Une journée.

J’ouvre un œil à 7h30.
Me rendors.
Le réveil sonne à 8h avec les infos, je l’éteints.

J’ai dormi 10 heures.


Y., qui m’a rejoints sur le coup des 2h, gémis : il encore sommeil.
Mais il est temps d’y aller.
Deux tartines avalées, j’ajuste mon manteau pendant que l'homme que j'aime tant est encore sous la douche. Je reçois un baiser mouillé, avec en prime ses joues piquantes d’une barbe de plusieurs jours : « Bonne journée ! ».
Me voilà dans la rue.
Il ne fait pas si beau, un soleil éteint entre deux passages nuageux. Je marche vite. Dans le petit parc à deux pas du bureau, je chausse mes grandes bottes new-yorkaises. Un cantonnier s’est arrêté de travailler pour me regarder – un fétichiste de la chaussure sans doute-il me suit des yeux tandis que je m'éloigne, avec un air rêveur.
Au travail, c’est une journée de bouclage. Les bouclages dans la presse magazine mensuelle s’étalent sur la semaine, le rythme n’est donc pas vraiment soutenu. Je gère des semis urgences, et imprime un plan sur Google Maps pour découvrir l’endroit où je vais déjeuner. Le rendez vous a été pris par mail, une série, que dis-je une avalanche de mails avant de réunir trois amies anciennes de mon école de journaliste. L’une est dans un hebdo parisien de niche, l’autre en presse quotidienne régionale, après des années de piges parisiennes. Rue Montorgueil, on discute longtemps, au Foodys, où les salades sont délicieuses. Les filles me parlent de San Francisco dont elles reviennent : elles sont allées voir une troisième copine de promo en poste là-bas, et elles me donnent envie à moi aussi d’habiter quelques temps dans cette ville.
15h, je reviens à mon poste.
Il manque deux actualités, je fais du « place pour place » : la maquettiste me dit ce dont elle a besoin en encombrement et je trouve deux brèves à écrire. Les derniers articles se bouclent. J’écris le sommaire. Demain, il faudra (enfin) faire la couverture, mais je ne suis plus concernée. Je commande des piges pour le prochain numéro, je regarde ce que je dois faire. En faisant des simulations de train et d’hôtel, je calcule combien coûtera le prochain reportage que j’aimerai faire. Peanuts. Ce sera facile à négocier demain avec le chef, du moins j’espère.
J’ai tout fait.
La journée était décidément minuscule.
J’attrape mon sac, file chez moi. J’envoie quelques mails. Dans moins d’une heure, je dois être sur les Champs-Élysées. C’est la soirée de lancement du magazine auquel je collabore une fois sur deux.
A l’arrivée, le lieu m’étonne. Un des plus anciens restaurant russe de Paris, à la décoration surannée. Parfait. Au bout de quelques heures, j’ai discuté avec des journalistes, des attachées de presse, des responsables communication, deux comédienne et une jeune femme metteur en scène.
Une faune de soirée commence à arriver.
Des boas, des bas résilles, des garçons maquillés, des danseurs homos américains, une très grosse femme, extravagante et belle, au décolleté vertigineux.
L’open bar est tellement sollicité qu’il n’est plus accessible depuis longtemps et la foule continue à grossir.
Il est temps de partir.
Je marche sur les Champs. Attrape le bus 31 et me laisse bercer jusqu’au nord du 17ème.
23heures, j’arrive chez moi. 
Y. est encore sur le pont.
Il fait un reportage en direct d’un aéroport à cause du volcan islandais.
Je ne sais pas quand il viendra.
Mange un bol de céréales en écrivant cette note et m’apprête à me coucher.
C’était un bon jeudi.