Un épilogue qui n’en est pas.

 

Forte des vos conseils avisés, je me suis dit qu’il fallait que je revois A. J’étais prête à crever l’abcès, à comprendre, à la laisser s’exprimer…. A lui dire que moi aussi j’avais peur de la perdre, et qu’il allait simplement nous falloir du temps pour accorder nos violons.

Je l’ai donc invité pour un déjeuner à côté de son boulot. Mais finalement, c’est elle qui m’a invité, à manger chez elle.

J’étais stressée et inquiète. Qu’allait-elle dire si je ne lâchais pas R. (qui dort si bien dans l’écharpe !) allait elle me prendre pour une de ces mamans qui ne posent pas leurs enfants à terre ? Allait-elle me juger, me toiser ? Je pensais lui parler de suite, ou à la moindre allusion un peu méchante de sa part. Mais il n’en fût rien.

J’avais si peur, et j’ai toujours si peur de la perdre, que j’ai préféré ou senti, qu’il fallait ne rien dire.

Ne pas lui en parler de front.

Et je crois que j’ai bien fait.

A. était tendue aussi, mais moins que la semaine dernière. Nous avons parlé de tout et de rien, je l’ai remerciée plusieurs fois de m’avoir invité, et en retour, A. a pris la petite R. et a passé un long moment avec elle, à babiller et contempler ses premiers sourires, (dont R. n’est pas avare, fort heureusement !)

Je suis repartie soulagée : certes, je n’ai pas osé crever l’abcès, mais je crois que vos commentaires étaient tous très justes. Nul ne sait les raisons de son comportement et je saurais peut être un jour le fond de l’histoire. Je suis passée à un autre statut et surtout, il y a maintenant un petit bébé présent à toutes nos conversations. Quel changement, pas que pour moi, pour elle aussi ! D’ici à ce que j’en sache plus, il faut peut être juste un peu de temps, pour que les fantasmes de part et d’autres s’apaisent et que la vie reprenne son cours, tranquillement, et différemment…

Ps : et pour bien faire les choses, j’ai appelé mon analyste à l’instant, pour recommencer les s séances. Elle a presque bondi de joie au bout du fil en entendant mon nom. M’a dit qu’elle avait reçu mon faire-part et qu’elle était très heureuse pour moi… Dingue non ? J’entendais son petit garçon bavarder à côté et demander pourquoi il devait se taire… marrant. C’est bien la première fois en 5 ans qu’elle aligne plus de trois mots. Bref, je reprends les séances mecredi !

 

 

Commentaires

1. Le lundi, 29 novembre 2010, 21:59 par Valérie de Haute Savoie

Parce que la maternité ne transforme pas une femme, elle lui ouvre une porte vers un pays extraordinaire, mais sans pour autant lui enlever sa personnalité.
C'est aussi grâce à cela que l'enfant peut développer la sienne, sans craindre d'angoisser sa mère et
ton amie va doucement le comprendre et prendre sa place dans ce nouvel espace.
Je suis contente pour vous deux.

2. Le mardi, 30 novembre 2010, 08:57 par Anne

Je vous souhaite, que chacune retrouve une place qui lui convient dans ce trio. Et puis tu sais, assez rapidement, vous allez aussi vous retrouver à deux ! R. aura grandi, aura moins besoin de toi 24/24... et si elles commencent à babiller ensemble, peut-être même auront-elle une complicité à elles deux ?!

3. Le mardi, 30 novembre 2010, 10:57 par Arkadia

Ton amie a du réfléchir, et très certainement s'apercevoir que bien que ta vie avait changé tu n'as pas changé. Laisse le temps au temps, les choses vont se caler et s'améliorer.
Vous avez faits l'essentiel toutes les deux, ne coupez pas ce fil :)

4. Le mardi, 30 novembre 2010, 11:44 par Vic

Comme elle est adorable , la petite R , toujours discrète et gentille . Elle a tout compris , elle cherche à te plaire , ils sont merveilleux , les bébés . Rose , la petite Rose , j'ai pensé à elle , il y avait chez le marchand des flacons divers , cannelle , vanille , et un flacon " boutons de Rose " , des boutons de fleurs , raffinés , précieux ... Quel beau prénom elle a , cette petite .

5. Le mardi, 30 novembre 2010, 17:38 par Marloute

Valérie : Comme tu le dis si joliment!
Anne : je Sais que tu as raison, mais j'ai du mal à y croire. Quoi? R. ne va pas rester ce petit "bout de chou" vagissant et qui sent bon la chaleur? Elle va un jour s'éloigner? A un mois et demi, j'ai l'impression qu'elle va rester toujours ainsi, c'est étrange! Il faudrait que j'écrive un billet là dessus...
Arkadia : je crois que tu as raison!
Vic : je crois aussi que les bébés sentent ces choses-là!

6. Le mardi, 30 novembre 2010, 22:27 par Akynou

J'ai eu ce genre de réaction de la part d'une collègue, j'ai appris plus tard qu'elle ne pouvait pas avoir d'enfant. A l'époque, elle n'avait pas fait son deuil. Moi, avec ma maternité envahissante… ça lui foutait les boules. Elle ne se rendais même pas compte de son agressivité.
On ne sait pas quel est le moteur des gens. Des fois ce sont des béances bien trop importantes pour qu'ils puissent en parler. Tu as bienfait (même si elle méritaitt des baffes :-))

7. Le mercredi, 1 décembre 2010, 08:11 par Anne

Akynou, toi, tu aurais la maternité envahissante ?!! Vue de l'esprit, voyons !! :D (Mais c'est pile comme ça que je t'aime !!)