres humains, il leur arrive de craquer comme tous les adultes qu'ils seront amenés à rencontrer dans leur vie.

Par contre, il y a une chose qui est sûre, c'est que ce n'est pas un mode d'éducation et que la moindre des choses, c'est de s'excuser. Comme avec les adultes. Etre honnête avec l'enfant. Expliquer : "voilà, en ce moment, ça ne va pas. Alors, si toi tu t'y mets, ça va être pire. Ce n'est pas une raison pour faire ce que j'ai fait. Je t'explique juste que j'ai pas pu le retenir et pourquoi. Et je te demande de m'excuser." Dire simplement qu'on n'est pas des surhommes ou des surfemmes, c'est important. Mes filles me connaissent bien. Et quand je leur dit qu'en ce moment, il vaut mieux pas, elles ne font pas. On en cause. Tout le temps. Quand je passe les bornes, elles me le disent. Nous nous expliquons. C'est ce dialogue auquel nous devons les éduquer. Qui les mène vers la socialisation.

Mais dire que les enfants sont parfaits, non, vraiment pas. Il n'y a pas que l'enfant en relation avec ses parents. Il y a les enfants entre eux. Je les vois parfois méchants, teignousses, dictateurs, agressifs, violents. Et puis aussi sincères, aimants, etc. Mais parfait, à ça non !
Et profiter du moindre signe de faiblesse pour exercer leur pouvoir. Les cours de récréation de maternelle, de primaire, et même de crèches ne sont pas pleines de petits saints. Je me rappelle à la crèche où Lou était justement. Des gamins entre 2 et 3 ans. Mignons comme tout. Parmi eux, un mouton noir. Un gamin qui avait eu de très gros problèmes familiaux (ce que peu de gens savaient) et qui était extrêmement agressif. Eh bien les autres se débrouillaient toujours pour le faire sortir de ses gonds et pour qu'il se fasse engueuler par les ass mat, jusqu'à ce qu'elles se rendent compte du manège et y mettent le hola. Y compris avec les parents que les gamins avaient acquis à leur cause. J'ai vu des choses ignobles dans les cours de récré de primaire où pour le plaisir de certains, des enfants étaient traités comme des pestiférés : "toi, tu as le sida et plus personne te touche…" A 10 ans, c'est violent.

Quand je parle d'aguicher, j'ai des images précises dans la tête d'une gamine de 5 ans aguichant comme une "fille" un homme adulte. Je pèse mes mots. Celui-ci était suffisamment bien dans sa peau pour la remettre gentiment à sa place. Ce n'était pas du plaisir pur de sa part, c'était de la perversité pure. Un jeu malsain. Je ne dis pas que c'est de la faute de cette enfant. Et que s'il lui arrive quelque chose ce sera de sa faute aussi. Non ce sera clairement celle de l'adulte qui n'aura pas tenu compte que c'est une enfant justement. Mais dire qu'elle est parfaite non.
Ce serait comme de dire que les enfants naissent naturellement bon et que nous les pervertissons.

Il n'y a qu'à relire le livre de Goldwin, "Sa majesté des mouches" ou voir le film que Peter Brook en a tiré pour comprendre que non, ils ne sont pas parfaits. Ils sont comme nous. C'est tout. Et c'est déjà bien assez. Le monde des enfants, même petits, ce n'est pas celui des Bisounours.

Ce qui ne nous empêche pas de les aimer à corps et âme perdu. Les aimer comme ils sont, pas comme on les rêve :-) Je préfère les voir avec tous leurs défauts. Pour mieux les guider vers leurs qualités. Si j'y arrive.

Bon, j'ai fait long, excuse-moi :-)

5. Le mercredi, 2 février 2011, 08:47 par Marloute

Ouch la longue réponse!
Merci d'avoir pu préciser ta pensée.
J'ai bien compris et dans le fond je pense exactement comme toi, mais je crois que je n'ai pas réussi à faire comprendre ce que nous a dit ce jour-là l'animatrice.
En fait, retranscrire des bribes d'un stage de développement personnel n'est pas une bonne idée!
Elle nous a donné plein de techniques de "décharges" et des idées de jeux de chahuts et je sens que c'est exactement ce que je suis venue chercher!